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La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme

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LA PREMIÈRE IMPRESSION

La première impression est toujours la bonne, disent les femmes.

Cela leur est commode, parce qu’elles ont l’horreur d’observer. A cause de cette paresse, il faut aussi prendre bien garde à la personne qui vous présente. On est vulgaire, si l’on est présenté par un ami vulgaire, riche si l’on est présenté par un ami riche.

Être présenté à une femme à laquelle on veut plaire par une autre femme est une chose inestimable, surtout si celle-ci a dit du mal de vous car la curiosité est piquée.

Si, la première fois qu’on a vu une femme, on avait un col trop large qui donnait la sensation que votre cou était mal vissé sur vos épaules ; si parce qu’il pleuvait on avait mis un costume d’allure désuète dont le pantalon était trop court et si, pour ces raisons, la femme vous a rangé dans la catégorie des personnages ridicules, il sera vain, tous les jours de la vie qui suivront, d’avoir un col étroit à souhait, un costume qui va bien, la femme ne reviendra jamais sur sa première impression, on sera toujours ridicule pour elle, on n’aura jamais aucune chance d’être son amant.

Car la femme est comme une plaque photographique. Elle reproduit une fois une image qui n’est pas susceptible de modification. Et elle est avide d’avoir immédiatement de quelqu’un une opinion définitive et simple. Pour elle un homme est brave, avare, poétique.

Si l’on a le malheur de dire dans la conversation que l’on a l’habitude de prendre du café au lait tous les matins et que l’on ne peut s’en passer, on est un vieux garçon avec des habitudes régulières, bourgeois, pot-au-feu, et la femme a la vision confuse que vous mettez un bonnet de nuit pour dormir.

Une indication de jalousie vous fait passer pour un cruel Othello, et malgré votre indulgence naturelle, la femme voit à mille signes que vous êtes tyrannique et peut-être brutal.

De même il suffit de déclarer que l’on ne fait jamais de visites pour être considéré comme un indépendant qui brave tous les préjugés et est amoureux de sa liberté.

Cinquante centimes habilement donnés à un pauvre vous assurent pour toujours une réputation de générosité d’autant plus certaine qu’on sait que vous avez peu de fortune.

De même, si l’on a quelque avantage à passer pour très gai, il faut se hâter de plaisanter, de raconter certaines farces faites par vous ; car s’il était décrété que vous étiez un triste, une tristesse éternelle vous serait imposée pour toujours que l’hilarité de Triboulet ne pourrait compenser.

Parlez beaucoup dans la crainte d’être considéré comme silencieux. Vous pourrez vous taire à loisir quand vous aurez la réputation de parler beaucoup et bien.

Du reste l’opinion qu’on a de notre personnalité la modifie en réalité. L’on est un parfait amant si la femme qu’on aime vous juge tel.

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