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La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme

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CHOIX DU MILIEU

Il faut avec soin choisir le milieu où l’on veut chercher une maîtresse, il faut, avant de s’efforcer à plaire, se demander si l’on a quelques chances de réussir.

Il y a une foule de gens désagréables, antipathiques, qui nous donnent, quand nous les rencontrons sans les connaître encore, d’indubitables marques de dédain et qui deviennent charmants, amicaux, dès que nous entrons en relations avec eux et que nous pénétrons dans leur intimité. De même pour les femmes, nous sommes impressionnés par toute une catégorie d’orgueilleuses qui passent sans voir dans la rue, qui font à peine, quand on leur est présenté, une légère inclinaison de tête et qui ne tendent pas la main, même à des gens qu’elles connaissent beaucoup.

Ces orgueilleuses ne sont la plupart du temps que des timides. Elles aspirent ardemment à se débarrasser de ce lourd fardeau qu’est la gêne que des personnes inconnues leur inspirent. Comme d’une armure, elles se sont revêtues d’une fierté apparente. Elles ne peuvent pas relever la tête, à cause de leur casque de mépris ; comme des coups d’épée elles lancent des regards superbes. Mais elles voudraient bien déposer les armes, ne plus combattre, faire la paix. Il suffit quelquefois pour les y inciter d’une parole familière. Et quand ces terribles guerriers ont ôté leur vêtement artificiel, ils deviennent les plus dociles des esclaves.

Il faut se méfier des femmes qui ont un caractère enfantin, qui sont puériles, affectent de ne rien savoir, rient de tout et ont conservé comme un souvenir, mais pour s’en amuser de temps en temps encore, disent-elles, les poupées de leur enfance.

Les juives sont les maîtresses des seuls juifs. Un chrétien n’en peut attendre que désagréments et hostilités.

Les femmes de café-concert sont les maîtresses de chanteurs comiques. Les ouvrières ont les employés de magasin et les femmes qu’on trouve à minuit dans les cafés de Montmartre ou du quartier latin ont des hommes qui sont à la même heure dans des bars avoisinants.

Une Anglaise élevée en Angleterre ne peut pas aimer un jeune homme qui arrive de province et qui a été élevé en province. Mais il n’en est pas de même pour une Russe, surtout si elle est, ou dit être, nihiliste.

Mon ami le sculpteur M… avait à plusieurs reprises, rencontré des femmes du plus grand monde cherchant fortune à Bullier et au Moulin Rouge. Il décrivait même complaisamment les splendides hôtels où ces femmes du monde avaient eu l’imprudence de l’amener.

Il faut absolument renoncer à jouir d’une pareille faveur.

On ne doit même pas regarder les femmes qui tiennent un commerce, les gérantes qui siègent derrière un comptoir, et cela pour plusieurs raisons. Étant exposées à la vue, elles sont accoutumées à recevoir des lettres et des sollicitations. Étant occupées tout le jour, elles n’ont pas le temps d’aller à un rendez-vous. Enfin pour les voir et montrer son amour on est obligé d’acheter une certaine quantité des objets qu’elles vendent et qu’on ne peut, la plupart du temps, employer. L’inconvénient est naturellement d’autant plus grand que les objets sont plus coûteux et de dimension considérable.

Les femmes mariées exercent souvent à tort un grand prestige sur beaucoup de jeunes gens. Un des plus grands inconvénients de leur amour est d’être obligé de grimacer et de zézayer pour parler à leur enfant en bas âge. Cet enfant ne manque jamais de montrer une inexplicable antipathie pour l’amant de sa mère. Il mange vos bonbons, vous frappe à la dérobée avec une petite pelle en bois et pousse la malice jusqu’à ne pas se moucher quand on est absolument forcé de l’embrasser. Il faut louer perpétuellement son intelligence et c’est déjà bien beau si l’on n’est pas obligé de composer une petite poésie en son honneur, le jour de sa fête.

Les jeunes filles sont infiniment mieux disposées à l’amour qu’on ne le croit généralement. Le seul danger est l’importance qu’elles y attachent.

La demi-vierge est une création de l’esprit, une entité. Il n’y en a pas.

Pour un jeune homme qui s’adonne à un art quelconque, le milieu le plus favorable à Paris est une petite bourgeoisie aisée, amoureuse de théâtre, où il y a beaucoup de femmes divorcées et vivant seules, où les artistes qui ont une notoriété même modeste sont reçus et honorés, où l’on joue encore de temps en temps aux charades et où il suffit de dire qu’on a, la veille, fumé de l’opium avec des officiers de marine pour être entouré d’une auréole d’exotisme et de rêve.

Cette petite bourgeoisie est très nombreuse. Elle fait peu parler d’elle, elle est ignorée, elle est le cadre du bonheur. Les femmes y ont cet élément indispensable de l’amour : l’oisiveté.

Les jeunes filles y sont libres ; elles vont à des cours de dessin, à des conférences de la Sorbonne ; elles visitent les musées.

On y est souvent invité à dîner à la fortune du pot et le repas est plein de bonhomie et d’amitié.

C’est là que l’on souffre le plus de tromper, soit des parents, soit un mari. Mais le bonheur est toujours proportionné au remords.

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