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La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme

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LA CONFIANCE EN SOI

La confiance en soi est comme l’inspiration du poète. C’est le don d’une matinée où l’on s’éveille de bonne humeur après avoir bien dormi.

L’on songe immédiatement que l’on a, en somme, une situation importante que beaucoup de gens doivent envier, que l’on se porte bien, que l’on a un physique suffisant et une intelligence plus grande que celle de tous les gens que l’on connaît.

L’on sort dans la rue et l’on remarque tout de suite et sans étonnement que les femmes qui passent vous regardent avec sympathie.

L’on peut avec la presque certitude de la victoire se livrer à des démarches qui seraient à tout autre moment prématurées ou dangereuses.

Il n’est pas essentiel ce jour-là d’avoir mis le costume qui va le mieux, ni même d’être rasé de frais. La confiance en soi supplée à ces apprêts qui ne sont absolument nécessaires que les jours où manque la confiance en soi.

Le magnétisme des regards, prélude des liaisons qui s’ébauchent dans les omnibus, le métropolitain ou dans la rue, n’est pas inutile, malgré le ridicule qui s’y attache, s’il est accompagné d’une grande confiance. Par les yeux se transmettent les désirs sensuels et ces désirs sont contagieux. Mais il ne faut pas alors qu’un battement de paupière trop rapide trahisse une hésitation, une faiblesse.

Avec la confiance, on peut aborder dans la rue plus de femmes distinguées qu’on ne croit d’ordinaire. Mais il faut, quand on pose ces questions banales, quand on émet ces généralités vaines qui sont les habituelles entrées en matière, ne pas avoir dans la voix le plus léger frémissement qui pourrait faire croire à une crainte.

De même lorsque l’on dit à une femme : « Voulez-vous faire avec moi un tour en fiacre ? », il ne faut pas rougir comme si l’on proposait d’accomplir une mauvaise action.

Une femme qui accepte de s’isoler dans ce petit cube de bois à toujours l’arrière-pensée d’être embrassée.

Il faut dire au cocher : « A l’heure ! » avec beaucoup d’autorité et le regarder d’un regard sévère, afin qu’il ne mâchonne pas des paroles plaisantes sur « les amoureux » ou qu’il ne se mette pas à rire solitairement en fouettant son cheval.

Baisser les stores est une formalité qu’il faut éviter. Celui qui a confiance ne craint ni d’être vu, ni de compromettre, il est emporté par sa passion et l’absence de toute réflexion est un signe d’assurance irrésistible. Beaucoup de femmes croient du reste vaguement que lorsque les stores d’un fiacre sont baissés, les agents de police ont le droit d’intervenir pour voir ce qui se passe derrière et cette pensée diminue leur liberté d’action.

Il faut beaucoup oser.

Que de femmes à l’allure fière, aux paupières baissées, qui espèrent ardemment des gestes audacieux sans que rien dans leur attitude puisse trahir cette espérance !

Il n’y a pas de geste inconvenant, de brusque proposition qui ne soient pardonnés, quand ils sont attribués à un irrésistible amour.

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