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La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme

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FACILITÉ DES FEMMES

Il est difficile d’avoir beaucoup de femmes parce qu’on croit que c’est difficile. Mais cette difficulté tombe si on est persuadé qu’elle n’existe pas.

L’homme exerce une profession, il est avocat, comédien. Il peint, il écrit des vers, il pense à autre chose qu’à l’amour. Mais la femme ne peint qu’elle-même, ne travaille qu’au poème de son corps ; son art suprême est de se donner avec le plus d’agrément possible. C’est là l’unique but de sa vie. Elle a donc pour se donner plus de facilité que l’homme pour la désirer.

Il n’est point de robe insoulevable. La femme la plus vertueuse se dévêt ou se dévêtira pour quelqu’un. On peut être celui-là.

Les obstacles moraux doivent être considérés comme médiocres. Je veux dire qu’il ne faut pas tenir un compte exagéré de l’idée de devoir qu’une femme mariée, par exemple, prétend avoir en elle. La nature a préparé les souffles irrésistibles du soir, les langueurs du printemps, les mouvements des nerfs, les vertiges que donne l’excès du repos pour triompher d’une morale conventionnelle.

Une seule seconde où les poignets sont brûlants, où la tête bourdonne, où la femme éprouve le besoin impérieux de n’être plus qu’un jouet, un docile instrument de plaisir aux bras d’un homme, a plus d’importance que vingt années de résolutions vertueuses.

Les femmes sont faciles. Il ne faut pas se dire sottement : « Même si cette femme y consentait, où et comment pourrait-elle être ma maîtresse ? Sa vie est régulière. Comment échapperait-elle à la surveillance de son mari, de sa petite fille, de sa bonne, de ses relations ? »

Absurde question que l’on se pose trop souvent ! La femme la plus délicate, celle qui a les sentiments les plus élevés, est capable d’une grossière audace, d’un geste dont la volupté compense la vulgarité pour réaliser un dessein que ses sens ont formé, souvent à son insu.


Dans la petite ville de V… il était matériellement impossible à une femme mariée de tromper son mari. J’avais alors seize ans et madame de M… représentait pour moi un idéal de femme élégante, aristocratique et inaccessible. Je riais à la fois et m’indignais d’un certain Bergis, petit employé sans charme physique et assez timide, qui prétendait recevoir des œillades favorables de madame de M… et avoir obtenu des pressions de mains significatives et des paroles encourageantes, les deux ou trois fois où, à l’occasion d’une kermesse ou d’une rencontre à la gare, il avait eu l’occasion de lui parler. Cela durait depuis un an et n’avançait nullement.

Je le rencontrai un soir, suffoqué par l’ivresse, la terreur et l’amour. Son trouble n’était pas simulé.

Il me raconta qu’il était allé pour la première fois chez madame de M… faire une commission à son mari de la part du percepteur. Le mari étant absent, on l’avait conduit dans le jardin où madame de M… était assise. Après quelques minutes de conversation, sans qu’il ait rien fait pour cela, il avait eu madame de M… sur le banc où ils se trouvaient. Il faisait encore jour et l’on pouvait les apercevoir. La bonne était tout près de là et l’on entendait sa voix. Mais madame de M… avait oublié le monde extérieur. Et seuls, ceux qui en ont fait l’expérience peuvent savoir quelle initiative, quelle bonne volonté, doit avoir une femme qui se donne pour la première fois à quelqu’un, sur un banc et sans autre préparation.

Cette histoire, il m’en souvient, fut pour ma jeune âme une désillusion, quand, au contraire, elle aurait dû être un encouragement.

Les femmes sont faciles. Voilà bien ce qu’il faut se dire sans cesse. Quand nous voyons marcher devant nous une femme jolie, avec un mouvement voluptueux de hanches, nous songeons :

« Je voudrais bien passer la nuit avec elle. »

Les femmes les plus respectables font exactement les mêmes réflexions. La seule différence est que nous tenons de tels propos même quand nous n’avons aucune envie de réaliser notre souhait tandis qu’elles, ne disent rien, même si elles en ont une envie folle.

Dans nos conversations entre hommes, nous parlons des femmes avec grossièreté, nous plaisantons, nous donnons des détails physiques et nous parlons ainsi, même quand il s’agit d’une maîtresse tendrement chérie.

Les femmes, entre elles, sont peut-être plus réservées. Mais leur pensée est infiniment plus audacieuse et impudique que la nôtre. Elles vont plus loin que nous dans le domaine de la curiosité. Il est aisé de s’en rendre compte en observant à quelle hauteur se pose de préférence le regard de beaucoup de femmes curieuses quand elles sont en présence d’un homme.

L’amour avec ses exigences physiques est à leurs yeux une chose plus légitime, plus normale que pour nous, parce qu’elles l’entourent de moins de complications. Elles pensent sans cesse à se donner, elles sont faciles par nature.

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