La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme
MÉTHODE DU VIOL
On voit dans les journaux que des êtres instinctifs et grossiers renversent des femmes sur des chemins déserts et parfois les mettent à mort. Ces tentatives criminelles inspirent évidemment l’horreur. Mais comment se défendre d’une certaine admiration en songeant que ces personnages aux nerfs peu délicats accomplissent l’amour en quelques secondes, sans les défaillances habituelles aux imaginatifs ?
Jadis, j’entendais un certain R…, qui depuis trois ans était aimé follement par une toute jeune personne au visage ingénu, dire qu’il n’avait obtenu cet amour que parce qu’il avait pris de force cette maîtresse. Il racontait qu’il l’avait fait venir dans sa chambre d’une façon d’autant plus aisée qu’il avait été jusqu’alors poli et respectueux à son égard. Il s’était alors jeté brusquement sur elle. Une lutte s’était engagée qui ne s’était terminée qu’au bout d’une heure de temps par sa victoire que je n’ai jamais pu m’expliquer.
Il y a, en effet, des femmes qui aiment la sensation de voir un être charmant, raisonnable et doux se transformer brusquement en un inconscient sauvage qui les brutalise. Mais l’on ne peut pas jouer le personnage du sauvage. Il faut l’être réellement. Qu’arriverait-il et de quelle confusion ne serait-on pas saisi si l’on faisait tous les gestes du viol et si, à la dernière minute, au moment où la victime se résigne avec curiosité, on n’avait ni l’autorité ni l’absence d’émotion indispensables ?
Ces battements du cœur, ces tremblements, cette fébrilité qu’occasionne une étrange faiblesse, peuvent être à la rigueur excusés par une femme qui a l’habitude de l’amour, si on les met sur le compte d’un excès de désir, d’une immense tendresse. Ils couvriront d’un juste ridicule celui qui aura voulu se parer du prestige de la brutalité et qui n’aura pu en donner les bienfaits.