La conquête des femmes: Conseils à un jeune homme
MÉTHODE DE LA PUISSANCE D’ATTRACTION
J’allai voir un jour mon ami B… C’était un garçon fin, intelligent, mais timide et n’ayant pas de confiance en lui. Appelé par sa situation dans le monde et ses facultés à jouer un rôle important, il avait laissé sa volonté se désagréger et était considéré par tous comme un incapable. Il était trop riche et il avait trop de parents. Étant de beaucoup le plus intelligent de sa famille, une ligue occulte s’était formée parmi ces parents pour déclarer qu’il était stupide. Il l’avait cru, ou il avait laissé croire qu’il le croyait.
Mais à cause de sa réputation une jeune fille qu’il aimait et qu’il avait demandée en mariage avait refusé de l’épouser.
J’aimais beaucoup B… pour sa vision comique de la vie qui est la revanche de tous les faibles. Nous parlâmes de mademoiselle X… et des déceptions qu’elle lui avait causées. Je pensais qu’il avait renoncé à tout espoir et j’essayai doucement de la déprécier, pensant le consoler un peu.
Mais il protesta vivement. Il me déclara que rien n’était perdu pour lui et que, malgré le refus formel de mademoiselle X… et de ses parents, il n’avait jamais été en aussi bonne posture. Je lui en demandai l’explication et ce qu’il comptait faire pour que ses projets réussissent.
— J’ai fait une grande découverte, me dit-il, qui me permettra d’être aimé. L’amour est une attraction s’exerçant entre deux êtres. Chacun de nous possède une certaine puissance d’attraction. Il faut pour être aimé développer en soi sa puissance d’attraction et le moyen de la dégager. C’est ce que je fais en ce moment.
— Avez-vous obtenu quelque résultat ? lui demandai-je.
— Aucun, pour l’instant, s’écria-t-il. Je n’ai plus revu mademoiselle X… C’est dans la solitude et par l’effort de la volonté que la puissance d’attraction se développe. Je ne sors plus de ma chambre. Il viendra un moment où je serai aimé de mademoiselle X… sans que je l’aie revue. Je ris de mon ami Paul U… qui fait la cour à mademoiselle X… et qui se donne pour lui plaire un mal infini. Il croit avoir des avantages sur moi parce qu’il a une importante situation à la banque de son oncle, parce qu’il est agréé de la famille, parce qu’il joue au tennis avec mademoiselle X… et qu’il flirte avec elle dans les bals où ils se rencontrent régulièrement.
— Cependant il me semble, hasardai-je timidement…
— Non, non ! reprit B…, je triompherai de Paul U… avec une certitude d’autant plus grande que je ferai moins de démarches. C’est le résultat d’un calcul, c’est mathématique. Ma cousine m’a, l’autre jour, invité à un thé où je pouvais rencontrer mademoiselle X… Je n’ai eu garde d’accepter !
— Pourtant.
— Cela m’aurait détourné de développer ma puissance d’attraction. C’est seul, entre ces quatre murs, que je dois décider de ma victoire.
J’appris à quelque temps de là que mademoiselle X… venait d’épouser Paul U… Mon ami B… n’avait-il pas suivi point par point sa méthode ? Ou le fait d’être dans une banque, d’avoir l’estime des parents, d’être habile au tennis, vaut-il mieux pour conquérir une jeune fille que la plus grande puissance d’attraction ? Je laisse au lecteur le soin de le décider.