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Œuvres complètes de Mathurin Regnier: accompagnées d'une notice biographique et bibliographique, de variantes, de notes, d'un glossaire et d'un index

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AVERTISSEMENT.

Le plan de cette nouvelle édition ne diffère pas de celui qui a été adopté pour le Regnier de la Petite bibliothèque littéraire. Les poésies publiées du vivant de l’auteur & les œuvres posthumes forment logiquement deux parties distinctes. Pour la première, l’édition de 1613 doit servir de cadre. Bien qu’elle offre de mauvaises variantes, d’inexplicables lacunes & une pièce d’une authenticité douteuse, elle a été donnée par un ami de Regnier immédiatement après la mort du poëte, & elle contient des morceaux qui lui assurent une importance exceptionnelle.

Pour l’établissement du texte, on se sert habituellement aussi de l’édition de 1613, en corrigeant les fautes à l’aide des éditions antérieures. Ce procédé laisse subsister beaucoup d’imperfections de détail. Il a semblé préférable de reproduire dans leur intégrité les satires de Regnier, telles qu’elles ont paru pour la première fois, sauf à relever exactement dans les notes les variantes les plus caractéristiques. Cette méthode a produit de bons résultats & il suffira d’un exemple pour en justifier l’adoption. Ainsi le vers,

Que sans robe il a veu la matiere premiere,

devenu, par une méprise de l’éditeur de 1613,

Qu’en son globe il a veu la matiere premiere,

reprend dans le texte de Regnier la place qui lui doit être rendue, & une variante obscure, trop longtemps substituée à la leçon originale, rentre dans les notes où elle vient s’ajouter aux errata de 1613.

Les pièces qui font suite au Discours au Roy ont été publiées du vivant de Regnier. Elles ont paru dans deux recueils très-différents : les Muses gaillardes (1609), & le Temple d’Apollon (1611). Les premières sont demeurées anonymes jusqu’à la publication du Cabinet satyrique (1618), & les autres portent la signature de Regnier. Il était donc convenable de les rattacher dans leur forme primitive à l’œuvre principale du poëte.

La deuxième partie des poésies de Regnier a été constituée à l’aide des pièces empruntées aux éditions des Elzeviers (1652), de Brossette (1729) & de Viollet-le-Duc (1822). Les épigrammes qui suivent ont été tirées, soit d’Anthologies satiriques des premières années du XVIIe siècle, soit des manuscrits de l’Arsenal & de la Bibliothèque Richelieu. Comme on le voit ici, l’ordre des pièces est donné par la date d’accession à l’œuvre de Regnier, & non par la date de la pièce même. Ce dernier mode de classement aurait eu pour effet de placer des épigrammes sans importance avant des poëmes d’une incontestable valeur.

On remarquera toutefois qu’en tête des morceaux dus aux Elzeviers, figure le dialogue de Cloris & Phylis. Une particularité notable a imposé ce changement dans la disposition des pièces originales tirées de l’édition de 1652. L’Idylle dramatique dont il s’agit a été imprimée en 1619, dans le Cabinet des Muses, & c’est de ce recueil qu’elle est passée avec des altérations bizarres dans la coquette réimpression des Elzeviers. Suivant l’esprit de restitution du texte, qui est le principe de nos éditions, nous avons reproduit le dialogue de Cloris & Phylis, d’après le Cabinet des Muses & signalé en notes les infidélités, on peut dire les travestissements & les interversions imputables aux Elzeviers.

Les recherches entreprises au sujet de Regnier & de ses poésies ont conduit à des éclaircissements classés d’après leur objet dans la notice, les variantes ou le glossaire, qui accompagnent l’œuvre du poëte. Nous avons été ainsi amené à reconnaître que certaines particularités de la vie de Regnier devaient être rectifiées. Pareillement, nous avons constaté que les interpolations reprochées aux Elzeviers ne devaient pas leur être attribuées[1]. Enfin, nous avons cherché l’explication de certains mots de la langue de Regnier dans les auteurs de son temps, & quand nos investigations ont donné tort à notre premier travail, nous avons résolûment sacrifié le fruit d’expériences reconnues insuffisantes[2].

[1] Voir la Sat. de l’Impuissance & les notes p. 269.

[2] Voir le Gloss., vo Mouvant.

C’est seulement à ce prix qu’une édition peut être accueillie : ni la rareté d’un livre, ni les premiers soins dont il porte la preuve, ne sauraient justifier une réimpression sans perfectionnement. Dans cette voie, qui nous paraît toujours ouverte, nous avons été généreusement soutenu ; & parmi les érudits qui nous ont fait de précieuses communications, nous devons signaler MM. L. Merlet, Ad. Lecocq, Tricotel & Tamizey de Larroque. Nous sommes enfin particulièrement obligé à M. Cherrier, qui a mis à notre disposition son admirable musée de l’édition de Regnier, & à M. Royer, notre ami & l’infatigable compagnon de tous nos travaux.

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