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Œuvres complètes de Mathurin Regnier: accompagnées d'une notice biographique et bibliographique, de variantes, de notes, d'un glossaire et d'un index

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GLOSSAIRE.

Abolitions, 38. — Les abolitions, ou plus exactement les lettres d’abolitions, sont des lettres du prince obtenues en grande chancellerie, par lesquelles il abolit & efface un crime qui, de sa nature, n’est pas rémissible, & par la plénitude de sa puissance en remet la peine portée par la loi, de manière qu’il ne reste aucun examen à faire touchant les circonstances du crime. (Ferrière, Dict. de droit.)

Acort, 25. — Discret, avisé, circumspect, foreseing, of good spirit. (Cotgrave.)

Il faut se taire acort, ou parler faucement.

(Sat. III.)

Les auditeurs iugeans en eux-mêmes que ce prédicateur deuoit estre quelque homme d’esprit & accort.

(Bouchet, Seree XXXIV.)

Accostable, 82. — Propre, convenable, fit. (Cotgrave.)

Adulteriser, 43. — Dénaturer, transformer.

Voilà comme à present chacun l’adulterise.

(S. V.)

Comp. Rabelais, I, 24. — Visitoient les boutiques des drogueurs, consideroient les fruits, racines, ensemble aussi comment on les adulteroit.

Affoler, 15. — Tourmenter, navrer, blesser, souiller, profaner.

La pauureté comme moy les affolle.

(S. V.)

Ah, le brigand, il m’a tout affolée.

(La Fontaine, Le Diab. de Pap.)

Montaigne a dit :

Et leur sembloit que c’estoit affoler les mysteres de Venus, que de les oster du retiré sacraire de son temple. (Essais, II, 12).

Aguets, 10. — Embûches.

Que l’innocent ne tombe aux aguets du meschant.

(S. I.)

Ains, 57, 108, mais ; Ains que, 241, avant que.

Digne non de risee ains de compassion,

(S. VII.)

Ains que Phebus eust pris naissance.

(Append.)

Alourder, 18. — Accabler.

Vous alourdent de vers, d’alaigresse vous priuent.

(S. II.)

Amenuisé, 14. — Exténué, épuisé.

Le corps amenuisé.

(S. II.)

Conf. :

I’amenuise mon cœur d’vne poison amere.

(Baïf, Amours, 1573, fo 77.)

Anguillade, 63. — Coups de lanières faites de peau d’anguille.

M’eust donné l’anguillade & puis m’eust laissé là.

(S. VIII.)

Le patissier luy bailla l’anguillade si bien que sa peau n’eust rien vallu à faire cornemuse.

(Rabelais, II, 30.)

Appendre, 61. — Consacrer, offrir en ex-voto.

Au dieu de la bataille apendoit les escus.

(Disc. au Roy.)

Ie Berger plein de vitesse,
Par humblesse
Aux dieux cheurepieds, i’appens
Ceste despouille conquise.

(Ronsard, Voyage d’Hercueil.)

Ardez, 91. — Syncope de Agardez, voyez.

Ardez le beau museau.

(Molière, Le Dépit am., IV, 4.)

Armet, 89. — Tête, proprement armure de tête.

Quand l’humeur ou le vin luy barbouillent l’armet.

(S. XI.)

On disait morion dans le même sens.

Et tant plus voyoient les beaux peres honteux & baisser leur morion, de peur d’estre cogneus.

(Comptes du Monde Adv., 1595, p. 81.)

Arrasser, 152, arser, 59, 89. — Dresser, lever.

Faire arser son épée, porter l’épée en verrouil.

En vain d’arrasser il essaie.

(La C. P.)

Arroy, 80, 201. — Equipage. Le sens primitif est charrue, train.

Arsenac, 201. — Arsenal.

La porte Saint-Victor vis-à-vis de l’arsenac. (Malherbe, Lettres à Peiresc, 20 janv. 1608.)

V. les Observations de Ménage sur la langue françoise, Paris, 1672, p. 20.

Asseurement, 40. — Avec assurance.

L’enfant…
Qui marque asseurement la terre de ses pas.

(S. V.)

Assiner, 123. — Assigner, ajourner.

I’assine l’enuieux cent ans apres la vie.

(S. XV.)

Atours, 108. — Parures. Atour au singulier signifiait chaperon.

Madame se mit en cotte simple & print son atour de nuit.

(Louis XI, Nouv. 39.)

Ie la vois de maint diamant
Et de maint rubiz atournée.

(O. de Magny, Épithalame de Jean Flehard.)

Attenter, 12. — Tendre avec effort vers.

Attenter par ta gloire à l’immortalité.

(S. I.)

Attifet, 94. — Parure, ornement de tête, de tifer par Attifer, le seul mot qui nous reste.

Autentique, 77. — Scellé de rouge comme une charte revêtue du grand sceau de cire rouge.

Et iugé ce lourdaut à son nez autentique.

(S. X.)

La cire verte était employée pour tous les arrêts, la cire jaune pour les expéditions. Enfin la cire blanche était réservée pour la chancellerie de l’ordre du Saint-Esprit.

Avaler, 159. — Descendre, tomber, aussi bien que boire ou manger avidement.

Ses cheueux… sur son dos auallez.

(Disc. au Roy.)

Si ie montois aussi bien comme i’avalle.

(Rabelais, I, 5.)

Vn propos avalé, est un propos dit en pinçant les lèvres avec affectation, comme si l’on retenait (avalait) ses paroles.

Avancer (S’), 16, 32, 33. — S’élever au-dessus d’autrui.

Et sans estre auancé ie demeure contant.

(S. II.)

… Et si ton oncle a sçeu
S’auancer par cet art.

(S. IV.)

Encor seroit ce peu, si sans estre auancé.

(Ibid.)

Bander (Se), 23. — S’efforcer, se révolter.

Qui voudroit se bander contre vne loy si forte.

(S. III.)

Barbe (Faire barbe de paille), 48. — Expression vicieuse née de la confusion d’une locution : faire la barbe, avec une autre : faire garbe de paille (H. Estienne, Precell. du Lang. franç.) ; faire garbe de paille, c’est proprement payer à l’Eglise, en gerbes de paille, la redevance due en gerbes de blé.

Que veut dire… quand elle dit : il ne faut point faire à Dieu barbe de feurre ; en lieu qu’on deuroit dire : il ne faut point faire à Dieu gerbe de feurre, ou de fourre.

(Bouchet, Seree XXXV.)

Barisel, 48. — Lictorum præfectus (Hornkens), capitaine des sbires, de l’italien barigello.

Barragouin, 123. — Langage étranger, plus particulièrement breton.

Il fault feuilleter sans distinction, toutes sortes d’auteurs & vieils & nouueaux, & barragouins & françoys, pour y apprendre les choses de quoy diuersement ils traitent.

(Montaigne, Essais, II, 10.)

Quand nous voulons dire qu’vn homme parle mal, nous l’appelons Barragoüin, qui est autant à dire comme si nous disions, il parle breton, car barra en breton, c’est-à-dire du pain, & goüin du vin : tellement que ceux qui parlent ainsi : appellans du pain barra & goüin du vin, nous disons, qu’ils sont Barragoüins, c’est-à-dire qu’ils parlent fort mal.

(G. Bouchet, Seree XXXV.)

Baye (Repaître de), 123. — Donner de vaines espérances, proprement faire bayer, baisler, beer, du bas latin badare.

Les gentilz hommes de Beauce desieunent de baisler & s’en trouuent fort bien.

(Rab., I, 16.)

Bleu (Cordon), 111. — Chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. La croix du petit ordre se portait avec un ruban bleu.

L’argent d’vn cordon bleu n’est pas d’autres façons
Que celuy d’vn fripier ou d’vn aide à maçons.

(S. XIII.)

Bonadies, 25. — Bonjour.

Pour cent bonadies s’arrester en la ruë.

(S. III.)

Bonneter, 63. — Tirer le bonnet, saluer.

Apres ces Messieurs bonneter.

(S. VIII.)

Bonneter tout vn iour vn financier superbe.

(Auvray, Banquet des muses, 1628, p. 154.)

Bord (A), 52. — A terre.

Bouchon, 34, 94. — Botte de verdure servant d’enseigne aux cabarets ; brassée de paille pour la litière des animaux.

Font vn bouchon à vin du laurier du Parnasse.

(S. IV.)

Qu’en bouchons tortillez elle auoit sous le bras.

(S. XI.)

Bourrier, 213. — Flocon, duvet, de bourre (Cotg.). Ce mot a servi de sous-titre à un recueil de poésies : Les Muses incognues ou la seille aux bourriers, pleine de desirs & imaginations d’amours (Rouen, Iean-Petit, 1604), où l’on trouve des vers de Beroalde de Verville, de Motin & un portrait satirique de Rabelais.

Brider, 24. — Porter la moustache droite ou relevée sur les joues.

Qu’on bride sa moustache.

(S. III.)

Bruire, 11. — Pris activement.

Où tout le monde entier ne bruit que tes proiets.

(S. I.)

Bruit, 19. — Dire, propos.

Contraire en iugement au commun bruit de tous.

(S. II.)

Caban, 80. — Gabardine, or cloake of felt (Cotgrave). Manteau de feutre dont le tissu est fait de bourre de laine & de poils d’animaux.

Cabinet, 19. — Bahut rempli de petits tiroirs sur lesquels se fermait une porte à deux battants. Dans ce meuble, d’une ornementation habituellement très-recherchée, on enfermait les ouvrages graveleux aussi bien que les objets de prix.

Ie m’ennuie que mes Essais seruent les dames de meuble commun seulement, de meuble de sale. Ce chapitre me fera du cabinet.

(Montaigne, Essais, III, 5, sur des vers de Virgile.)

Cabinet avait aussi le sens de privé, retrait. C’est sur cette double signification qu’Alceste joue, lorsqu’il dit :

Franchement ils sont bons à mettre au cabinet.

Cachots, 7. — Retraites.

Les bestes sauuages laissent leurs cauernes & cachots.

(Ambroise Paré, XXIV, 6.)

Calamite, 222. — Aimant, magnes. (Nicot.)

Voyez à la calamite de vostre boussole. (Rab., IV, 16.)

Carousse (Faire), 19. — To quaffe, carousse. Faire beuverie, de l’allemand : Gar aus, tout vide. (H. Estienne, Dial. du nouv. lang. franc., Envers, 1579, p. 42.)

Ils font iournellement carousse auec les dieux.

(S. II.)

Trinquer, voire, carous & alluz.

(Rab., IV, Prol.)

Gar aus & all aus ont en allemand la même signification : tout hors le verre.

Cervelle (En), 26, 83. — En souci, en peine. Ce mot a été très-torturé. Brossette veut qu’il signifie : de mauvaise humeur ; M. Lacour lui donne le sens d’imaginairement.

Mais pour dire le vray ie n’en ay la ceruelle.

(S. III.)

… Où l’esclanche en ceruelle.

(S. X.)

Chaire, 82.

Chaire est conforme à l’étymologie. Chaise est un reste du zezaiement à la mode dont Marot (V. le biau fiz de Pazi) nous a laissé un exemple ainsi que Lasphrise dans son sonnet :

Hé ! mé, mé, bine-moy, bine-moy, ma pouponne.

(Édon Blanchemain, Turin, 1870, p. 325.)

Chalan, 83. — Gros pain venant par les bateaux chalands de Corbeil & de Villeneuve-Saint-Georges. (Furetière.)

Chartis, 121. — Hangar.

Chauvir de l’oreille, 61. — Baisser, remuer les oreilles.

To clape downe the eares, as an horse, or asse doth.

(Cotgrave.)

Chacun ne se plaist pas à attendre dix ans pour vn baiser, mesmes d’vne qui en derriere chauuist des oreilles.

(Du Fail, Propos rustiques, 14.)

Chauuent des oreilles comme Asnes de Arcadie au chant des musiciens.

(Rab., III, Prol.)

Chere, 15. — Visage.

Belle chere & cueur arrière, dit un vieux proverbe français rapporté par H. Estienne (Precell. du Lang. fr.).

… A qui mesme la mère
Pour ne se descouurir fait plus mauuaise chère.

(S. II.)

Chevre (Prendre la), 112. — Prendre de l’humeur. Cette expression est restée longtemps en usage dans notre langue.

C’est prendre la chevre vn peu bien viste aussi.

(Molière, Sgan., XII.)

Les Italiens disent encore en ce sens : Pigliar la monna, prendre la guenon.

Chiffler, 81. — Siffler. To Whistle. (Cotgrave.)

On a dit de même longtemps capuchins pour capucins. (Voir Ménage, Observations sur la langue fr., p. 458, édit. cit.)

Chopper, 53. — Heurter du pied, faire un faux pas.

Cicatrisé, 15. — Portant des traces de recousures, comme les blessures ou les plaies refermées.

Si mon habit par tout cicatrisé.

(S. II.)

Cinq pas, 42. — Danse fort en vogue au XVIe siècle, & décrite par Antoine Arena dans son poëme macaronique adressé ad suos compagnones studiantes, qui sunt de persona friantes bassas dansas in galanti stylo bisognatas.

Voici d’après l’édition de Lyon (1601, in-8o de 78 p., tit. comp.) la description d’Arena :

… Passus fiunt ordine quinque suo :
Vna duos primos marchet tantummodo gamba,
Ac alium post hoc altera gamba dabit.
Tibia sed faciet quartum gentissima passum
Quæ primos fecerit ante duos…
Vna dabit finem.

Coffre, 22. — Meuble servant de banc dans les antichambres où se tiennent les gens de service.

Mourir dessus vn coffre en vne hostellerie.

(S. III.)

Coite, 96. — Lit de plume, de culcita qui a donné coulte, coueste & coite. Le premier mot est entré dans coutepointe, devenu enfin courte-pointe.

Commune, 27. — La foule, le vulgaire.

Qui n’abaye & n’aspire ainsy que la commune
Apres l’or du Perou.

(S. III.)

Constable, 80. — Forme contractée de connestable, qui lui-même vient de l’allemand Kœnigstapel, aide du roi, & non de comes stabuli. (Nicot.)

Convenant, 12. — Approprié.

Iugez comme au subiect l’esprit est conuenant.

(S. I.)

Convent, 106. — Du latin conventus, & par euphonie couvent. Cette double forme se retrouve dans moustier & monstier, de monasterium. Enfin on a fait pareillement mouton de montone.

Cornette, 31. — Bande de soie que les docteurs en droit portaient autour du cou, pendant jusqu’à terre. (Littré.)

Vne cornette au col debout dans vn arquet.

(S. IV.)

Cornus, 85.

Cornus du bon père. Enhardis par le vin.

Le bon père est Bacchus ; & pour l’explication de cornus, voici un extrait de Guillaume Bouchet :

Les cornes augmentans la hardiesse : car si à vn mouton vous ostez les cornes il deuient timide & doux, laissant sa hardiesse. Nous baillons à Bacchus des cornes pour monstrer que le vin rend les personnes hardies.

(Serees, liv. I, 8.)

Conf. : Depuis quand auez-vous pris les cornes qu’estes tant rogues deuenus ?

(Rab., I, 25.)

Coucher, 20. — Avoir pour enjeu, viser.

Ne couche de rien moins que l’immortalité.

(S. II.)

Les princes ne craignans point de gager la vie de trente mille hommes où ils ne couchent rien du leur.

(Bouchet, éd. Roybet, t. III, p. 17.)

Coupeau ou Coupet, 20. — D’une montagne. Montis cacumen. (Nicot.)

Vient à Vanues à pied pour grimper au coupeau
Du Parnasse françois.

(S. II.)

Courage, 16, 25, 39. — Ce mot est pris souvent pour cœur.

I’allay vif de courage & tout chaud d’esperance.

(S. II.)

Ie n’en ay pas l’esprit non plus que le courage.

(S. III.)

Suiect à ses plaisirs, de courage si haut.

(S. V.)

Courante, 53. — Impulsion irrésistible.

Au gouffre du plaisir la courante m’emporte.

(S. VII.)

Courtaux, 42. — Cheval de petite taille à qui l’on a coupé les oreilles, la crinière & la queue.

Fait creuer les courtaux, en chassant aux forests.

(S. V.)

Damoyselle, 26. — Nom donné aux femmes mariées de noblesse inférieure. Ce titre permettait de porter la robe de velours & une bordure d’or au chaperon. Plus tard il s’étendit à toutes les femmes mariées, nobles ou roturières.

En honneur les auance & les fait Damoyselles.

(S. III.)

Dariolet, 42. — Entremetteur. Dariolette est le nom de la confidente d’Elisenne dans Amadis.

De vertueux qu’il fut le rend dariolet.

(S. V.)

Sont-ce pas les dariolettes
Et les messagers d’amourettes
Qui peuplent France de cocus ?

(Auvray, Banquet des muses, 1628, p. 194.)

Qu’il soit bon Sibillot, ruzé dariolet,
Qu’il sçache finement presenter vn poullet.

(Courval Sonnet, Œuv. sat., 1622, p. 91.)

Degoiser, 122. — Cette expression paraît dans l’origine ne s’être dite que des oiseaux. Les oyseaux se degoysent, garriunt aves. (Nicot.)

To chirpe or warble (as a singing bird). (Cotgrave.)

Dégout, 86. — Écoulement, débordement d’eau.

Et du haut des maisons tomboit vn tel degout.

(S. X.)

Et là n’eussent rencontré source, ou degout d’eaux.

(Rab., III, 5.)

Ce mot se retrouve au figuré dans les Quatrains de Pibrac :

A bien parler ce que l’homme on appelle,
C’est vn rayon de la diuinité,
C’est vn degout de la source eternelle.

(Éd. de 1584. Quat. XIII.)

Degrez, 24. — Grades.

Et si l’on est docteur sans prendre ses degrez.

(S. III.)

Depiter, 57. — Maudire.

Ie semble depiter, naufrage audacieux,
L’infortune, les vents, la marine & les cieux.

(S. VII.)

Ie despite à ce coup ton inique puissance,
O nature cruelle à tes propres enfants.

(D’Aubigné, Hécat. à Diane, LX.)

Dilayant, 40. — Delayer, temporiser.

Dilayant, qui tousiours a l’œil sur l’auenir.

(S. V.)

Douteux, 40. — Hésitant.

Imbecille, douteux, qui voudroit, & qui n’ose.

(S. V.)

Éguillette (Courir l’), 128. — Chercher des aventures galantes.

Cette expression est restée longtemps obscure, parce qu’on a voulu la rattacher au mot aiguillette, désignant le signe que les courtisanes de Toulouse portaient sur l’épaule pour se distinguer des autres femmes. C’est aller, ce semble, chercher un peu loin une explication. L’aiguillette est un double cordon ferré, servant à fermer la brayette. Nouer l’aiguillette, courir l’aiguillette, sont des locutions très-claires : la première signifie rendre un homme impuissant, & la seconde, faire métier de dénouer les aiguillettes de tout venant.

Encastelé, 59. — Mot vsité en matière de pieds de bêtes de pied rond, comme cheuaux, mulets, quand on veut dénoter que la corne du talon s’entre approche presque à ioindre, qui est vn grand vice au pied ; pour auquel obuier il faut au ferrer faire ouurir le talon auec le boutoir iusques au vif. (Nicot.) Encastellé, qui a le talon étroit ; narrow heeled, dit Cotgrave.

Enteriner, 38. — Ratifier juridiquement.

Qui dans le four l’Euesque enterine sa grace.

(S. V.)

Entrant, 21, 24, 25. — Hardi, audacieux. A bould or audacious fellow. (Cotgrave.)

I’entre sur ma louange & bouffy d’arrogance.

(S. II.)

Sois entrant, effronté.

(S. III.)

Ie ne suis point entrant.

(Ibid.)

Épée (Chevalier de la petite), 82. — Coupeur de bourse.

Esclater, 69, 107. — Reluire, briller.

Son front laué d’eau claire, esclaté d’vn beau teint.

(S. IX.)

Esclater de satin, de perles, de rubis.

(S. XIII.)

Veaux dorez que tu crains pour leur voir esclater
Le clinquant au chapeau, sur le dos l’escarlate.

(Courval Sonnet, Œuv. sat., 1622, p. 103.)

Esclater en clinquant gorrierement vestu
Piaffer en vn bal, gausser, dire sornettes.

(Auvray, Banquet des muses, 1628, p. 159.)

Escornes, 179. — Affront.

Esgayer, 13, 16, 39, 42. — Divertir, ébattre.

Pour esgayer ma force.

(S. I.)

Un repos qui s’esgaye en quelque oisiveté.

(S. II.)

Egayer sa fureur parmy des precipices.

(S. V.)

Qui dans vn labeur iuste egayoit son repos.

(Ibid.)

Espoinçonne, 28. — Piquer, pousser en avant.

Iadis vn loup dit-il, que la fain espoinçonne.

(S. III.)

Pour nous espoinçonnez d’vne loüable ardeur,
Nous offrons à seruir vostre illustre grandeur.

(Auvray, Banquet des muses, 1628, p. 182.)

Estamine, 107, 114. — Petite étoffe légère & de peu de prix. Tissu de crin ou de laine servant à filtrer.

Que cecy fust de soye & non pas d’estamine.

(S. XIII.)

Et qui peust des vertus passer par l’estamine.

(S. XIV.)

Estriver, 113. — Quereller, disputer ; d’estrif, qui signifie peine et aussi débat.

Estude, 23. — Ce mot variait d’acception suivant le genre qui lui était donné.

Une estude désignait un cabinet de travail, & l’estude (subst. masc.) avait le sens de soin, souci.

Encores que mon feu pere eust adonné tout son estude à ce que ie prouffitasse en toute perfection. (Rabelais, II, 8.)

Estuver, 193. — Sécher. To warme. (Cotgrave.)

Everolle, 79. — Ampoule.

Du vieux mot français éve, eau, qui a donné éveux, humide, plein d’eau, & évier, demeuré dans la langue.

De nuages éueux.

(Baïf, Les Jeux, 1593, fo 41.)

Voir, sur éve & aigue, venus tous deux d’aqua, H. Estienne, Precellence du Lang. franc., 1579.

Evesché, 19, 27. — Ce mot était alors habituellement féminin, comme duché.

Medite vne euesché.

(S. II.)

Et si le faix leger d’vne double Euesché.

(S. III.)

Avec une comté de Plume, & un marquisat d’Ancre, il ne lui falloit plus qu’une duché de Papier, pour assortir tout l’équipage.

(Malherbe, éd. Lalanne, III, 207.)

Exemple, 41, 83.

Pour exemple parfaitte ils n’ont que l’aparance.

(S. V.)

A Paris, dans la ville, on fait exemple ordinairement feminin, & l’erreur vient de ce que exemple est de ce dernier genre quand il signifie le modelle d’escriture que les maistres Escrivains donnent aux enfans. (Vaugelas, Remarques sur la langue françoise, 1665, p. 171.)

Fanir, 192.

Tu es vn pré sans fleur qui fanist.

(Baïf, Am. de Franc., IV.)

Faquin, 43. — Mannequin contre lequel on joutait dans les manéges. Tournant sur un pivot, il frappait d’un sabre de bois le cavalier qui ne l’atteignait pas en plein milieu.

Court le faquin, la bague.

(S. V.)

Le lendemain des noces on courra la bague & rompra t’on au faquin. (Malherbe, éd. Lalanne, III, 90.)

Fée (Courroucer la), 84. — Irriter les génies.

Figue, 47, 77. — Nazarde, plus particulièrement signe de mépris, qui consiste à montrer le pouce entre l’index & le médium. Pour l’éclaircissement historique de cette expression, voir G. Paradin, De antiq. Burgundiæ statu, Lyon, Est. Dolet, 1542, p. 49, & aussi Rabelais, IV, 45.

Forains (Alibis), 91. — Echappatoires.

Dans Rabelais, liv. II, ch. XXI, cette expression désigne les recoins les plus écartés, all the corners. (Cotgrave.)

Fourche (Fait à la), 77. — Mal tourné, de grossière façon.

Fourneaux, 129.

Des fourneaux enfumez où l’on perd sa substance.

Ambroise Paré a donné la description de cet appareil à fumigation dans ses œuvres (Paris, Buon, 1585), liv. XIX, ch. XXVI.

Par ironie, on disait de ceux qui suivaient ce traitement, qu’ils voyageaient au pays de Surie, Syrie ou Suède.

Fraisé, 39. — Portant une fraise, sorte de collet plissé & empesé.

L’homme ne se plaist pas d’estre tousiours fraisé.

(S. V.)

Fusté, 34. — Bâtonné, accablé, de fust, bâton.

Les grands & la fortune
Qui fustez de leurs vers en sont si rebattus.

(S. IV.)

Marotte Duflos, pour soupechon de larrecin, fut fustée à la banlieue. (Livre rouge d’Abbeville.) Génin, dans ses Récréations philologiques, t. I, p. 161, prétend mal à propos que ce mot vient de fustigé.

Garite, 86. — Guerite, lieu de refuge & sauueté en vn desastre & deroute. (Nicot.)

Garot, 195. — Trait d’arbalète. A boult for a crosse bow (Cotgrave.)

Gaule, 34. — Houssine, cravache.

Nous voyent d’vn bon œil & tenant vne gaule
Ainsi qu’à leurs cheuaux nous en flatte l’espaule.

(S. IX.)

Gay, 94. — Geai.

Le Perroquet, & le Gay caqueteur.

(Vauq. de La Fresnaye, éd. Travers, I, 251.)

Genet, 43. — Cheval de main, de petite taille & bien proportionné, que l’on tirait d’Espagne & de Sardaigne.

Talonne le genêt.

(S. V.)

Gentilly, 49.

Aller à Gentilly caresser vne rosse.

(S. V.)

Claude Binet nous apprend, dans sa Vie de Ronsard, que le poëte « se delectoit ou à Meudon, tant à cause des bois, que du plaisant regard de la riuiere de Seine, ou à Gentilly, Hercueil, Sainct-Clou, & Vanues pour l’agréable fraischeur du ruisseau de Biéure, & des fontaines que les muses ayment naturellement. »

Hercueil fut le théâtre de la Pompe du Bouc de Jodelle. C’est à Vanves que se trouvait la maison de campagne où Desportes recevait ses amis ; enfin le petit Olympe d’Issy a été chanté par Bouteroue. « C’estoit, dit Lestoile, une fadeze dediée à la reine Marguerite sur ses beaux jardins d’Issy, dont on disoit que le dieu Priapus estoit gouuerneur, & Bajaumont son lieutenant. »

Dans Rabelais, liv. I, ch. XXIV, Comment Gargantua employoit le temps, nous lisons enfin que Ponocrates, « pour le séjourner de la vehemente contention des esprits, l’emmenoit à Gentilly, à Montrouge ou à Vanves, & là passoient la journée à faire ripaille. »

Georges (Saint), 41, 51.

Et que i’en rende vn jour les armes à Sainct-Georges.

(S. V.)

Releuez, emplumez, braues comme Sainct-George.

(S. VIII.)

La légende a fait de saint Georges un type héroïque. Comme Persée, il a délivré une jeune vierge des griffes d’un dragon. Aussi les Anglais & les Génois l’avaient-ils du temps des croisades choisi pour leur patron.

Gille (Faire), 62, 97. — Fleury de Bellingen explique ainsi cette expression :

Quand quelqu’un s’en est fuï secrettement, on dit qu’il a fait Gile, parce que Saint Gille, prince du Languedoc, s’enfuit ainsi de peur d’être fait roi.

(Étymologie ou explication des Proverbes françois. La Haye, 1656, p. 133.)

Goulet, 94. — Goulet, diminutif de Goule, aujourd’hui gueule. (Littré.) Sur la permutation eu & ou, voir page 94, feugere pour fougère.

Gourmander, 84. — Se repaistre avec avidité de.

Son poulmon tu gourmandes.

(S. X.)

Grain (Dans le), 86. — Dans l’abondance, à l’aise.

Gremoire, pour grimoire (comme letanie, cemetiere), 35, 95.

C’est mon amy, vn gremoire & des mots.

(S. IV.)

Mon maistre… i’entends bien le Grimoire.

(S. XI.)

On disait aussi gramoire.

Et par ma foy, si vous voulez,
Leur montrer mestier ou gramoire.

(Anc. th. franç., III, 12.)

Grimoire est donc véritablement un doublet du mot grammaire.

Guet (Laisser du), 62. — Échapper à quelqu’un & le laisser en quête de soi.

Housse (En), 14. — A cheval, comme s’il y avait en selle. La housse est une sorte de couverture attachée à la selle.

En carosse & en housse.

(S. II.)

Autrefois pour parler d’un qui paroissoit dans le monde, soit financier ou autre, l’on disoit de luy : Il ne va plus qu’en housse ; mais maintenant cela n’est plus guères propre qu’aux medecins ou à ceux qui ne sont pas des plus relevez.

(Les Loix de la Galanterie, 1644.)

Hypostase, 106. — Terme de théologie qui signifie essence, nature & personne de Dieu.

Infinité pour Infini, 11, 218.

Ne pouuant le fini ioindre l’infinité.

(S. I.)

Ja pour déjà, 12. — Ce mot était hors d’usage au moment où l’employait Regnier.

Ia riante en son cœur.

(S. I.)

Jacopins pour Jacobins, 29. — Voir, sur cette double forme, les Observations de Ménage sur la langue françoise. Éd. citée, p. 24.

Jean qui ne peut, 89. — Homme impuissant. Titre d’un poëme écrit en 1577 par Remy Belleau sur le cas de Me Estienne de Bray, & rapporté dans le registre journal de Lestoile.

Jean (Saint-), 67. — Place Saint-Jean-en-Greve, lieu de stationnement des crocheteurs ou portefaix.

Joug (Faire), 120, 213. — Italianisme, de far giu, céder, se soumettre, s’abaisser.

Dans Marot, il est écrit faire jou. Plus tard il prend un g euphonique, & les lexicographes le confondent à tort avec le mot joug.

Anjou fait jou, Angoulême est de même.

(Marot, Complainte de Madame Louise de Savoye.)

Jupon, 80. — Jupe. Nicot donne deux explications de ce mot : squenie ou souquenie, roquet ou rochet, suruestement qui est pendant par deuant & par derriere bien bas.

Le comte d’Egmont… estoit vestu d’vne juppe de damas cramoisi & d’un manteau noir avec du passement d’or.

(Brantome, éd. Jannet, II, 169.)

Juys pour Juyfs, 59. — f muet.

A coups de poings, de pieds, de grifs,
S’entredechiroient leurs habits.

(Auvray, Banquet des muses, 1628, p. 189.)

Voir, dans les poésies de Malherbe, l’épitaphe de M. d’Is, dont le nom exactement orthographié était d’Ifs.

Langard, 119. — Bavard.

Languards picquans plus fort qu’vn hérisson.

(Marot, Bal. des Enf. sans soucy.)

Lanternes vives, 89. — On appelait ainsi des lanternes dans l’intérieur desquelles un mécanisme particulier faisait mouvoir des figures grotesques, « Comme de harpies, satyres, oisons bridés, lievres cornus, canes batées, boucs volans, cerfs limoniers, & autres telles peintures contrefaites à plaisir pour exciter le monde à rire. »

(Rabelais, liv. I, Prol. de l’auteur.)

Laver, 82. — On se lavait les mains avant de se mettre à table & aussi au sortir du repas.

Laquelle ayant pris de l’eau pour lauer, s’assit incontinent à table.

(Le Banquet du comte d’Arete, 1594, p. 15.)

Ie voy ia qu’on dessert,
Ie voy ia l’espouze qui laue.

(O. de Magny, Epithal. de J. Flehard.)

Legende, 62. — Lecture, récit.

Pour affaires, projets, on disait faciendes.

(Voir Tahureau, Dialogues, éd. Lemerre, p. 146.)

Leger (De), 106, 122, 207. — A la légère, à l’étourdie.

De leger il n’espere & croit au souuenir.

(S. V.)

Il oit trop les causeurs, il croit trop de leger.

(Vauq. de La Fresn., éd. Travers, I, 227.)

Lievre, 81. — Bailler le lièvre par l’oreille, leurrer de promesses.

Me bailla gentiment le lieure par l’oreille.

(S. X.)

Limestre, 108. — Drap de Limestre, étoffe grossière dont on faisait des capes. On appelle aussi Limestres les gens qui portaient cette partie de vêtement. (V. Cotgrave, vo Limestre.)

Linceux, 96. — Draps de lit.

Les linceux trop cours par les pieds tirassoit.

(S. XI.)

Ce mot n’avait pas encore le sens précis de drap pour ensevelir les morts.

Entre deux lincieulx
Allez reposer votre teste.

(Marot, éd. Jannet, 271e Épigr.)

Lipée, 82. — Proprement bouchée. Suivant de madame Lipée, parasite.

Los, 11. — Louange &, par extension, gloire.

Qui leurs vers à ton los ne peuuent esgaler.

(S. I.)

Luiteur, 12, 161. — Vieille forme du mot lutteur.

Ceux qui ayment la luicte, plusieurs bons luicteurs.

(La Boétie, éd. Feugères, p. 286.)

Malle (Trousser en), 95. — Emporter de force à la façon d’vne malle qu’on charge sur les épaules.

Les nouueaux receus pour ne sçauoir l’art de la vollerie, sont troussez en malle, & conduits à Montfaucon pour là faire des cabriolles en l’air.

(Règles, statuts, etc., de la Caballe des filous. V. Ed. Fournier, Var. hist. & lit., t. III.)

Marine, 57. — Mer.

Les vents, la marine & les cieux.

(S. VII.)

Creignant les flots de la marine,
Elle troussoit sa vesture pourprine.

(Baïf, Poëmes, 1573, fo 253, vo.)

Marisson, 88. — Mot formé régulièrement comme unisson, nourrisson, qui sont restés en usage.

Ébloui suivant la même règle avait formé éblouisson.

D’vn éblouisson trouble a les yeux empeschez.

(Baïf, Amours, 1573, fo 77, vo.)

Marjollet, 25. — Petit homme fanfaron, de l’italien mariolo, homme de rien.

Entendre vn mariollet qui dit auec mespris.

(S. III.)

Matelineux, 112. — Fantasque, diminutif francisé de matto, fou.

Matines, 19. — Livre d’heures où se trouvent les offices du matin.

Que portez à l’Eglise ils valent des matines.

(S. II.)

Médard (Ris de Saint), 59. — Ris forcé. On appelait mal Saint-Médard le mal de dents, &, suivant d’autres, l’emprisonnement. Un proverbe du XVIIe siècle dit :

Ris qui est de Saint Médart,
Le cœur n’y prent pas grant part.

(Voir Le Roux de Lincy, Livre des Proverbes.)

Menestre, 82. — Soupe, de l’italien minestra.

Mercerie, 126. — Marchandise.

Chacun vante sa mercerie.

(Baïf, Mimes, III.)

Mercier, le marchand par excellence. Voir, pour la justification de ce sens, le Dictionnaire de Trevoux (1732) & le Guide des Corps des Marchands, Paris, 1766, in-12, p. 358. Le corps des merciers est le plus nombreux & le plus puissant des six corps des marchands, lit-on dans le premier des ouvrages cités plus haut. Voir aussi les Variétés hist. & litt. de M. Ed. Fournier.

Michel (Ceux de Saint-), 35. — Pèlerins que l’on appelait Michelets, du nom de leur patron.

Poissons que nous appelons sourdons, desquels les Michelets en enrichissent leurs bonnets ou chappeaux en venant de Saint-Michel.

(B. Palissy, éd. Cap., p. 365.)

Minuter, 61, 76. — Projeter.

Minutant me sauuer de cette tyrannie.

(S. X.)

Auecq’ vn froid adieu, ie minute ma fuitte.

(S. X.)

Moine-Bourru, 99, 115. — Lutin qui, dans la croyance du peuple, court les rues aux Avents de Noël en faisant des cris effroyables. (Furetière.) Suivant Cotgrave, moyne bourry ou moyne beur designe a lubberly monke or in stead of beuveur a quaffing monke.

Comp. Ie grezille d’estre marié & labourer en diable bur dessus ma femme.

(Rab., III, 7.)

Mon (C’est). — Particule affirmative dont l’origine a été diversement expliquée. H. Estienne y voit c’est moult ; Nicot y trouve le mot grec μεν francisé ; Furetière veut que ce soit l’abréviation de c’est mon avis. D’après Ménage & les hellénistes Périon, Trippault, Lancelot, mon, dans c’est mon, dérive du grec μων, certes, assurément. Cette interprétation s’applique également aux locutions savoir mon, faire mon.

Montre, 81. — Revue.

Monument, 10, 66. — Tombeau.

Deterrer les Grecs du monument.

(S. IX.)

Morgant, 24, 50, 82, 199. — Hautain, menaçant.

Faire une morgue, c’est montrer un visage irrité. D’où est venu qu’au pluriel morgue signifie outrages, malheurs.

La centurie qui promettoit morgues à la France.

(Malherbe, éd. Lalanne, III, 532.)

Moutons, 17.

Or laissant tout cecy retourne à nos moutons.

(S. II.)

Mais comme dit Marot, reprenons nos moutons.

(Courval Sonnet, Œuv. sat., 1622, p. 166.)

Mouvant, 111. — Fringant, pétulant.

L’apothicaire qui etoit vn grand mouueur.

(Bouchet, Serees, liv. I, 9.)

Dans un sens plus proche de l’exemple tiré de Regnier, Pedoue, chanoine de Chartres, a fait dire par une maîtresse à son amant :

Monsieur vous estes si pressant & si mouueux, qu’on ne sçauroit estre vn quart d’heure en repos auec vous.

(Le Bourgeois Poli. Chartres, Cl. Peigné, 1631. Dialog. VIII.)

On trouve également dans l’ancien théâtre français, avec une acception peu différente, le mot saillant.

Tousiours ma femme se demaine
Comme vng saillant.

(La Farce du Cuvier.)

Naviger, 46, 128, 129.

Tous les gens de mer disent, naviguer, mais à la Cour on dit, naviger & tous les bons Autheurs l’écrivent ainsi.

(Vaugelas, Remarques sur la langue françoise.)

Nazarde, 88, 94. — Coup sur le nez.

Nice, 129. — Ignorance, de nescia.

Voulant tromper vne nice pucelle
Il se deguise.

(Baïf, Poëmes, 1573, fo 252.)

Offusquer, 13, 33, 54. — Obscurcir, priver de son éclat.

Offusque tout sçauoir.

(S. I.)

Apollon est gesné par de sauuages loix,
Qui retiennent sous l’art sa nature offusquée.

(S. IV.)

Le miroir ne peut représenter le simulacre des choses objectées si sa polissure est par haleines ou temps nebuleux offusquée.

(Rab., III, 13.)

Opilé, 18. — Obstrué.

Et durant quelques iours i’en demeure opilé.

(S. II.)

Ses larris tant furent oppilés & resserés.

(Rab., I, 6.)

Ores, 72. — Maintenant. Or’ répété signifie tantôt… tantôt.

Pantière, 25. — Filet à prendre les oiseaux.

Pantois, 162. — Hors d’haleine. Le primitif Pantais (Pantess, en anglais) est un terme de fauconnerie qui désigne l’asthme chez le faucon.

Paranimphe, 43. — Panégyrique.

Bastit vn paranimphe à sa belle vertu.

(S. V.)

Parquet, 31. — Enceinte réservée aux juges d’un tribunal, y compris la barre, lieu de plaidoirie des avocats, laquelle établit la démarcation de l’espace abandonné au public. On désigna de bonne heure ainsi l’enceinte réservée aux gens du Roi, & par extension ces magistrats eux-mêmes reçurent le nom de Parquet.

Partis, 125. — Fermes d’impôts.

Les gentils hommes n’estant pas instruits à faire valoir leur bien par le trafic, le prest d’argent ou les partis.

(Les Loix de la galanterie, éd. Aubry, p. 3.)

Passe volant, 81, 105. — Soldats de parade qu’on louait aux jours de revue pour montrer des régiments complets.

Patelin, 125. — Jargon insidieux.

Dans le recueil des Poésies calvinistes publié par M. Tarbé, Reims, 1866 p. 59, on trouve un exemple de cette expression.

Le prestre se vest…
Puis chante vne epistre…
Puis vne legende
En prose, en latin,
De peur qu’on entende
Tout son patelin.

(Chanson nouvelle contenant la forme & manière de dire la messe. 1562.)

Pavillon, 94.

Un garde robe gras seruoit de pavillon.

(S. XI.)

Ce vers doit s’entendre ainsi : un fourreau de robe servait de couronne de lit.

Voici du reste un extrait de la correspondance de Malherbe qui éclaircira le sens du mot pavillon.

Son pavillon, pour la mettre quand elle aura accouchée est déjà pendu & dressé en sa ruelle, & celui de son travail est pendu au haut du plancher, troussé dans une enveloppe d’écarlate.

(Lettre à Peiresc du 28 oct. 1609.)

Peautre, 68. — Sel d’étain dont on faisait un fard, comme de la céruse qui est un sel de plomb. — Plus tard par confusion on a dit plâtre.

Et mettant la ceruse & le platre en usage
Composa de sa main les fleurs de son visage.

(Boileau, Ép. IX.)

Perche 95.

Qu’en perche on me le mist.

(S. XI.)

Cette expression signifie ici, dans la langue de Regnier, faire arrasser quelqu’un & probablement le soumettre à un congrès improvisé.

Et à ces paroles, asseurément tira son membre à perche.

(Cent Nouv. nouv., XIII.)

Comp. — Maistre moyne luy leue ses draps & en lieu du doy de la main bouta son perchant dur & roidde.

(Ib., XCV.)

Perruque, 11, 214. — Chevelure.

Qui sa perruque blonde en guirlandes estraint.

(S. I.)

Et ma perruque en ma teste veluë
Comme persil se frisoit crepeluë.

(Baïf, Les Jeux, 1573, fo 36.)

Piolé, 68. — De couleurs diverses & tranchées. Le primitif pie nous est resté. Un cheval pie.

L’arc-en-ciel piolé.

(Baïf, Poëmes, 1573, fo 1, vo.)

Piot, 84. — Vin, proprement boisson.

Cy gist qui a bien aymé le piot :
C’est grand dommage aux taverniers de Vire.

(Jean le Houx, éd. Gasté. Paris, Lemerre, p. 49.)

Piqué, 14. — Irrité.

Trop discret est Horace
Pour vn homme picqué.

(S. II.)

Les Béotiens, piqués du meurtre de leur capitaine général.

(Malherbe, éd. Lalanne, I, 397.)

Pisser, 15, 67.

Pissent au benestier affin qu’on parle d’eus.

(S. II.)

Que le Cheual volant n’ait pissé que pour eux.

(S. IX.)

Ce grippe aussi tost
L’on accusoit d’auoir pissé dessus le rost.

(Auvray, B. des muses, 1628, p. 158.)

Le bled y provient comme si Dieu y eust pissé.

(Rab., IV, 7.)

Plaindre, 125. — Pleurer, regretter.

Comme vn sire qui plaint ses parents trespassez.

(S. XIII.)

Plats, 28. — Propos.

Et beaucoup d’autres plats qui seroient longs à dire.

(S. III.)

Faire trois plats s’est dit pour faire beaucoup de bruit au sujet de quelque chose.

Ils en vinrent faire trois plats au roy.

(Bassompierre, Mem., t. III, p. 12. Voir Lacurne & Littré.)

Plume, 47. — Passer la plume par le bec. Abuser.

Qui seure les desirs & passe mechamment
La plume par le becq’ à mon entendement.

(S. VI.)

Tous les peuples s’allechent vistement à la servitude pour la moindre plume qu’on leur passe devant la bouche.

(La Boétie, éd. Feug., p. 52.)

Poil, 39, 68, 71, 196, 197. — Chevelure.

Et comme nostre poil blanchissent nos désirs.

(S. V.)

Que son poil dés le soir frisé dans la boutique.

(S. IX.)

Poindre, 18. — Aiguillonner.

Et quand la faim les poind.

(S. II.)

Point, 19, 32, 41. — But, visées.

Suant, touchant, crachant, pensant venir au point.

(S. II.)

Contrefaire l’honneste & quand viendroit au point.

(S. IV.)

Et rangent leur discours au point de l’interest.

(S. V.)

Point-couppé. — Dentelle à jour.

Vn mignard point-couppé fait d’expertes lingeres.

(Courval Sonnet, Œuv. sat., 1622, p. 159.)

On n’y laissoit pas de voir quelques dentelles de point couppé au travers desquelles la chair paroissoit.

(Ile des hermaphrodites, 1724, p. 15.)

Pointe, 39. — Acuité.

Qui donne cette pointe au vif entendement.

(S. V.)

Pommades, 43. — Terme d’équitation. Saut fait en selle en appuyant seulement la main sur le pommeau.

Monte vn cheual de bois, fait dessus des pommades.

(S. V.)

Pont neuf. — Que le Pont neuf s’acheue.

Le Pont-Neuf, achevé dans les premiers mois de 1604, fut commencé en mai 1578 par Henri III, qui en avait posé la première pierre. Palma Cayet rapporte, dans sa Chronologie septennaire, qu’à la mort du roi deux arcades seulement étaient terminées & les piles des arches amenées à fleur d’eau. « Tellement, dit le P. du Breul, qu’au moyen de certaines poutres & planches par dessus l’on pouuoit passer aysément des Augustins en l’Isle du Palais. Le vendredy 20 du mois de juin 1603, Henri IV traversa le pont qui n’estoit pas encore très assuré, & plusieurs personnes en ayant voulu faire l’essai, se rompirent le col & tomberent dans la rivière. »

Porfil, 79. — Profil. — Voir de même, p. 78 & 82, Berlan pour Brelan.

Postposer, 128. — Mettre après, rejeter.

Plutarque postpose Aristide à Marcus Caton, la fortune épargnant sa vertu.

(Bouchet, Seree XXXI.)

Pot pourry, 13.

Comme vn pot pourry des Freres mandians.

Noël du Faïl a donné, au début du chap. XXII des Contes & Discours d’Eutrapel : Du temps present & passé, la recette du pot pourry. On mestoit le pot sur la table sur laquelle y avoit seulement un grand plat garny de bœuf, mouton, veau & lard, & la grand’ brassee d’herbes cuites & composees ensemble dont se faisoit vn brouet, vray restaurant & elixir de vie.

Il y a quatre ordres mendiants, les Dominicains, les Franciscains, les Carmes & les Augustins.

Poulle, 24.

Fils de la poulle blanche.

(S. III.)

Brossette a donné de ce vers une interprétation compliquée. Fils de la poule blanche désigne un homme né sous un signe heureux, non pas le fils de la femme que l’on aime.

Feliciter natum, albæ gallinæ dicimus.

(Adagiorum Erasmi epitome, 1650, p. 73.)

Quia tu gallinæ filius albæ,
Nos viles pulli nati infelicibus ovis.

(Juvénal, XIII, 141.)

Petits mignons du Ciel, fils de la Poulle blanche.

(Auvray, B. des muses, 1628, p. 156.)

Pourquoy (Le), 26. — La chose, atto venereo.

Qu’on ne s’enquiert plus s’elle a fait le pourquoy.

(S. III.)

Poussinière (Étoile), 50. — Nom populaire de la constellation que les astronomes appellent les Pléiades, & plus particulièrement de l’étoile la plus brillante du groupe.

Quemande ou Caimande, 31. — Mendiante. Caimand, a beggar (Cotgrave). Mendicus (Nicot).

Puisque pauure & quémande on voit la poésie.

(S. IV.)

Quintaine, 105. — Poteau fiché en terre & contre lequel on s’exerçait à lancer des dards ou à rompre des lances. Le mot quaintin avait le sens de devanteau, tablier.

De là la signification équivoque attachée à ces deux expressions.

Il donne bien dans la quintaine,
Il y fait du grand capitaine
Et l’embroche le plus souvent.

(Le Songe, pièce contre le maréchal d’Ancre. Fournier, Var. hist. & litt., t. IV.)

Mesdames sans le linge
On verroit votre petit singe
Qui enrage sous le quaintin
Et de la pature demande.

(L’Éventail satyrique. Var. litt., t. VIII.)

Ranc, 38, 48. — Estre sur le ranc (nous dirions aujourd’hui sur le tapis), signifie être en butte à la critique, à la médisance.

Et cependant Bertaut ie suis dessus le ranc.

(S. V.)

Rancœur, 140. — Rancune.

Arrière, vaines chimères
De haines & de rancueur.

(Malherbe, éd. Lalanne, I, 90.)

Reboucher, 166. — Émousser. Se reboucher se disait d’une arme qui se fausse par suite d’un choc.

Vne petite pointe de convoitise qui se rebouche soudain contre le danger. (La Boétie, Œuvres, éd. Feugère, p. 17.)

Ses traits impetueux
Ne font que reboucher contre les vertueux.

(Auvray, B. des muses, 1628, p. 156.)

Rechape, 32. — Travestissement du mot recipe, par lequel tous les médecins commençaient leurs ordonnances.

D’vn rechape s’il peut former vne ordonnance.

(S. IV.)

Recreu, 77. — A bout de forces.

Le voyageur lassé, l’artisan hors d’haleine,
Et le soldat recreu s’empressent pour m’avoir.

(Le P. Carneau, La Pièce de cabinet.)

Ce mot commençait à vieillir en 1648. Racine l’a souligné, avec les termes passés de mode, dans le Quinte Curce de Vaugelas (1653, p. 248) qui lui a appartenu, & qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. (Fournier, Var., III, 288.)

Remeugle pour Remugle, 99. — Moisi, relent, mustie. (Cotgrave.)

Respect, 18, 139. — Considération, prévoyance.

Mais que pour leur respect l’ingrat siecle où nous sommes.

(S. II.)

Où les lois par respect sages humainement.

(S. III.)

Ressentiment, 171, 191. — Renouvellement d’impression, souvenir.

Chatouille mon mal d’vn faux ressentiment.

(Plainte.)

Doux ressentimens d’vn acte si fidelle.

(Dial. de Cl. & Ph.)

Rome (Faire), 125. — Délivrer à vil prix des expéditions de faux brefs & de fausses bulles du pape.

Vn banquier qui fait Rome icy pour six testons.

(S. XV.)

Rondache, 85, 88. — Bouclier.

Qui pour vne rondache empoigne vn escabeau.

(S. X.)

Rotonde, 177. — Collet empesé & monté sur du carton.

Roussoyant, 37. — Rosoyante. De rosée, humecté par la rosée.

De la douce liqueur rosoyante du Ciel.

(S. V.)

Et ces herbes & ces plaines
Toutes pleines
De rosoyante blancheur.

(Ronsard, Les Bacchanales.)

Des perles blanches qui pendoyent
Aux raincelets rosoyans nées.

(Baïf, Poëmes, 1573, fo 115 vo.)

Rustique, 25. — Simple ; proprement, de paysan.

Ma façon est rustique.

(S. III.)

Sade, 68. — Doux, agréable ; proprement, qui a de la saveur.

Sadinettes, 56. — Même sens, avec l’idée de délicatesse attachée à tout diminutif.

Je l’ayme de propre nature
Et elle moy, la douce sade.

(Villon, Gr. Test., 138.)

Comp.

Le sadinet
Assis sur grosses fermes cuisses.

(Villon, Les Reg. de la belle Heaumiere.)

Sagettes, 37. — Traits.

Mais ces diuers rapors sont de faibles sagettes.

(S. V.)

Saint (Mal de). — Mal placé sous l’invocation d’un saint.

Si c’estoit mal de saint ou de fieure quartaine.

Sarail, 55. — Sérail. Nous avons vu de même, page 113, garir pour guérir, & p. 115, carasser pour caresser.

Seau (Draps du), 80. — Il faut lire Usseau : Petit village près de Carcassonne, où un sieur de Varennes avait établi des manufactures. Voir le Dictionnaire de Furetière, vo Draps.

Siller, 117, 165. — Priver de la vue. Se disait primitivement des oiseaux de proie dont on fillait les yeux en les cousant d’un point d’aiguille, quand on n’avait pas de chaperon pour leur couvrir la tête.

Sivé, 96. — D’après tous les commentateurs, à commencer par Brossette, l’eau de sive ou sivé serait une eau de mare ou d’égout. Un passage tronqué du Grand Testament de Villon a donné naissance à cette interprétation inexacte :

Dont l’un est noir, l’autre plus vert que cive
Où nourrices essangent leurs drappeaux.

Il faut lire, Ballade IX du Grand Testament :

En sang qu’on mect en poylettes secher
Chez ces barbiers, quand plaine lune arrive,
Dont l’un est noir, l’autre plus vert que cive ;
En chancre & fix, & en ces ords cuveaux,
Où nourrices essangent leurs drapeaux,
. . . . . . . . . . . . .
Soient frittes ces langues venimeuses.

Cive est évidemment employé ici pour ciboule. Mais dans Regnier, sivé a un tout autre sens. Suivant Nicot, sive ou sivé, suillum jus conditum, jus e suillis intestinis, désigne une sauce faite avec des épices & de la graisse de porc, du jus de tripes de porc.

Sopiquet, 49 — Saupiquet.

Mestez en la leschefrite des oignons comme dit est, & quand l’oisel sera cuit, si mettez en la leschefrite vn petit de verjus & moitié vin moitié vinaigre, ce tout bouli ensemble & après mis la tostée. Et ceste derreniere sausse est appelée le Saupiquet.

(Le Ménagier de Paris, Crapelet, 1846, t. II, p. 181. Voir plus loin, p. 233, la recette peu différente du saupiquet pour connin, ou pour oiseau de rivière, ou coulon ramier.)

Soudre, 85. — Résoudre, éclaircir.

Synderese, 106. — Reproche secret que nous adresse notre conscience.

Tache (Malle), 85. — Tache mauvaise, rebelle à un nettoyage ordinaire. Cri des dégraisseurs ambulants.

Elles te firent mainte tache
Où le crieur de maletache
Eust bien perdu tout son latin.

(Cabinet satyrique. Sur le bas de soye d’un courtisan, par le Sr de la Ronce, St. 19.)

Temperature, 139. — Constitution, santé.

Et change la nature
De sept ans en sept ans nostre temperature.

(S. V.)

Le cardinal de Lorraine fut d’une température où il n’y avoit rien à desirer.

(Malherbe, éd. Lalanne, IV, 204.)

Tiercelet, 18.

De tes enfants bastards, ces tiercelets des poetes.

(S. II.)

On dit, il fait du tiercelet de prince, du gentilhomme qui veut eniamber pardessus le reng & ha quelques façons qui sentent non-seulement le bien grand seigneur, mais le prince, ou pour le moins le petit prince. Car en fauconnerie, le masle s’appelle tiercelet, comme estant un tiers plus menu que la femelle.

(H. Estienne, De la precellence du langage françois. Paris, éd. Feugère, p. 130.)

Tinel, 51. — Réfectoire des officiers ou des familiers d’un grand seigneur. De l’italien Tinello, luogo dove mangiano i cortigiani.

Torche, Lorgne, 85. — Ces deux mots sont synonymes de frappe.

Lorgne se trouve dans la 98e nouvelle de Des Periers : A grands coups de poing lorgnoit dessus.

D’autre part on lit dans les Modèles de la conversation tirés du manuscrit 3988 du Mus. brit. Harl. (Paris, A. Franck, 1873, p. 398) :

Se ton maistre te trouueroit icy chantant, il te torcheroit tres bien sur la teste.

Toussir, 31. — Tousser. Voir p. 192, Fanir.

Sans oser ny cracher, ny toussir, ny s’asseoir.

(S. IV.)

Triacleur, 111. — Theriacleur. Vendeurs de thériaque. Charlatans.

Veaux, 34. — Niais, nigaud. A Iobbernoll (Cotg.) ; propr., grosse tête vide.

Ce malheur est venu de quelques ieunes veaux.

(S. IV.)

Velours (ongles de), 79. — Ongles crasseux. Le velours servait à border les vêtements. Des ongles de velours désignent donc des ongles bordés de noir.

Vent, 39.

Porter la teste basse & l’esprit dans le vent.

(S. V.)

Vercoquin, 70, 124. — Sorte de ver attaché à la cervelle de l’homme & dont la morsure provoquait l’emportement ou la folie. Telle était la croyance populaire que Cotgrave rapporte en ces termes : A certain worme bred in a mans head, and making him cholericke, humorous and fantasticall, when it biteth, also the Vine fretter or Dewills goldring. Les expressions Vine fretter & Dewills goldring donnent les sens figurés de Vercoquin. La première désigne le trouble de l’ivresse & la seconde les visions de l’esprit.

Vert (sur le), 68. — Sur le pré. Laisser sur le vert, abandonner.

Vieux, 11, 23, 40, 42, dans le sens de vieillards, anciens.

Chose permise aus vieus.

(S. I.)

Mais n’en deplaise aux vieux.

(S. III.)

Facille au vice, il hait les vieux & les desdaigne.

(S. V.)

Peres des siecles vieux, exemples de la vie.

(Ibid.)

Visiere, 77. — Vue.

Que les gens de sauoir ont la visiere tendre.

(S. X.)

Vos deportements luy blessent la visiere.

(Mol., L’Et., 1, 2.)

Ce monsieur bas-normand me choque la visiere.

(Regnard, Le Bal.)

Viste, 152. — Rapide.

Mesureur des vistes années.

Voire, 29, 31, 91. — En vérité ; du latin vere.

Comme ces courtisans qui s’en faisant acroire
N’ont point d’autre vertu sinon de dire voire.

(S. IV.)

Vois, 75.

Et m’en vois à grands pas.

(S. X.)

Ne voise au bal, qui n’aymera la dance.

(Pibrac, Quatrain 105.)

Volées, 136. — Essor, échappée.

Et comme bassement à secretes volees,
Elle ouure de son cœur les flames recelees.
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