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Le livre des visions et instructions de la bienheureuse Angèle de Foligno: Traduit par Ernest Hello avec avertissement de Georges Goyau, de l'Académie française

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AVERTISSEMENT DE LA SIXIÈME EDITION

Trente-cinq ans ont passé depuis la mort d’Ernest Hello ; et la gloire qu’il sut assurer au petit livre de la bienheureuse Angèle de Foligno demeure si durable, qu’une nouvelle édition en est devenue nécessaire.

Dans les régions sublimes où l’entraînait le texte de la bienheureuse Angèle, Hello traducteur n’était pas dépaysé ; pour être fidèle à la pensée de son auteur, il avait à prendre élan, mais la vie intellectuelle d’Hello fut-elle jamais autre chose qu’une ascension vertigineuse vers l’infini ?

Tout ce qu’on sait d’Angèle se trouve contenu dans les prologues du frère Arnaud et dans les révélations personnelles de la bienheureuse. Les biographes qui, en 1909, à l’occasion de son sixième centenaire, s’essayèrent à parler d’elle, n’ont pu faire rien de plus de commenter ces maigres détails, comme le fit dès 1747, dans les Vies des saints de l’Ombrie, le bon prêtre Jacobilli, concitoyen d’Angèle.

Foligno fut en liesse, en février 1909 ; plusieurs jours durant, Angèle y fut fêtée. Le chanoine Célestin Bordoni, sous le titre : Magistrat theologorum, Angela da Foligno, publia sur l’illustre mystique une étude nouvelle, attachante pour la pitié.

Et Foligno possède un prélat qui depuis de longues années, avec une érudition minutieuse qu’aucune recherche ne fatigue, s’est fait l’historien de la gloire d’Angèle. Je veux parler de Mgr Michele Faloci Pulignani. Dès 1889, il faisait paraître dans les Miscellanea Francescana, dont il est directeur, un essai bibliographique sur la vie et les opuscules de la bienheureuse ; il y cataloguait, sous quarante-cinq rubriques, les imprimés la concernant, et, sous huit rubriques, les manuscrits dont la collation serait utile pour une édition définitive de ses œuvres ; et nous croyons savoir que, dans la suite, les listes de Mgr Faloci Pulignani se sont enrichies.

Déjà l’édition des Révélations, imprimée à Foligno en 1714, marquait un progrès sur celle qui, dès 1643, fut donnée par Bolland dans les Acta Sanctorum. Il est vraisemblable que les doctes efforts de Mgr Faloci Pulignani aideront des éditeurs ultérieurs à préférer, pour certains passages, une version plus impeccable ; il est possible qu’ensuite des traducteurs surviennent, plus attachés que ne fut Hello à suivre mot à mot le texte définitif de la bienheureuse.

Mais aucun, assurément, ne pourra rivaliser avec Hello dans ce qu’il appelle « l’exactitude selon l’esprit, qui infuse le sang de l’auteur d’une langue dans une autre », — l’exactitude selon l’esprit, qui essaie même « de traduire les larmes ».

Georges GOYAU

Février 1921

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