Le livre des visions et instructions de la bienheureuse Angèle de Foligno: Traduit par Ernest Hello avec avertissement de Georges Goyau, de l'Académie française
QUARANTE ET UNIÈME CHAPITRE
L’AUTEL DES ANGES
C’était la fête des Anges. J’étais malade, je voulais communier. Il n’y avait personne pour m’apporter la communion. Ma tristesse était immense. Tout à coup, au plus profond de ma douleur et de mon désir, je fus portée en esprit à considérer la louange éternelle des anges, et leur office sublime, et leur assistance et leur ministère. Et voici que je fus ravie, et la multitude immense des anges m’apparut, et ils me conduisirent près d’un autel, et ils me dirent : « Voici l’autel des Anges. » Et sur l’autel ils me montrèrent la louange des Anges, c’est-à-dire Celui-là qui est leur louange, et la louange universelle, et la louange elle-même. Et les anges dirent à mon âme : « Dans Celui qui est sur l’autel est la perfection et le complément du sacrifice que tu cherches. Prépare-toi donc à le recevoir. Tu as déjà au doigt l’anneau de son amour ; déjà tu es son épouse. Mais l’union qu’il veut contracter aujourd’hui avec toi est une union nouvelle ; c’est un mode d’union que personne ne connaît. »
Je n’essaierai pas d’exprimer la joie dans laquelle je fus ravie ; car mon âme sentait tout cela dans le lieu même de la vérité, et tout ce qui peut être dit n’est qu’un vide auprès de cette plénitude inaccessible à notre pauvre langue. Ceci me fut un signe de ma prochaine délivrance ; c’était au commencement de la maladie dont je vais mourir.