Les angoysses douloureuses qui procedent damours
L’EPISTRE DEDICATIVE
DE DAME HELISENNE
A Toutes
honnestes Dames, leur donnant
humble salut. Et les enhorte par
icelle a bien & honnestement
aymer, en evitant toute
vaine & impudicque
amour.
Les anxietez & tristesse des miserables (comme je peulx penser & conjecturer) se diminuent, quand on les peult declarer a quelque sien amy fidele. Parce que je suis certaine par moy mesmes, que les dames naturellement sont inclinees a avoir compassion. C’est a vous mes nobles dames, que je veulx mes extremes douleurs estre communiquees. Car j’estime que mon infortune vous provoquera a quelques larmes piteuses : qui me pourra donner quelque refrigeration medicamente. Helas quand je vins a rememorer les afflictions, dont mon triste cueur a esté, & est continuellement agité, par infinitz desirs & amoureux aguillonnemens. Cela me cause une douleur qui excede toutes aultres, en sorte que ma main tremblante, demeure immobile. O trescheres dames, quand je considere que en voyant comme j’ay esté surprinse, vous pourez eviter les dangereux laqs d’amour, en y resistant du commencement, sans continuer en amoureuses pensees, Je vous prie de vouloir eviter ociosité, & vous occupez a quelques honnestes exercices. En ces considerations je me vins a reverberer & reprehendre mes forces, en exorant celle qui est mere & file de l’altitonant plasmateur, de vouloir ayder a ma triste memoire, a soustenir ma debile main, pour vous le sçavoir bien escripre.