Les angoysses douloureuses qui procedent damours
Collocution
d’une religieuse personne
avec ung amoureux.
Chapitre. II.
O mon filz pour plus facilement te desister de ceste lascivité, je te prie que vueille considerer, combien est irraisonnable, infirme & a craindre le persister en cela qui le corps damne, & l’ame crucie, regarde quelle utilité te peult venir de pour ung vain appetit de delaisser la raison : avec laquelle conformer se doibt tout homme vivant.
Anaxagoras philosophe interrogué pourquoy il estoit nay, respondit, pour contempler le soleil : telle response ne se doibt interpreter, que ce fut par sa lumiere solaire : mais pour le principe qu’il a de prester a toutes creatures la splendeur de l’entendement, & de la vertu dont chascun doibt estre vray imitateur : affin de eviter de offencer la clemence divine par commettre ou perpetrer aulcuns pechez : pour lesquelz evader, debvez rememorer les bonnes parolles de Senecque : lequel (nonobstant qu’il fust payen) dist, si je sçavoye les dieux ne avoir poinct de congnoissance ny intelligence : & que tous hommes feussent ignorantz, si ne vouldroye pecher.
Or considerez doncques de cestuy payen qui tant detestoit les vices, par plus forte raison les debvons abominer. Et pour ce vous veulx exhorter de resister a ceste sensualité, pour ne succumber en ce vilain peché de luxure : mais ensuyvez le dict de sainct Augustin, qui dict ainsi : sois fugitif de luxure, a ce que tu ne soye brouillé en deshonneste renommee. Aussy ne croys poinct ta chair : affin que par peché tu ne blesse Jesuchrist. Et a ce propos nous admonneste sainct Pierre en sa premiere epistre, disant. Je vous obsecre comme estrangiers & peregrins, que vous vous abstenez des delitz charnelz : car continuellement ilz bataillent & sont adversaires de l’ame. Plusieurs aultres choses en ont escript les docteurs de l’esglise, & mesmes les philosophes : Et entre aultres, dit Boece, Luxure est ardeur a l’assembler, & chose fetide au departir, briefve delectation du corps, & de l’ame destruction. Et pour ce mon filz que ce peché est tant vilain & deshonneste, je te exore que tu t’en vueille garder : & ne soys si mal riglé ne si paoure de conseil : & ne soit ta vie si infortunee, que en si extreme solicitude tu tende a ta precipitation : mais te efforce d’estre vertueulx en resistant & faisant le contraire de ce que ton cueur te stimule. Et en faisant ton pouoir dieu ne te delaissera. Sainct Paul allegue l’escripture extraicte du livre de Josué : en laquelle il promect & dist, Je ne me departiray point d’avec toy, & ne te derelinqueray. Et combien qu’il nous laisse aulcunesfoys en quelques peines ou agitations, comme il feist sainct paul : lequel il ne voulut exaulcer quand il le requist par trois foys d’estre delivré de l’esguillon de la chair, & affliction du maulvais ange. Neantmoins se il ne vient par nostre coulpe, il ne nous laissera que tousjours avec nous ne demeure par grace laquelle (ainsi qu’il fut a sainct Paul respondu) nous doibt suffire en toutes adversitez : lesquelles souvent nous sont tresurgentes a nous humilier & donner intelligence que nous ne pouvons riens de nostre propre vertu, sans la protection de nostre createur. Et pour ce ne t’esmerveille des tentations charnelles. Mais pense que grand merite te sera de resister. Et pour ce faire, invocque le nom de celluy lequel non seullement a allegez ses amys en leurs tribulations : mais les a liberez d’icelles.
N’a il pas preservé le pere antique Noel, qui l’humaine semence en ung petit de bois saulva ? Et aussi Loth quand Sodome, & Gomorre, & aultres citez circonvoisines pour les enormes & execrables vices qui en elle regnoient perirent & furent exterminees ?
N’a il pas favorisé & aydé a Abraham quand il le delivra des mains des Chaldees ?
N’a il pas conservé en vie son filz ysaac, en le delivrant de l’immolation que Abraham son pere voulut faire de luy ? Jacob ne fut il pas preservé de la main de son frere Esaü : aussi fut Joseph par sa providence de la main de ses freres. Puis apres Moÿse & Aaron, & le peuple D’israel furent par sa grace secouruz & liberez de la servitude D’egypte : & david de la main de Saül & de la main de Golias le geant.
Et depuis Daniel fut delivré du lac des lyons, ou il avoit esté jetté par le commandement du roy, a l’instigation du peuple. La bonne Judich ne fut elle pas delivree avec la judaïcque nation ses adherentz, de la main du puissant Holofernes. Et Mardochee & les aultres enfans D’israel de la main de Aman, aussy furent preservez les troys enfans, Sidrac, Misach & Abdenago de l’ardeur du feu : tellement qu’il ne leur feist aulcun mal ne lesion.
Jonas le prophete fut mis hors & delivré du peril du ventre de la balaine, ou il avoit faict residence & reposé troys jours & troys nuictz. Et tant d’aultres a preservé, que trop longues en seroient les escriptures a reciter, Et si vous n’esperiez impetrer sa grace, pour ne sentir en vous tant de perfections qu’il y avoit aux personnages prealleguez, pour ce ne vous debvez destituer de esperance : car il n’a seullement imparty sa grace aux bons mais par grace especialle a converty les iniques & maulvais.
Et comme je pense, tu n’as esté persecuteur de la foy comme sainct Paul avant sa conversion.
Tu n’as point ton dieu renié comme fist sainct Pierre par trois foys, & non pourtant il impetra mercy ?
La Magdelaine, que l’on nommoit la pecheresse, fut convertie, & depuis perpetuellement persevera en vertu.
A la Samaritaine il fist tant de grace, que de l’eaue salutaire la rassasia. Parquoy toutes ces choses considerees, en icelle clemence divine tu te doibtz totalement confier, ayant vive foy indubitable, que apres avoir perseveré en longue resistence, le dieu eternel te fera de sa faveur digne, & te liberera de la bataille perilleuse des aguillonnemens charnelz : & si telle felicité est concedee : tant plus de l’aage meure approcheras, tant plus grande vergoingne te sera, de si long temps avoir occupé ton hault & genereux esperit en chose si inutile. Et lors jugeras que le continuel languir par semblable passion consumant l’esperit sans utilité ne honneur, se peult equipoller ou ascripre a vice de pusillanimité.
Apres que ceste bonne & religieuse personne eut imposé fin aux salutiferes parolles : desquelles gueres ne me soucyoye, pource que aux sours & aux muetz l’office d’oraison est de petite efficace. Et tant plus me remonstroyt, & plus la souvenance de ma dame Helisenne, d’ardent desir m’enflamboit. Parquoy l’appetit domptant la raison, ne permist la verité discerner. Et lors je luy dis certe grandement me sens obligé a vous : Et aussy tresaffectueusement vous remercie de vostre amoreux record & paternel conseil : que je comprens estre tel, que aux deniez de raison, presteroit le sens : aux indoctz la prudence : aux pusillanimes, la magnanimité : aux lascifz, donneroit coustume de continence. Et si j’estimoye que l’amour que je porte a ma dame fust vituperable, voz efficacissimes parolles facilement m’en pourroyent aliener. Mais quand distinctement je viens a considerer que l’amour de si gentile dame comme est la mienne, ne peult a l’amant prester sinon modestie, faculté de bien operer, & l’adresser en toutes bonnes compositions de coustumes, grief & moleste me seroit le mediter, de me divertir de son amour, car vous debvez croyre que l’amoureux qui pretend de acquerir la benevolence de quelque noble & vertueuse dame, pour a icelle parvenir, de luy sera sequestré toute chose vitieuse.
Et pour le principe, se gardera du peché d’orgueil : car affin de ne succumber a la male grace de sa dame, sera sur tous le plus gratieulx, doulx & begnin, pour eviter que de luy aulcune chose sinistre l’on ne puisse a sa dame relater, Et aura recordation du dict de Socrates, lequel dit, combien que tu soys bon, si tu es superbe, tout est adnichilé, ta seulle superbité te damne. Et aussy dit le sage Talles de Milesye, si tu es abondant, riche, & opulent : si tu as sapience, noblesse, & toutes perfections corporelles, le seul orgueil s’yl est en toy, destruict toutes tes vertus. Mais si quelque foys le vray amoureulx, tel que je dis estoyt tenté de ce peché : comme timide de desplaire a sa dame, penseroit a la mort. Et telle meditation a bien puissance de nous humilier, en rememorant ce que dict le sage Chilon de Lacedemonie : lequel dist, si tu es de noble generation extraict, tu doibs estre encores plus noble de vertus : car la noblesse de bonnes meurs, vault trop mieulx que la noblesse des parentz : & ne peult noblesse (tant soyt elle altissime) superer la mort. Ainsi donc le vray amoureulx expulsera & bannyra de luy ce detestable peché d’orgueil, & s’accompaignera de ceste doulce vertu d’humilité : de laquelle ainsi qu’il est escript en Esaÿe : Ces choses dict le sublime seigneur qui vit eternellement : duquel le nom combien qu’il soit sainct & exalté, si veult il habiter avec l’humble : affin de le vivifier par sa grace.
Et quant au peché d’envie, le vray amoureux n’en sera jamais entaché : car s’il venoit a la notice de sa dame, il pourroit encourir l’indignation d’icelle, pour ne estre la coustume de honneste dame de aymer homme subject a tel vice. Et pour ce le gentil amoureux totallement ce desplaisant peché evitera, en se recordant du dict de Platon : qui dict ainsi, estudie toy de estre fugitif d’envie : car envie est sans amour, & seiche le corps, & faict le cueur inicque & maulvais. Ainsi doncques cest abhominable vice sera sequestré de L’amant : lequel se associera de ceste noble vertu de charité. Et non seulement l’exercera envers ses amis : mais oultreplus envers ses malveillans : affin de les retirer a son amytié, & extirper les inimitiez que ilz auroient contre luy conceues. Et par ce moyen, aulcunes detractions ne seront contre luy proferees : & si accomplira ce que dit sainct Jehan Chrisostome : lequel ne dist pas tant seullement, ne hayez point voz ennemis. Il ne dist pas tant seullement, gardez vous de leur nuyre : mais faictes leurs du bien pour les reduire a charité, en faisant de vostre ennemy vostre amy. Et pourtant doncques, le cueur de ce vray amoureux sera sincere & net, pour estre ennobly de ceste glorieuse vertu.
Et quant au peché d’yre, jamais au cueur du vray amoureux ne tiendra lieu. Et si quelque foys pour quelque cas survenant, l’amant se trouve tedié & ennuié : si ce n’est pour aultre chose que d’amours, cela n’est estimé pour yre : de laquelle dict sainct Augustin, en une de ses epistres, Que tout ainsi que le malvais vin gaste & corrumpt le vaisseau s’il y demeure longue espace, tout ainsi yre corrompt les cueurs ou elle reside. Et a ce propos dict Caton, Que yre empesche & aveugle la personne, en sorte que elle ne peult veoir ce qui est vray. Et aussi dict Pithacus de messillene. Fuis courroux & yre, affin qu’ilz ne te donnent la cruelle pestilence : car ce sont les voyes qui font forvoier du droict, & sont nutritives de scysmes & divisions. Et a ceste occasion, quand Platon fut une foys interrogué : quelle estoyt la plus parfaicte bonté : il respondit : c’est celluy qui sçait refrener son ire, Et pourtant j’estime une grande beatitude a l’amoureulx, pour estre aliené de ce vice, et estre accompaigné de ceste gratieuse vertu de patience : par laquelle il peult toutes adversitez tolerer. Et a ce propos dict tresbien Monsieur sainct Gregoyre, Le dyable nostre adversaire, parfaictement sera vaincu, sy nostre volunté ou consentement ne condescend aux persuasions & tentations d’icelluy. Et si entre les injures & contumelies que nous infere nostre prochain, nous nous gardons de le haÿr : Et si entre les adversitez que dieu nous envoye, nous nous gardons de murmurer. Puis doncques que ceste vertu a tant d’efficace ne se doybt vituperer l’amour de Dame qui est cause de l’acquerir.
Quand au peché d’avarice, certe le noble amoureulx est totalement de ce vice aliené, car pour complaire a la dame, ne pretendra que a toute honnorable largesse, toutesfoys ne fault user de prodigalité, car ce ne seroit demonstrance de prudence. Et pourtant ce ne sera que en toutes choses licites & honnestes, qu’il donnera evidence de sa liberalité. En detestant ce peché d’avarice, duquel dict Byas de prienne Philosophe, le convoyteulx & cupide plus se contriste : & pleure en perdant, qui ne se letifie en ayant : & plus amasse, & plus est serf & chetif. Et aussi dict l’escripture, l’œil de l’avaritieulx est insatiable, & ne sera pas rassasié en partie de iniquitez. Et aussi dict Socrates, ne ensuis point convoitise, & tu seras en tranquillité d’esperit, & si te reposeras en tous lieux. Et a ce propos, dist aussy le divin Platon, la chose qui m’a donné occasion de plus grande hilarité, a esté, que je n’ay tenu compte de pecune : & ay eu plus grande delectation que d’avoir accumulé argent : car j’eusse anxieuses pensees, & j’ay lyesse, qui me croyst en acquerant science. Et pour ce doncques se pourra nommer felice, Ce gentil amoureulx, puis qu’il ne sera serf de convoytise, Mais par ceste belle vertu de liberalité, accomplira les œuvres de misericorde, en distribuant de ses biens aux indigens & souffreteulx : de laquelle chose dist sainct Gregoire, je ne suis point memoratif avoyr leu ny ouyr parler, que nul soyt mort de male mort, qui ayt voluntairement accomply les œuvres de misericorde : car qui les accomplit, a tant d’intercesseurs, qu’il ne peult estre que aulcuns ne soyent exaulcez.
Quand au peché de paresse, croyez indubitablement que jamais L’amant ne sera paresseux : car les continuelles stimulations que amour luy inferera & donnera pour acquerir ou soy entretenir en la benevolence de sa maistresse, sera occasion de le liberer de ce vice : & rememorera ledict Dathenus le poete, qui dist que curiosité faict souvent le venin de la pensee des jeunes gens : car le corps des jeunes, est speciale cause des vices. Et pour ce dit sainct Bernard, j’ay veu d’aulcuns folz eulx excuser sur Fortune : mais a peine trouveras que ung diligent puist estre infortuné. Et pour ce vulgairement se dit, que a gens diligens & solliciteulx, toute chose leur est deue. Et a l’occasion que ceste splendide vertu en amour est tresurgent & necessaire, le gentil amoureulx s’en accompaignera & s’en exerantera de cest infelice peché de paresse.
Et quand au peché qui est de trop se delecter a sasier le ventre & user des viandes en plus grande abondance de raison, certes le vray amoureulx de ce peché est pur & net : car il prend si sobre refection, que seullement est suffisante pour vivre en ensuivant le dict du philosophe qui dist, l’on doibt boire & manger pour vivre, & non vivre pour boire & pour manger. Et aussi les Philosophes disent que celluy qui veult acquerir bon sens, & estre de cler jugement, doibt estre sobre en refection sans soy trop delecter en superabondances de viandes exquises. Car comme dist sainct Bernard aux moralles, Que quand ce vice prend a seignorie la personne, tout le bien qu’elle feist jamais, se pert : & quand le ventre n’est retraict par droict ordre d’abstinence, toutes vertus sont en elle submergees. Et puis doncques que l’amant sera quicte de ce villain peché : en luy residera ceste doulce abstinence & sobrieté : laquelle est une tresflorissante vertu.
Et quand au peché de luxure, veritablement l’amoureulx s’en gardera : car par estre timide de sa Dame contrister, non seullement evitera les effectz : mais aussi en cogitations syncerement se conservera. Mais si par contraincte D’amours avec sa dame en ce peché succumboyt, je ne veulx nyer que ce ne soit chose vitieuse : mais toutesfoys pour estre occasion d’eviter que le peché ne soit commis avec diverses personnes, me semble qu’il ne doibt estre estimé si grand : car comme j’ay predict pour craincte d’irriter sa treschere dame, de toutes aultres se preservera : En se recordant de ce que dist le sage Salomon D’athenes : lequel dist. Que par vin, par jeux de dez, & soy associer de femmes folles, & de les frequenter serez tousjours infelice & indigent. Car l’homme qui est tant lascif qu’il ne se peult garder de converser avec plusieurs folles femmes, par continuer (comme exprime le philosophe) il pert six choses.
La premiere est l’ame :
La seconde est l’engin :
La troysiesme : ses bonnes meurs :
La quatriesme, sa force :
La cinquiesme sa clarté :
Et la sixiesme, sa voix,
Et par ainsi que l’amant pour l’amour qu’il porte a sa dame de tel peril est quicte : Telle amitié blasmer ne se doibt. Et de ma part de si loyalle amour, ayme la mienne, que si possible estoit par mariage nous lier, tresaffectueusement je desireroye, comme celluy qui a perpetuité avec elle veulx demeurer. Apres ces parolles, le bon religieux a son parler donna commencement, & dist ainsi.
O mon filz par tes parolles apertement je congnoys que tu es totallement disposé de toute extremité soubstenir plustost que de toy desister de l’amoureuse entreprinse. Parquoy congnoissant que de toutes les exhortations & parolles salutiferes que je te pourroye narrer, l’operation seroit vaine & inutile, je les passeray en silence, Et pource que compassion & pitié me prend de toy, bien veulx contempler ta phisonomie. En quoy speculant te donneray intelligence : a quelle fin viendront tes affaires : mais pour plus manifeste science en avoir, fault que tu m’exprimes : en quel jour & heure fut ta naissance : Et lors incontinent je luy diz. Et quand il eust mes parolles entendues, quelque espace demeura pensif : puis rompant silence, reprint le propos, & me dist ainsi.
O mon amy a l’heure de ta naissance, ton horoscome estoit Aquarius, le soleil, au signe du Lyon : Phœbé en l’escorpion, Saturne au Lyon : Juppiter, en Aquarius, Mars en L’escorpion, & Venus avecq Mercure, au signe de Gemini, Laquelle conjonction (selon l’influence des corps celestes) signifie que pour le moyen de cupidité venericque, tu souffriras extremes calamitez. Et combien que tu recouvres la dame que tu desire tu n’en jouyras paisiblement, mais pour te contraindre de la restituer s’en ensuyvra merveilleux tumulte, qui ne sera sans grande effusion de sang, dont je suis commeu a commiseration. Mais si tu vouloys encore y pourroys tu remedier, car combien que la constellation (en laquelle tu es nay) a cela te encline & dispose aulcunement, si ne seroys tu contrainct ne perforcé de ce faire, car chascun peult user de benefice de son liberal arbitre, mais certes l’affection vehemente que tu as totallement t’empesche de recepvoir bon conseil, Parquoy tu souffriras si extreme misere, que le mediter de tes maulx futurs, me cause une merveilleuse frayeur. Quand j’eux entendu telles parolles, je fuz reduict en une extreme perplexité, tellement que si la doulce eloquence de Quezinstra n’eust rendu peine de me consoler, la timeur (qui si vehementement m’exagitoit) estoit assez puissante, pour me destituer de vie. Mais apres que par ces melliflues parolles j’eux receu aulcun confort a l’instigation de ce sainct homme & de Quezinstra leurs tins compaignie a la domesticque table, ou estoient preparees viandes telles qu’il avoit accoustumé d’user, Lesquelles ung tressobre repas nous presterent, puis sans guere de dilation, nous allasmes reposer avec certaine deliberation de nostre brief departir.