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Ève victorieuse

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XXIX

En général, on connaît peu et mal les Italiens. On les croit volontiers ardents, passionnés, enthousiastes, faux et traîtres. Rien n’est moins exact. Le feu qui anime leurs yeux, leurs gestes, et colore leurs lèvres, n’est qu’à la surface. Ce sont des esprits froids, calculateurs et subtils, des sages avec des flambées de passion, des faibles avec des accès de force, des égoïstes avec des élans de bonté et de dévouement. Leur langue, que l’on imagine faite pour la guitare, est au contraire sévère, noble, difficile à manier. Elle ne se prête ni à la conversation ni au roman, mais elle est, par excellence, l’instrument de la poésie et de la philosophie. Race et langue italiennes ont conservé longtemps une harmonie et une rigidité classiques. Elles ont enfin commencé leur évolution ; et cette évolution, hâtée par la liberté reconquise, par la science et par les mariages étrangers, tend à une résurrection glorieuse.

Les Italiens et les Français ont bien eu la même mère, mais non le même père. Les Italiens sont les fils aînés et légitimes de la race latine ; elle leur a donné sa beauté, sa noblesse d’allures, sa douceur féminine. Puis, la grande dame a été violée par les Barbares, sur les champs de bataille, et de ce viol les Français sont nés. Gaulois et Francs ont laissé en eux leur empreinte, quelque chose de leurs rêves, de leur génie ; ils leur ont fait des corps agiles, des traits heurtés et irréguliers, qu’ennoblit et idéalise toujours l’âme maternelle. Cette demi-fraternité explique l’antagonisme latent qui existe entre les deux peuples, leurs brouilles, leurs réconciliations, leurs accès de haine et de tendresse. La dissemblance atavique de leurs caractères est surtout remarquable dans l’amour et dans le mariage. C’est un article de foi, chez les Américaines, que l’Italien fait pour l’étrangère un meilleur mari que le Français, et c’est incontestable. Sa nature, bien qu’affinée, est beaucoup plus simple. Dans sa vie conjugale, il n’a pas besoin d’art, d’illusions, d’idéalité. Il demande que sa femme soit jolie, qu’elle lui donne des enfants, qu’elle empiète le moins possible sur sa liberté, ne l’excède pas avec des sentimentalités et tienne compte de ses nerfs. Comme l’avait dit la marquise Verga, il est infidèle, mais constant. Si quelque bonne fortune se présente, il y fait honneur par dignité masculine : c’est une infidélité d’épiderme, et chez lui l’épiderme est très sensuel. Il a un goût prononcé pour la race saxonne : un secret instinct de sélection lui fait rechercher l’Anglaise et l’Américaine. De leur côté, l’Anglaise et l’Américaine sont irrésistiblement attirées par l’Italien. Elles, qui sont accoutumées à des hommes d’action, s’éprennent avec une facilité extraordinaire de cet être de paresse et de rêve. Elles ne le comprennent pas, mais elles l’aiment avec d’autant plus d’illusions. C’était le cas de Dora. Son mari était pour elle un mystère vivant qui l’intéressait, l’exaspérait et la charmait.

Comme la plupart de ses compatriotes, Lelo avait la colère prompte et vite apaisée, puis des accès de mutisme nerveux encore plus déconcertants, causés par une légère contrariété, un mot trop vif de sa femme, la présence même d’une personne antipathique, déterminés souvent par ces passages de mélancolie, ces curieuses rêveries auxquelles sont sujets les hommes de race très ancienne. Dora prétendait qu’alors il se mettait en boule à la manière des hérissons ; parfois, elle lui disait avec le plus grand sérieux : « Lelo, je vous en prie, ne vous mettez pas en boule !… » Le mot, très juste et irrésistiblement drôle en anglais : « Don’t curl up ! » avait fait fortune dans le clan italo-américain et on l’y répétait couramment. Lorsque la comtesse voyait son mari en boule, elle se faisait toute petite et ne s’en approchait pas. Quand il revenait à l’attitude normale, il la remerciait par un sourire, par un mot affectueux, de l’avoir laissé tranquille. Un jour, il dit à sa femme, à propos d’une divergence d’idées, qu’elle ne comprendrait jamais l’âme latine ; elle en fut piquée au vif. Le mot et la chose excitèrent ses railleries, elle s’en moqua impitoyablement, mais au fond elle sentait bien que l’âme latine était un ensemble de sentiments, de sensations, qui lui échappait.

Aussi bien elle ne s’était pas vantée, en disant au marquis Verga qu’elle mettait de l’huile dans les roues du char conjugal. Elle avait appris à peser ses paroles, s’était efforcée d’atténuer sa brusquerie. Madame Carroll, qui connaissait son caractère, n’en revenait pas. Jusqu’à son mariage, Dora n’avait vraiment songé qu’à elle-même ; elle s’oubliait maintenant, et cela ne lui coûtait pas. Lelo était devenu son objectif unique ; c’était son bon plaisir qu’elle consultait, et non plus le sien propre. Elle voyait très clairement les défauts et les faiblesses de son mari, mais elle les attribuait à son éducation. Elle rendait sa famille responsable de sa mauvaise humeur, de ses petites injustices, de ses entêtements. C’était contre cette famille, contre elle seule, que se tournait la colère de la jeune femme… C’était à sa belle-mère, à sa belle-sœur qu’elle en voulait, après cette fin de soirée orageuse, tandis qu’elle se déshabillait avec des doigts tremblant de rage et répétait :

— Ah ! c’est ainsi !… Eh bien, nous verrons !

L’homme, en général, a une facilité admirable pour oublier ses torts. L’Italien sait les réparer comme pas un : rimediare, « réparer » est son fort. Le lendemain matin, Lelo entra chez sa femme avec un visage reposé, rayonnant de bonne humeur, et lui proposa pour l’après-midi une promenade en phaéton. C’était un des plus grands plaisirs qu’il pût lui faire. Elle n’eut pas le courage de se punir elle-même en refusant : elle accepta, mais avec un air d’indifférence parfaitement digne. Du reste, à son réveil, une idée géniale lui était venue, une idée qui lui avait fait pousser un petit cri de joie et l’avait remise promptement sur pied.

L’hiver précédent, Dora, dont l’installation était incomplète, avait imaginé de donner des dîners, des soupers, des thés au Grand-Hôtel. Lelo y avait consenti non sans peine. Cette innovation provoqua de vives critiques ; dans la société noire, on s’en moqua spirituellement. Mais dîners, soupers, thés eurent un succès inattendu. Des princes, des ducs, possesseurs de palais, de maisons royalement montées, se mirent à recevoir, eux aussi, au Grand-Hôtel, et trouvèrent cela plus simple et plus économique. Leur exemple fut suivi. Et maintenant, à Rome, de très grandes dames viennent exhiber leurs toilettes, leurs épaules, leurs bijoux héréditaires, dans le décor banal d’un restaurant, comme des enrichies de la veille. Ces dînettes à l’américaine, succédant aux beaux repas aristocratiques d’autrefois, sont plutôt pénibles à voir, et Dora, qui les a mises à la mode, a sans s’en douter un gros péché sur la conscience. Cette année, cependant, l’état de sa maison, tout à fait organisée, lui avait permis de recevoir chez elle, et son mari entendait bien que désormais il en fût toujours ainsi.

Le lendemain de la scène qui l’avait si cruellement mortifiée, la jeune femme offrait un grand dîner à l’ambassadeur des États-Unis, un ami particulier de sa famille. Les invitations étaient lancées depuis huit jours. Ce dîner, auquel étaient priés des membres du corps diplomatique, des Romains, son beau-frère et sa belle-sœur, ce dîner, par la décoration de la table, serait blanc. Blanc ! tout blanc ! Voilà l’idée triomphante qui lui était venue. Ah ! on voulait ramener son mari dans le parti noir ! Eh bien, elle ferait un coup d’État et lancerait définitivement sa profession de foi. Quel jolie revanche ! Cette pensée mit toute la journée des lueurs de malice dans ses yeux clairs. Elle demanda à Lelo de lui laisser l’entière responsabilité des ordres et des arrangements : elle voulait, dit-elle, essayer de se tirer d’affaire toute seule. Il ne devait rien voir, rien savoir. Il promit gaiement de ne pas regarder.

Le hasard favorisa le plan de Dora. A déjeuner, le comte reçut une dépêche de Frascati, son chef d’écurie lui annonçait que son cheval favori était malade. Il partit aussitôt, emmenant le vétérinaire. Toutes les fleurs que la comtesse avait commandées arrivèrent dans l’après-midi et, portes fermées, elle passa plusieurs heures à en parer la table. Elle y travailla sous l’impulsion de sa rancune, jouissant d’avance de la figure que feraient son beau-frère et sa belle-sœur… et son mari. Son mari ! Ah ! ceci l’amusait moins. Serait-il bien en colère ? Elle aperçut tout à coup la hardiesse de l’acte qu’elle allait commettre. Un instant, elle le regretta, à cause du cardinal, qui le désapprouverait, puis elle haussa les épaules. « Tant pis ! il fallait bien donner une leçon à tous ces Sant’Anna et leur montrer de quoi l’Américaine est faite ! »

Lelo rentra de Frascati juste à temps pour s’habiller. A huit heures, tout le monde se trouvait réuni au salon. Lorsque le maître d’hôtel eut lancé la phrase d’étiquette, le comte offrit son bras à l’ambassadrice des États-Unis. Comme il arrivait au seuil de la salle à manger, ses yeux tombèrent sur la table magnifiquement dressée. Il pâlit de saisissement et dut se mordre la lèvre pour réagir contre la colère soudaine qui éclatait en lui. Un dîner blanc !… Sa femme avait osé cela !… Personne ne pouvait s’y méprendre. Les ors du plafond, les boiseries d’acajou, les livrées rouges et vertes des valets de pied, faisaient ressortir impitoyablement la couleur symbolique. Blancs, les petits abat-jour des flambeaux ; blanches, les roses qui s’élançaient du surtout d’argent ; blancs, les camélias, les œillets, les muguets jetés harmonieusement sur la nappe de Flandre où étaient tissées les armes des Sant’Anna. En prenant sa place vis-à-vis son mari, Dora rencontra ses regards étincelants : elle les soutint sans bravade et sans faiblesse, serrant un peu les lèvres pour se raidir en elle-même. Puis, tournant la tête vers le duc et la duchesse Avellina, elle vit, avec une satisfaction intense, leurs physionomies altérées et déconfites.

Donna Pia se remit très vite et, promenant les yeux sur la table :

— On dirait un dîner de fiançailles, fit-elle assez imprudemment.

— Un dîner politique, plutôt ! répliqua la comtesse. Le blanc est de mise, lorsqu’on reçoit un ambassadeur auprès du roi d’Italie, — ajouta-t-elle avec un sourire à l’adresse de son compatriote.

— Ah ! c’est vrai, j’avais oublié ! fit la duchesse avec une impertinence de grande dame. C’est une très jolie idée que vous avez eue là.

— N’est-ce pas ? fit Dora de l’air le plus innocent. Je suis contente qu’elle vous plaise.

Seuls, les Romains qui se trouvaient là sentirent l’animosité, la colère qui se cachaient sous ces paroles aimables. Il y eut un moment de froid et de malaise produit par les fluides qui extériorisaient l’hostilité des deux jeunes femmes. Avec sa belle humeur, la comtesse l’eut bien vite dissipé et, pendant le reste du repas, elle sut éviter tout ce qui aurait pu troubler de nouveau la sérénité de l’atmosphère. Le dîner devait être suivi d’une réception au cours de laquelle il y aurait de la musique. Aussitôt après le café, le duc et la duchesse Avellina se retirèrent, sous prétexte d’un engagement. Aucun des invités ne s’y trompa : cette manœuvre était bel et bien une protestation politique.

Le marquis Verga fut le seul, cependant, à soupçonner toute la vérité. Curieux de savoir s’il avait deviné juste, il saisit un moment propice et séquestrant son ami :

— Quelle bonne inspiration tu as eue de donner ce dîner blanc !

— Tu trouves ?… Eh bien, tu peux féliciter ma femme : car l’idée est d’elle, tu aurais dû t’en douter. C’est une surprise qu’elle m’a faite.

— Ah, elle est bien bonne ! elle est bien bonne ! s’écria le marquis en riant.

— Elle me semble mauvaise, à moi ! — fit Sant’Anna sans se dérider. — Ces Américaines ont le diable au corps !

— A qui le dis-tu !… Là pourtant, la comtesse t’a rendu un service, en arborant la couleur vraie de tes opinions. Cela fermera la bouche à ceux qui prétendent que tu te réserves pour le cas où ton oncle serait élu pape.

Une flamme passa sur le visage de Lelo.

— Imbecilli ! imbéciles ! — fit-il avec l’expression de dédain cinglant que l’Italien sait donner à ce mot. — Ceux-là me connaissent mal. Si mon oncle, devenu pape, suivait la politique de ses prédécesseurs, je solliciterais immédiatement un office à la cour, pour montrer mon loyalisme envers l’Italie : car je suis Italien… je l’ai senti dans toutes mes fibres lors de la défaite d’Adoua ! conclut-il en abaissant ses paupières.

— Je n’en doute pas. En attendant, ce dîner blanc, offert à l’ambassadeur des États-Unis, sera considéré comme une courageuse initiative. Ne t’avise pas de la renier.

— Si je ne le fais pas, c’est par respect pour moi-même. Dora mériterait une leçon.

Pendant cette conversation, dont elle devinait le sujet, la jeune femme avait épié, non sans inquiétude, la physionomie de son seigneur et maître ; elle ne l’avait point trouvée rassurante. Quelques minutes plus tard, le marquis la tirait à part et lui disait avec un sourire :

— Ah ! comtesse, comtesse ! vous allez trop vite en besogne !

— Vous me blâmez ?

— Comme mari, oui. Une femme n’a pas le droit de prendre de telles initiatives. Maintenant, Lelo, par esprit de contradiction, pour apaiser les siens, va faire un pas en arrière.

— N’importe, j’ai eu ma petite satisfaction. Et tout le monde saura demain de quel parti nous sommes.

— Oui, mais rappelez-vous notre proverbe : Chi va piano va sano !

Pendant le reste de la soirée, Dora chercha en vain à rencontrer le regard de son mari. Malgré sa bravoure naturelle, elle ne laissait pas que de redouter le moment où il lui faudrait affronter ses reproches. A mesure que les groupes de ses hôtes s’éclaircissaient, son appréhension augmentait. Lorsque vers une heure du matin tout le monde fut parti, elle donna ses derniers ordres et alla rejoindre Lelo qui, ce soir-là, n’avait pas eu besoin de prendre l’air.

En entrant dans le petit salon où il l’attendait, debout devant la cheminée, la physionomie « sauvage », comme disent les Anglais, elle eut un petit rire nerveux ; puis, s’approchant de lui, elle baissa la tête, croisa ses doigts endiamantés au-dessus de son front comme pour se préserver de quelque projectile :

— Ne me foudroyez pas ! dit-elle.

Elle était si drôle ainsi, que Lelo eut de la peine à réprimer un sourire.

— J’ai eu tort, ajouta la jeune femme en se redressant.

— Ah ! vous me faites la grâce de le reconnaître !

— Oui, parce que ma conscience me l’a dit… un peu tard, c’est vrai. Je me suis laissée emporter par le plaisir de me venger de votre rebuffade de l’autre soir… et par le désir que j’ai de vous voir Italien.

— Italien ! répéta Lelo, en ouvrant tout grands ses yeux magnifiques. — Et qu’est-ce que je suis, s’il vous plaît !

— Romain. Votre famille est romaine ; elle a une religion, et pas de patrie. La patrie, c’est le drapeau, ce n’est pas l’église.

Sant’Anna demeura comme saisi.

— Elle est forte, celle-là ! balbutia-t-il.

— C’est la vérité. Votre fils sera Italien, du reste ; vous ne pouvez pas être dans un autre camp que lui.

Les paupières du comte battirent, il effila nerveusement sa moustache. La comtesse reprit :

— Je ne blâme pas les vôtres…

— Vous êtes bien bonne !

— Je ne les blâme pas, — continua-t-elle imperturbablement, — parce qu’ils ne peuvent guère penser autrement qu’ils ne font ; mais ils cherchent à vous ramener au Vatican, c’est ce qui m’enrage.

— Ce qui vous enrage, c’est de ne pas faire partie de la cour. Votre ambition n’est pas tant de me voir maître des cérémonies que de devenir dame d’honneur de la reine. Vous autres Américaines, vous êtes insatiables. Un de ces jours, vous allez me demander de prendre ce titre de prince napolitain qui est dans la famille !

— Non, non, jamais. Je ne suis pas assez stupide pour vouloir changer ce beau nom historique de Sant’Anna contre un nom que personne n’aura jamais entendu à Rome. Du reste, une couronne fermée m’effrayerait.

— C’est heureux !… Et maintenant que nous sommes blancs… blancs ! — répéta rageusement le comte, — vous l’avez proclamé et je ne vous démentirai pas : que cela vous suffise… Mais tant que ma mère vivra, nous nous en tiendrons là de nos démonstrations politiques. Je ne veux ni l’offenser, ni la peiner davantage. Vous considérez ces égards comme des sentimentalités méprisables : ces sentimentalités sont dans mon caractère latin, je vous prie de les respecter à l’avenir. Demain, ces satanés journaux feront de votre dîner blanc le sujet de leur chronique mondaine ; les uns me loueront, les autres m’insulteront. Voilà ce que vous aurez gagné !

— Je n’avais pas prévu cette conséquence, fit Dora confuse, je le regrette…

— Non, vous n’aviez pas prévu ! S’il y a des femmes qui pensent, il y en a joliment peu qui réfléchissent, et, sûrement, vous n’êtes pas de celles-là… Vous auriez dû savoir que l’on n’en use pas si librement avec les gens et les choses du Vieux Monde. Rome, qui n’a pas été bâtie en un jour, selon le proverbe, ne saurait non plus être démolie en un jour, même par les Américaines.

— Après tout, — fit la jeune femme avec un peu d’impatience, — le mal n’est pas si grand. Il est toujours honorable d’avoir le courage de ses opinions.

— Quand cela est nécessaire, oui… mais quand cela ne sert qu’à vous attirer des ennuis, c’est idiot !

La comtesse, qui était restée debout, mit ses bras autour du cou de son mari.

— Voyons, Lelo, ne croyez-vous pas que vous m’avez dit assez de choses désagréables pour ce soir ? Vous devez être soulagé.

La jeune femme était là devant son mari, les joues colorées, les yeux luisants entre leurs longs cils, très jolie dans sa toilette de souple satin blanc, toute parfumée par les fleurs de son corsage. Sant’Anna détourna son regard pour échapper à la séduction de cette jeunesse et de cette élégance ; il essaya même de se dégager de l’étreinte, mais elle la resserra, puis, par une inspiration assez extraordinaire chez celle qui avait été mademoiselle Carroll :

— Allons voir bébé ! dit-elle.

Et le comte, subitement pacifié, la physionomie détendue par la pensée de son fils, se laissa emmener sans résistance.

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