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Miette et Noré

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LES ORATOIRES

PRÉLUDE

On en voit au bord des sentiers
Qui montent roulés aux collines,
De ces niches dans des piliers
Portant des images divines.
Des saint Joseph tendant les mains,
Nous en avons sur les grand’routes
Et dans nos plus petits chemins,
Et nos montagnes en ont toutes.
Ce que l’on voit le plus souvent
Dans la niche close et profonde,
C’est la Vierge avec son Enfant,
Les pieds sur la boule du monde.
Des portes de fer grillagé
Ferment ces niches, et, derrière,
Le Saint, jadis bien arrangé,
Semble souffrir quoique de pierre.
Car ces hauts piliers, autrefois
Bien crépis et de bonne mine,
Sur les routes et dans les bois
Ont tous le même air de ruine.
Crevassés du haut jusqu’au bas,
Ils sont tristes à toucher l’âme ;
Souvent le Saint n’a plus de bras,
Ou l’Enfant manque à Notre-Dame.
Même celui du carrefour,
Près du village, est solitaire :
Le soleil le ronge le jour,
Le vent de nuit le met par terre.
Et j’en sais où, depuis dix ans,
Derrière la rouille des portes,
Je vois, sur des débris gisants,
Un bouquet d’immortelles mortes.
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