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Miette et Noré

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LE RHONE

PRÉLUDE

Là-haut, près la noble Genève,
Au pied des monts — il est d’azur,
Mais chez nous, où son cours s’achève,
C’est un fleuve de limon pur !
Le cheval à crinière jaune,
Nez écumeux, front de taureau,
C’est le Rhône indompté, le Rhône,
Couleur d’or et de bon terreau !
Il bondit, galope et dévale ;
Et de lui voir les reins si forts,
— Nez au vent, hennit la cavale
Qui venait boire sur ses bords !
Les ardents troupeaux qu’il abreuve,
Les taureaux noirs, les chevaux blancs,
— De humer l’air qui vient du fleuve,
Sentent l’amour gonfler leurs flancs.
Le Mistral fou qui le chevauche
Est son égal, non son vainqueur !
Et la Provence est sur sa gauche :
La gauche est le côté du cœur !
La Durance, — qui n’est pas morte ! —
Veut ce vieux mâle pour époux…
Elle l’atteint ; — et lui l’emporte !
Ils mêlent leurs lits de cailloux.
Ses fureurs avec l’amoureuse
Ont laissé ce désert brûlant,
Lit de noces, la Crau pierreuse,
Faite des cailloux du mont Blanc !
Ah ! qu’il est brave, le beau fleuve !
Vieux chemin qui court à la mer
En lutte avec la force neuve
Des locomotives de fer !
Plus d’une barque y court grand largue
Portant blés et vins qu’il a faits,
Et c’est lui qui fit la Camargue,
Et, du coup, les bœufs camarguais !
Il a fait Lyon et Valence,
Arles, voisine d’Avignon,
Et lorsqu’à la mer il se lance,
Il lui fait peur, le compagnon !
… Le cheval à crinière jaune,
Nez écumeux, front de taureau,
C’est le Rhône indompté, le Rhône,
Couleur d’or et de bon terreau !
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