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Miette et Noré

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DE PROFUNDIS

PRÉLUDE

Couverts de leurs maux, chargés de leur crime,
Baignés dans leurs pleurs,
Ils crîront vers Dieu du fond de l’abîme,
Du fond des douleurs.
Pâles, frissonnant des pieds à la tête,
Et le cœur amer,
Leur mal les tordra, — comme la tempête
Tord la vaste mer.
Les vierges diront : « L’amour fait le monde,
Et tu le défends ! »
Les mères diront, d’une voix profonde :
« Qu’ont fait les enfants ? »
L’un dira : « Seigneur, le mal qui m’accable,
Dont j’ai trop souffert,
— Quand tu m’en chargeas, étais-je coupable ?…
Tu m’en as couvert ! »
Un autre dira : « Que mon cri te touche !
Rien ne t’est caché :
Tu sais si l’on peut détourner sa bouche
Des fruits du péché ! »
L’autre a blasphémé : « Ta loi nous ordonne
De souffrir sans fiel ;
Le bien pour le mal ; il faut qu’on pardonne
Pour complaire au ciel !…
« … Si quand j’ai mal fait, tu rends en souffrance
Le mal à mon corps,
Quelle est entre nous, — dis, — la différence,
O Maître des forts !
« D’ailleurs, le pêché lui-même nous semble
Un vrai châtiment ! »
Et tous ont crié, pleurant tous ensemble :
« Réponds, Dieu clément ! »
… Tous ont attendu dans les tabernacles
Que Dieu répondît,
Par sa grande voix, la voix des miracles,
A l’homme maudit…
Mais tous vainement, l’oreille à la porte,
Ils ont écouté…
« Justice du ciel, serais-tu donc morte
Dans l’éternité ? »
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