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Miette et Noré
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CHANT II
HISTOIRE DE RIRE
… Et des Noëls, on en chanta de toute sorte.
Tous partaient au refrain de leur voix la plus forte,
Et maître Antoine, gris, ne dormait pourtant pas,
Tant vive était la joie, après ce beau repas.
Puis, un voisin joua des scènes de la crèche,
Imitant tour à tour Marie à la voix fraîche,
Saint Joseph, son époux, à la ronflante voix,
Et les gestes de ces personnages de bois :
D’abord l’Ange descend, au bout d’une ficelle,
Sa trompette à la main, annonçant la Nouvelle :
« Bergers de ces coteaux ! » et les bergers surpris :
« Il parle francihot comme ceux de Paris !…
Parla-nous prouvençaoù ! » La scène continue ;
Puis, lorsque la Nouvelle est en tous lieux connue,
Chacun porte à Jésus ses plus riches présents,
Les pâtres, des agneaux ; les Mages reluisants,
(Dont un nègre !) offriront le coffret magnifique,
Et le pauvre flûteur, son âme et sa musique.
— « … A ce matin, — j’ai rencontré le train
De trois grands rois qui partaient en voyage ;
A ce matin, j’ai rencontré le train
De trois grands rois qui passaient par chemin ! »
« A vous, voisin Joseph ! » — « C’est qu’il pleut quand je chante !
Et puis… je ne sais rien ! » — « Le rieur ! il plaisante ! »
— « Je ne chante jamais. » — « Tu contes, c’est bien mieux. »
— « Je commencerai donc, mais… soyez sérieux ! »
On rebourra la pipe, on rapprocha la chaise,
Et pour mieux écouter chacun étant à l’aise,
Le farceur, gravement, sans sourire une fois,
Conta ce conte-ci, — qu’il inventait, je crois :
SAINT MICHEL
« Il s’agit des gens de Six-Fours…
(A Marseille on dit de Martigues ;)
… Jamais bernant, bernés toujours,
Gens sans malice et sans intrigues,
Et qui peuvent prendre en un jour,
Si l’on veut leur jouer le tour,
Les raisins muscats pour des figues,
Et la flûte pour le tambour !
Or un an que la sécheresse
Faisait des siennes alentour,
Et rôtissait tout comme au four,
Le curé dit après la messe :
« Faut prier, pour qu’il plaise à Dieu
De pleuvoir, — ne fût-ce qu’un peu.
C’est sûr que s’il veut, — il le peut ! »
Les Six-Fournains dressent l’oreille…
Sans comparaison d’animaux,
Ils dressent l’oreille à ces mots,
Car de sécheresse pareille
On n’avait pas vu de longtemps
Et Dieu veuille d’ici cent ans
N’en pas mander à nos enfants !
Les blés jaunes dès le printemps,
Les pampres rouges sur la treille,
Pas de suc aux fleurs pour l’abeille,
Pas aux grappes pour la bouteille,
Et la terre qui s’ensoleille
S’ennuyait de soif, nom d’un nom !
Et te bâillait de long en long
D’Antibes jusqu’en Avignon,
En passant par Digne et Marseille !
Les Six-Fournains, jugez un peu,
Sous le ciel toujours d’un gros bleu
Pechère ! n’avaient pas beau jeu,
Perchés sur leur colline en pointe
Qui craquait par le sec disjointe,
Et qui n’eût pas donné de l’eau
De quoi faire boire un oiseau
Ou mouiller le bec d’une cruche,
Quand ils l’eussent, les braves gens,
Avec des puits dans tous les sens
Percée à jour comme une ruche !…
Tant pis pour qui si haut se juche !
Au bout de trois jours révolus
De miséréré, d’orémus,
Et de tous les amens connus,
Quand ils eurent prié Jésus
Et tous les saints du saint royaume :
— « Que récolterions-nous ? du chaume !
Dit un vieux, s’il ne pleuvait plus ?
Eh donc, puisque saint Michel chôme,
Et nous accueille de refus,
Voici ce que moi je conclus :
Un brancard et le saint dessus
Et partons pour la Sainte-Baume ! »
Le curé leur prêta le saint,
Un magot assis, de bois peint,
Sculpté sans doute à coups de hache,
Jaune de barbe et de moustache,
Bleu de cheveux et d’habit vert,
Qui portait sur un fil de fer
Son auréole trop en l’air,
Et de côté… comme un panache !…
On prend le saint ; on vous l’attache
Sur deux pins abattus exprès ;
On fait quelques petits apprêts :
Les carniers ne restent point flasques,
Et l’on n’oublia pas les fiasques.
Quatre hommes prennent le brancard,
Sur l’épaule un bon bout de branche,
Campent une main sur la hanche,
Et — les voilà prêts au départ.
Ils étaient suivis de deux autres
Pour remplacer les fatigués,
Et voilà mes six bons apôtres
Qui moitié tristes, moitié gais,
Bénis par le curé qui chante,
Par leurs femmes pleurés d’un œil,
Emportent sur la route en pente
Saint Michel dans son bon fauteuil !
Là-haut, tout Six-Fours, l’âme en peine,
Suivit bien longtemps du regard
Les six Six-Fournains dans la plaine
Qui marchaient d’un pas de départ.
Ai-je dit : six ? Qu’on me reprenne !
Derrière les six — en retard,
Un gros bon mulet oreillard
Qui porte à ses flancs, le gaillard,
Manne double et d’avoine pleine,
Me gâte ma demi-douzaine !
Ce mulet suivait pour le cas
Où, grâce à sainte Magdeleine,
Il pleuvrait gros comme le bras :
En ce cas, pourquoi perdre haleine
A porter sur échine humaine
Un saint massif en bois de chêne !
C’est bon pour un saint qu’on emmène
De marcher à dos de chrétien ;
Mais quand il a, par faveur grande,
Accordé ce qu’on lui demande,
Au saint dont on n’attend plus rien,
Le dos d’un mulet suffit bien !
Ils allaient d’abord d’un pied leste ;
Mais au bout de quelques cent pas
Il leur fallut quitter la veste
Qu’ils se passèrent sur le bras.
Car le mulet… par saint Sidoine !
Nos Six-Fournains ne songeaient pas
Que ce gaillard, gras comme un moine,
N’était chargé rien que d’avoine,
Et c’est pourquoi, déjà bien las
Ils portaient, en geignant tout bas,
Chacun sa veste et son repas.
Et l’avoine, foi d’honnête homme,
Était pour la bête de somme,
Croyez-moi, oui, pour le mulet…
Pourquoi riez-vous, s’il vous plaît ?
En entrant aux gorges d’Ollioules,
Des enfants qui jouaient aux boules
Dirent : « Té, vé ! des Six-Fournains ! »
— « Et comment le savez-vous, drôles ? »
Le plus petit de ces gamins,
Faisant porte-voix de ses mains :
— « Quand on promène ainsi les saints,
Il faut être pareils d’épaules !
Les deux géants, les quatre nains
Et le mulet, — sont Six-Fournains ! »
Les six hommes se regardèrent,
D’un commun accord s’arrêtèrent
Et le saint, — ils le déposèrent
Sur le parapet du torrent,
Qu’un jardin d’orangers embaume !…
Le plus grand dit : — « La farce empaume !
Je suis de retour de la Baume !
C’est vrai, mon compère est trop grand. »
Mais le compère : — « Il voit ma paille,
Et sa poutre, il ne la voit point !
C’est toi le trop grand ! » — « Pas besoin
Dit un autre, qu’on se chamaille.
Mettez-vous près ; — bon ; — un peu loin.
Bon ! vous êtes égaux de taille ! »
Et tous les six, de désespoir,
Dirent des « sacrés !… » fallait voir !
Ce qui n’était pas leur devoir,
Surtout dans un pèlerinage
Qu’ils faisaient pour faire pleuvoir !
— « Il faut reprendre le voyage,
Dirent-ils enfin tous les six ;
Que les deux grands, par essayage,
Remplacent deux des trop petits…
(Heureux saint Michel, d’être assis !) »
Ils essayent… Le saint bascule !
Donc, à se faire remplacer
Les quatre durent renoncer.
Retourner était ridicule :
Six-Fours même eût ri de Six-Fours !
Que faire donc ? marcher toujours !
Et par un chaud de canicule
C’est pourquoi le soir le Bausset
Vit cette bande qui passait,
Huit Six-Fournains dont un mulet
Et le saint de bois… qui pesait !
Ils cheminèrent de la sorte
La nuit, sous le ciel chaud d’été,
Et pour voir le saint et l’escorte,
Dans les villages en gaîté
Chacun paraissait sur sa porte.
De bonne heure, le lendemain,
Ils passaient à Saint-Maximin.
A Nans, les vieilles paysannes
Leur firent offre de leurs ânes
Qui sont bâtés pour les Anglais,
En leur criant : « Regardez-les !
Ils sont du pays d’où vous êtes,
Et ce sont de très bonnes bêtes ! »
Le sentier qui monte fut dur.
S’ils suaient, je le crois ! de sûr !
Les deux premiers pliaient l’échine,
Les deux autres se faisaient grands,
Et tels (suivis des deux géants) !
Et du bon vieux mulet qui dîne,
Mâchant les chardons et l’épine,
Cahin-caha le saint chemine,
Et nos piétons dans la ravine
Font rouler les cailloux sonnants.
Ils montent ainsi la colline…
Té ! les voilà sur le plateau…
La Sainte-Baume, que c’est beau !
Le bois est vert, bien nourri d’eau,
Au Nord, sous la grotte et la source ;
Allez-y voir ; ça vaut la course.
Quel beau bois, mes amis de Dieu !
Des arbres viennent en ce lieu,
Qu’on voit en Russie, en Norwège,
Sous les ciels de pluie et de neige,
A Paris, aux pays du froid !
Enfin, c’est un sublime endroit.
Si fraîche en terre provençale,
Cette forêt n’a pas d’égale
Dans le pays de la cigale…
Juste au-dessus de la forêt,
Dans le roc, la grotte apparaît,
Noire comme une gueule ouverte
Qui veut manger la forêt verte !
Un cabanon est à côté
Par des capucins habité,
Comme un nid dans le roc planté.
Enfin le Saint-Pilon domine ;
C’est le mont au-dessus duquel
La Sainte, par grâce divine,
Aux bras des anges, en plein ciel,
Volait et planait comme en rêve,
Toute nue et blonde comme Ève.
Quand jusqu’à la cime on s’élève,…
On voit la mer ! — et sur la grève
La Ciotat, — Marseille, — Toulon,
Plaine, montagnes et vallon,
… La Provence… de long en long !
Les Six-Fournains, comme on peut croire,
Ne montèrent pas jusqu’en haut,
Mais, las et suant comme il faut,
Ne songeaient qu’à manger et boire.
Ils s’arrêtèrent dans le bois
Et s’assirent tous à la fois.
Les carniers s’ouvrent. On débouche
Les fiasques, — qu’on porte à la bouche ;
Le mulet broute, — et le saint… louche.
Ils commençaient ce bon repas
Quand tout à coup : — « Tu n’entends pas ?
Je crois qu’il pleut ! » — « Rien qu’une goutte !
Eh non, il ne pleut pas. » — « Écoute !
L’eau qui tombe à travers le pin !… »
— « Oï ! j’en ai reçu sur la main ! »
— « Moi sur le pied ! j’en suis certain ! »
— « Moi sur le nez ! sans aucun doute ! »
— « Miracle ! il pleut ! » Et les chemins
Déjà se changeaient en rivières,
Que nos six braves Six-Fournains
Disaient : « Je crois qu’il pleut, compères ! »
L’eau trempa leur vin et leurs pains…
Et nos gens, — exaucés trop vite ! —
Et que déjà le diable excite,
Mal contents d’être là sans gîte,
Regardent de travers le saint
Déjà sous l’eau presque déteint !
En quelques minutes, la troupe
Fut saucée… un poulpe… une soupe.
Ils ne songeaient pas au couvent
Où l’on ouvre à tout arrivant !
Ils n’avaient qu’une seule idée :
Six-Fournains partout et toujours,
C’était, pour fuir la grosse ondée,
D’aller s’abriter à Six-Fours !
Au moment de se mettre en route,
Voyant comme le saint dégoutte
Les quatre porteurs dirent : — « Non.
Le porte qui veut, nom d’un nom !
Nous voulions qu’il pleuve, sans doute,
Mais, grand saint, un peu de raison !
Après si longue sécheresse,
Tu pouvais nous laisser sans presse
Rentrer d’abord à la maison !…
Portez-le, vous deux, camarades ! »
Dirent-ils aux deux grands gaillards.
Ceux-ci font de mauvais regards :
— « Portez-le, vous ! » — Et des deux parts
On s’attaque d’abord d’œillades,
Puis de gros mots, puis de bourrades,
Et le mulet s’épouvantant
De l’eau, du tonnerre grondant,
De tout le fracas qu’il entend,
Comme un cabri fait des gambades,
S’affole et, donnant de la voix,
Tout en broûments et pétarades,
Vous flanque deux ou trois ruades
Dans le poitrail du saint de bois
Qui dans le ravin débouline
Et plus vite qu’il n’est monté
Descend du haut de la colline…
Cette fois, sans être porté !
Toute la bande alors s’approche
Au bord du ravin, sur la roche,
Et d’une voix pousse ce cri :
« Tu y es,… nigaud !… restes-y ! »
Et sous l’eau qui vous les transperce,
Le mulet les suivant toujours,
Ils s’en vont ! maudissant l’averse
Qu’ils venaient chercher de Six-Fours !
La pluie étant près de se taire :
… « C’est qu’il fallait ça pour la terre !
L’oiseau chante ; l’arbre est plus vert ;
Et puis le vin sera moins cher !
Nous avons fait pleuvoir, c’est clair,
A faire déborder la mer.
C’est la fin de la sécheresse ! »
Et nos gens, emplis d’allégresse,
Vous lançaient les chapeaux en l’air !
Six-Fours reparut dans la plaine
En pain de sucre à l’horizon.
Ça ne leur fit pas de la peine
De revoir chacun sa maison.
Mais l’un d’eux fit : — « Oï ! vois ces souches !
La poussière est encor dessus ! »
Et tous les six, — ouvrant des bouches ! —
Regardent, confus et déçus,
Autour d’eux, devant et derrière
Les pampres blancs, blancs de poussière !
Ils ouvrent les yeux et le bec :
Oh ! coquin de sort ! tout est sec !
Le lézard dort, la terre bâille,
La cigale partout criaille,
Et sur les clapiers, la pierraille
Et l’olivier, — midi dardaille !
Saint Michel vous fait de ces tours…
Il n’avait pas plu sur Six-Fours !
Et les bonnes gens sur leur porte
Criaient à nos six pèlerins
Quand ils rentrèrent : « Oh ! coquins !
Si la sécheresse est plus forte,
La faute est à vous, malandrins,
Forçats, gueux, marrias, gourrins,
Voleurs, démolisseurs de saints ! »
Enfin… (il faut que je le dise !)
Le saint fut par un charretier
… Dans une charrette à fumier !…
Rapporté devant son église.
Devinez ce qui se passa ?
Le curé dit : — « C’est pas tout ça !
Ayant pour le pèlerinage
Fourni mon saint en bon état,
Je le veux tel qu’on l’emporta,
Verni, peint-neuf, et cætera.
Ou bien on verra qui rira ! »
Et le saint resta là pour compte !
Il avait le nez fracassé,
Un de ses yeux d’émail cassé,
Et déteint, noir, dévernissé,
Il faisait peur et faisait honte !…
C’est ça qui pouvait fâcher Dieu,
De voir un saint sans feu ni lieu !
A la fin, le Conseil s’assemble.
Et, — discours du maire : « Il me semble
Que de le laisser là, — c’est mal ! »
Tout le conseil municipal
Eut même avis… en général !
Le maire reprit : « Où le mettre ?
Personne ne veut plus le voir !
Et s’il reste en plein air, peut-être
Que Dieu ne fera plus pleuvoir !
J’ai donc une idée, à savoir :
Comme il ne passe ici personne
De ces coquins qu’on emprisonne,
Six-Fours étant perché trop haut,
Voici mon idée… En un mot,
Notre prison est inutile,
(Ce n’est pas comme dans la ville !…)
Zou ! dites-moi si j’ai raison :
Fourrons le saint dans la prison !
Tout le conseil fut unanime.
Et, sans avoir commis un crime
Le saint fut en prison conduit
Sans procès, scandale ni bruit,
Le jour même, — mais dans la nuit.
Il est en prison. Son œil brille
Derrière les barreaux de fer,
Et les enfants, garçon ou fille,
Ont peur de le voir, sous la grille,
Sans nez, — un singe ! une guenille !
Plus noir qu’un diable dans l’enfer ! »
Pendant tout ce récit, le conteur, l’air sévère,
Avait fumé sa pipe et regardé son verre
Car on est sérieux quand on a de l’esprit.
Mais quand il eut cessé, — le rire qui le prit,
Comme un coup de canon domina tous les autres.
— « Ah ! compère Joseph, quels contes sont les vôtres ! »
Et le rire nourri pétillait et grondait.
De nouveau sérieux, le conteur regardait
Autour de lui, ravi, fier de voir les figures,
Rouges, fermer les yeux et montrer les dentures ;
Et c’était un concert de rire, — air et refrains, —
Mistral et vents coulis, — flûtes et tambourins ; —
Et dans ce train-coquin qui semble une dispute,
Le rire de Miette est plus doux que la flûte.
« J’en mourrai ! » — « Je suis mort ! » — « Quel rire, braves gens ! »
Déjà propos pareils, des plus encourageants,
Avaient aux bons endroits coupé le joyeux conte,
Et sans parler du rire en germe qu’on surmonte,
Les éclats qu’on faisait toujours plus longs, plus fous,
(En frappant les genoux des voisins à grands coups
Pour se communiquer le malin de la chose),
Présageaient au conteur, forcé de faire pause,
Le succès qui s’accrut, jusqu’à la fin montant !
— « De grâce, arrêtez-moi de rire pour l’instant ! »
Criait l’un. — « Ah ! mon Dieu ! Mion, j’ai mal aux côtes ! »
Et dans ce branle-bas François dit à ses hôtes :
— « C’est l’instant de lever le coude, mes amis !
Voyez-vous, — en tout temps le bon boire est permis,
Mais après la fatigue il devient nécessaire ! »
Et, le rire cessant, chacun leva son verre.
— « … C’est bon de rire un peu sur la fin d’un repas,
Reprit François, j’ai ri. — Mais ça n’empêche pas
Que, malgré votre histoire et vos plaisanteries,
J’irai, vienne l’été, voir les Saintes-Maries-
De-la-Mer, en Camargue ; oui, j’en ai fait le vœu.
Étant dans un péril j’ai promis devant Dieu,
Et si tu veux, Mion, petite Mariette,
Tu viendras avec moi, cet été, voir la fête
Des Saintes-de-la-Mer, — dont tu portes le nom. »
— « Si ma mère y consent, moi je ne dis pas non, »
Fit Mion, qui songea : « De ce pèlerinage
— Si le bon Dieu le veut — viendra mon mariage ! »
Et lorsque les amis se furent retirés,
Et que Miette en haut dormait à poings serrés,
François dit aux parents : « Écoutez, mon beau-frère,
Ma sœur ; j’ai mes projets ; il faut me laisser faire.
Nous irons en Camargue, — à bord d’un bon bateau ;
… Et le fils du patron, mon ami, riche, beau
Et jeune, épousera, s’il vous plaît, votre fille.
Il me faut un marin, jeune, dans ma famille,
Et riche. J’ai promis ma nièce à mes amis… »
— « Notre fille tiendra ce que l’oncle a promis ! »
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