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Miette et Noré
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MIETTE ET NORÉ
INVOCATION
« Si je te connais bien, Provence, et si je t’aime,
Tombe vivante des aïeux,
Dicte-moi des vers forts comme tes rochers même,
Et, comme ton ciel, purs et bleus.
« Inspire-moi l’élan des hautes vagues claires
Battant la terre à temps égaux,
Et la simplicité de tes chants populaires
Où sonne l’âme des échos.
« Je n’écoute que toi. Sois ma muse, toi seule ;
Souffle-moi ton âme et mes vers,
Nourrice aux flancs dorés, jeune et puissante aïeule,
Terre des myrtes toujours verts.
« Tout ce qui n’est pas toi, tes flots, ta plage amère,
Efface-le de mon esprit…
Je veux être un enfant qui répète à sa mère
Les plus beaux chants qu’il en apprit ! »
… Et sortant aussitôt des projets et du rêve,
J’ouvris ma croisée au levant,
Puis celle du mistral, puis celle de la grève,
Mes quatre fenêtres au vent :
« Entre, Soleil ! — Toi, Vent, souffle, murmure et crie ;
Viens-moi du Sud comme du Nord !
Apporte-moi vivant l’esprit de la patrie,
Et la poussière de la mort !
« Apporte-moi le bruit des eaux creusant les roches,
L’adieu des vaisseaux inclinés,
L’appel des laboureurs, le son perdu des cloches,
Le cri nouveau des derniers nés !
« Entre, et m’apporte, ô Vent, par mes vitres ouvertes,
Tous les bruits et toutes les voix,
Cependant qu’au travers des hautes branches vertes
Je chanterai ce que je vois. »
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