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Miette et Noré
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LES RUISSEAUX
PRÉLUDE
A côté de tous nos ruisseaux,
Le Rhône a l’air d’un père ;
Pour la force et l’élan des eaux,
La Durance est la mère.
Tous ils portent, verts sur le bord,
Près du myrte — l’yeuse,
Le peuplier, le bois du Nord,
Qu’appelle l’eau joyeuse.
Pendant l’hiver ils sont torrents ;
Au printemps, fournis d’herbe ;
En automne, encor murmurants ;
L’été — secs comme gerbe !
Pourtant, lorsque sous un ciel d’or
La plaine est jaune et dure,
Même taris, ils sont encor
Des torrents de verdure.
Peut-être l’un d’eux, s’étalant
Tout en pierre éclatante,
Montre son lit nu — mais si blanc
Que l’âme en est contente !
Et torrents, ruisseaux, ruisselets,
Ils ont tous un nom tendre…
Les jolis noms ! écoutez-les :
L’Argens, la Douce et l’Endre.
L’Argens reluit comme le ciel ;
L’Endre est douce aux oreilles ;
Nous avons le Ruisseau de Miel,
Et le Riaù des Abeilles.
Mais on donne à beaucoup d’entr’eux
Un nom cher au jeune homme :
La Rivière des Amoureux,
Voilà comme on les nomme !
C’est que, le printemps et l’été,
Quand l’oiseau s’amourache,
Leur lit plein d’ombre est fréquenté
Par l’amour qui se cache.
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