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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage
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LE VEAU ET LA SALADE
En l’honneur des vrais principes démocratiques,
Des gens sont réunis qui, pour un prix modique,
S’apprêtent à manger le veau et la salade
Jusques à s’en rendre malades :
— Crevons s’il faut en crever, camarades,
Mais Vive la République ! —
Le veau, contre son habitude,
Donne des signes d’inquiétude,
Que le président du banquet
Ne tarde pas à remarquer,
Et il l’invite à s’expliquer ; —
D’un geste,
Le veau s’excuse ; il n’est pas orateur ;
— (Parlez ! parlez !) — Messieurs, j’ai tenu à honneur
D’apporter aujourd’hui mon contingent modeste
A cette fête des travailleurs :
La salade fera le reste ;
Mais, c’est ici que je proteste :
Avons-nous donc, messieurs, fait si peu de chemin
Que nous soyons encor caudataires du pape ?
Les cléricaux doivent rire sous cape :
Avec moi, de moitié, admettre en vos agapes
Une barbe-de-capucin ! —
Ces mots ont fait, dans l’assistance,
Courir un long frémissement,
Dont le président un moment,
Vainement,
Veut atténuer l’importance,
— A l’incident, dit-il, donnons sa juste suite ;
Non, tu n’es plus, salade que voilà,
Barbe-de-capucin ; messieurs, baptisons-la :
C’est de la
Vieille-barbe-de-quarante-huit. —
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