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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage
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LA JARRETELLE
Les passants ouvrent des prunelles
Grandes comme des portes cochères,
Cependant qu’à l’abri d’une porte cochère,
L’épouse répare le désordre de sa jarretelle ;
Et les maris font sentinelle,
Jaloux d’une jambe si chère :
Yeux des passants tournés vers la porte cochère,
Grands comme une porte cochère !
C’est une chose fantastique, —
Et pour la concevoir il faut que l’on pratique
L’existence matrimoniale et domestique, —
Que la fragilité extrême de ces élastiques.
La jarretelle n’est pas plus tôt
Fixée au haut,
Au haut d’un bas,
Qu’au premier pas,
Même sans faux
Pas,
Crac ! casse, et le bas est à bas :
Fragilité inconcevable de ces élastiques !
Je songe à Diane chasseresse :
Au magasin de quelle rue
Achetait-elle les bandelettes, dont les tresses
Enserraient, de leur force et de leur souplesse,
Ses jambes nerveuses et nues ?
Mais nul mari n’accompagnait Diane chasseresse.
Les maris auront dans leur poche,
Ou du moins feront bien d’avoir,
Une aiguillée de fil noir,
Et toujours une pelote
D’épingles : —
C’est même cela qui les distingue,
Qui, l’homme marié dénote,
Beaucoup mieux que l’anneau des noces :
Il convient que les maris offrent,
Pelote douloureuse, leur cœur à mille traits : —
Et une pelote d’épingles après.
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