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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage

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SCRIPTA VOLANT…

Je voudrais inventer un plat,
Un plat subtil et délicat,
Avec des sauces singulières :
Pont-aux-ânes des cuisinières,
— Coup d’œil, science et tour de main, —
Langouste ou simplement veau à la Franc-Nohain :
C’est ma mère qui serait fière !
Dans des repas considérables on le servirait,
Où seraient des femmes d’ambassadeurs, et des ministres ;
Et, en faisant claquer sa langue, chacun dirait,
Très allumé, tout guilleret :
— Fichtre de fichtre !
Franc-Nohain, Franc-Nohain, — pas encor décoré ?
Roujon, Roujon,
Que fais-tu donc ?
Ah çà ! aux Beaux-Arts, qu’est-ce qu’ils fichent ? —
Et dans dix ans, et dans vingt ans, et dans cinquante,
C’est mon nom qu’à l’oreille et d’un air entendu,
Chuchoteraient aux gigolos et aux vieux repus,
Aux fabricants du Nord, aux éleveurs du Centre,
En partie fine, bien entendu,
Les gras maîtres d’hôtel, éducateurs des ventres.
Et comme, en ce temps-là, je ne saurais prétendre
(Pourquoi, pourquoi vous en défendre ?)
Que l’on se souvînt de mes vers, —
On dirait du moins, je l’espère,
On dirait : — Franc-Nohain ? Un type dans le genre
De Lucullus, de Béchamel et de Colbert.
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