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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage

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LES SOUCIS DU MÉNAGE

INTRODUCTION A LA VIE RANGÉE

Voilà un quart d’heure que je cherche mon papier buvard
Et mes plumes d’oie familières ;
Le buvard, chose singulière,
N’est plus dans la boîte à cigares ;
Et vous, plumes, sans crier gare,
Regagnâtes-vous des volières ?…
Voilà un quart d’heure que je cherche mon crayon bleu,
Qui, d’ordinaire, voisinait avec ma pipe :
Je ne peux pas retrouver mon crayon bleu ;
C’est peut-être ce qui explique
Que je ne puisse, que je ne peux,
Je ne peux pas non plus retrouver ma pipe…
Voilà un quart d’heure que je cherche mon coupe-papier
En imitation d’ivoire :
Il traînait toujours sous mes pieds,
Là, près du panier
A papier :
C’est à n’y pas croire !
Tout cela me serait égal,
Mais où est ma carte, où ma carte du Transvaal ?
Alors, j’ai tout flanqué par terre ;
Vlan ! à grands coups de mes talons ferrés,
Tous les tiroirs sont éventrés :
— Tonnerre !
Tonnerre ! où les a-t-on fourrés,
Mon buvard, tonnerre sacré !
Et mes plumes d’oie familières ;
Où ma carte, ma pipe, avec mon crayon bleu,
Sacré tonnerre,
Tonnerre de Dieu !… —
Mais le bureau familial, et de vieux chêne,
Mon vieux bureau, qui en a bien vu d’autres,
Craque et m’apaise : — Tu t’emportes,
Eh ! là, eh ! là, mon Maître, quelle scène !…
Colère vaine !
Querelles sottes !
Oublies-tu donc, hier encor célibataire,
Que maintenant la bonne fée est au logis,
Qui tiendra tout en ordre ici :
Car le souhait est accompli,
Que tant de fois, le soir, pour toi j’entendais faire
Et à ta sainte mère, et à ton digne père ;
Oui, l’épouse fidèle a passé là, cher ange
Qui range,
De sa main diligente, habile auxiliaire,
Qui range maintenant tes petites affaires.
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