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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage
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EN DÉCOR
Préparons
Les petites boîtes de pilules au goudron,
Les pepto-fer et les peptones,
Qui ne doivent rien à personne ;
Préparons
Les fioles où, des hôpitaux ancien interne,
Un praticien habile, et fertile en kolas,
Colla
L’avis impératif du seul usage interne.
Fi ! comme les gens nous dégoûtent,
Qui, dans leur verre, ne versent rien au pèse-gouttes,
Et qui, sans avoir pris aucun cachet, ni sels,
Se jettent sur le vermicelle !
On se gausse d’eux à l’office :
A quoi bon soigner les services,
Pour des estomacs si novices ?
Nous, au contraire, à nous voir aussi délabrés,
Un grand respect envahira les valets glabres.
Tant de précautions préalables
Dont nous nous sommes entourés,
Tant de fioles sur la table :
Le maître d’hôtel le plus rogue
S’attendrira devant nos drogues ;
Ce n’est pas
La hâte irréfléchie et brutale des ogres :
— Oh ! que,
Oh ! que de vins il dut absorber, que de plats,
Que de sauces goûter pour en arriver là !
Rien des cuisines ne lui dut rester étranger ;
A la bonne heure,
Voilà un homme qui sait manger,
Un véritable amateur ! —
Honneur donc, honneur au convive
Qui, près de son couvert, installe,
Parmi l’argenterie, la porcelaine et le cristal,
Une petite pharmacie portative !
Et qu’à la lueur des bougies,
En auréole de féerie,
Les carafes de chablis et de bordeaux
L’irradient de mille feux, comme les bocaux
D’une véritable pharmacie !
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