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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage
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AMICALES
Annuelles ou mensuelles,
Dans quelque coin du vieux Palais-Royal,
Les agapes sont amicales,
Amicales et fraternelles.
C’est là qu’on va vous taper sur le ventre,
En vous le remplissant pour vos six francs cinquante ;
— Eh ! bien, mon brave !
Vous dit le bon géant barbu :
Comment ! tu ne me reconnais plus ?
Rappelle-toi, — le petit Gustave !…
Le temps passé que l’on regrette,
En bien, en mal, comme il nous a changés !…
— As-tu mangé le saumon sauce verte ? —
— Je l’ai mangé ! —
Chaude et cordiale atmosphère,
Au milieu de tous ces gens qui
Ont beaucoup connu votre père,
Ou même vous prennent pour lui !…
Et il se peut que l’on entende
Un ministre faire, en patois,
Une allocution semée de traits grivois,
Et puis boire, en enflant la voix,
A la petite patrie au sein de la grande !
En tout cas, serons-nous pas aises,
D’avoir, à l’œil, une audition
De la Grève des Forgerons,
Par un ancien acteur de l’Odéon,
Ou un pensionnaire de la Comédie-Française ?
En avant, couteaux et fourchettes,
Fermez le ban ! chantons du Béranger !
— As-tu mangé le saumon sauce verte ? —
— Je l’ai mangé ! —
Et maintenant, inutile de suivre à la sortie
La grande et la petite patrie :
Les vieillards qui s’accrochent à vous, et qui se disent
Les vieux amis de votre famille
Uniquement pour qu’on les conduise
Chez des filles :
D’autres, rapides et discrets,
Vous ont quitté, — et que l’on retrouve après :
Mais, à coup sûr, par pur hasard,
Le temps de fumer un cigare…
Des lanternes numérotées, rouges ou vertes,
Servent de phare aux vieux Messieurs rangés :
— As-tu mangé le saumon sauce verte ? —
— Je l’ai mangé ! —
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