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La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage
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LA DÉLICATE ATTENTION
Je m’étais demandé parfois,
Arrêté devant l’étalage des spécialistes,
Je m’étais demandé, dans mon âme simpliste,
Vers quelle île, à travers quel isthme,
Devait un jour cingler telle cravate à petits pois,
Brique, vert-pomme ou caca-d’oie,
Orgie, ou cauchemar, ou quoi ?
D’un chemisier dément ou symboliste :
Car il est de ces cravates surprenantes,
Qui nous laissent muets de stupeur,
Future cargaison de bateaux à vapeur,
Au Havre (pense-t-on) ou à Nantes,
Et qu’on imagine volontiers,
Unique vêtement de quelque vieux roi nègre,
Qui rendrait la justice, intègre,
Là-bas, sous un grand cocotier,
La cravate abricot enserrant son cou d’aigle…
Rêveur, où donc as-tu la tête,
O triple et quadruple poète !
Et tu n’as pas deviné la cravate,
Cette cravate
Qu’attentionnée et délicate
L’épouse dévouée offrira, le vingt-quatre,
A son mari, pour sa fête ?
Elle a choisi elle-même, et s’en flatte :
— Tu pourras la mettre longtemps,
Car c’est un tissu résistant,
Qui ne s’use qu’avec le temps ! —
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