Lettres à sa fiancée
Vendredi, 20 décembre.
Ma chère amie, ma bien-aimée,
Hier, mon espérance était vaine, je n’ai pas pu dormir. J’ai passé une nuit horrible et l’abomination des vomissements est à recommencer.
Tout cela est vraiment bien douloureux. Je devrais, aujourd’hui, avoir fini mon travail.
Ne mangeant plus, je m’affaiblis un peu, mais sans souffrir. Ce qui m’est dur, c’est la soif continuelle que je ne puis satisfaire qu’à demi et avec de grandes difficultés. A chaque goutte de liquide, j’ai la sensation d’un coup de couteau dans la gorge.
Quand cela finira-t-il ?
Ma pauvre Jeanne, je crois bien que tu as eu tort, hier soir, avec ton tilleul qui m’a un peu produit l’effet du thé. Je ne suis pas sûr du tout de ce que je dis, mais il me semble que j’aurais eu une nuit meilleure si je n’avais rien pris, comme c’était mon intention.
Ma bien-aimée, je te porte tout au fond de mon cœur et je suis profondément touché de ton dévouement, mais, vois-tu, j’ai eu cet horrible mal deux fois déjà. La première fois, j’ai été, paraît-il, en danger d’en mourir. Eh ! bien, je connais le traitement : boire du lait et vomir, il n’y a pas autre chose.
Au revoir, chérie. J’ai peur de la nuit prochaine, il me semble que ça va moins bien qu’hier.
Elles sont si désespérantes, ces nuits d’insomnie et de douleur !
Ton Léon.
Aide-moi de ta prière.