Lettres à sa fiancée
Dimanche.
Chérie,
Je sors de la grand’messe. De quel mot pourrais-je me servir pour t’exprimer ma joie, mon attendrissement profond. Mon cœur se liquéfiait dans ma poitrine en demandant à Jésus son secours pour toi et pour moi. Je te l’ai dit, c’est toi qui m’as rendu à Dieu, c’est par toi que l’esprit de prière m’est revenu, mon cher ange, ma petite colombe adorée, mon très bienfaisant et très enivrant amour. Tu es la maîtresse de mon cœur et j’appelle sur toi des bénédictions infinies. Avec toi, je le sens un peu plus chaque jour, tout ce que j’ai perdu me serait rendu et notre vie serait un rêve sublime, une extase de paradis.
Je voudrais, un dimanche, pouvoir entendre avec toi la grand’messe dans une église éloignée où nous ne pourrions être rencontrés. J’ai besoin de prier à côté de toi, de m’enivrer avec toi du son de cet orgue admirable qui nous parle de Dieu. Dis, mon amour, est-ce que cela est impossible ?
Je t’écris en hâte et sans trop savoir ce que j’écris. Mon sang, mes larmes, ma vie, tout est à toi. Je t’aime comme un insensé.
Léon.