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Au bord du Désert: L'âme arabe (à Pierre Loti); Impressions; Souvenirs; Légendes arabes; La pétition de l'Arabe
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LA DANSE DE L’ABEILLE
Prise, par une abeille,
Pour un rosier en fleur,
Merveille
De grâce et de couleur,
Zorah danse, et, du voile,
La chasse, — et son regard
D’étoile
La poursuit au hasard.
Et l’abeille chantante
Dit : « Ce rosier fleuri
Me tente ! »
Et Zorah pousse un cri !
Une rose, l’oreille
De la belle Zorah !
L’abeille,
Chassée, y reviendra.
Le voile aussi voltige !
Et l’abeille poursuit
La tige
De son rosier qui fuit !
Où s’est-elle posée ?
La danseuse se sent
Baisée
Sur sa lèvre de sang !
Une rose, sa bouche
Que mouille une eau du ciel !
La mouche
Y vient chercher son miel !
Le voile qu’on lui lance
Manque l’insecte ailé !…
Silence !…
Où s’est-il envolé ?
« Ah ! c’est dans ma poitrine ! »
On dirait qu’un essaim
Butine
Les deux roses du sein !
Et Zorah, qui s’arrache
Du cou ses sequins d’or,
Se fâche,
Se sent piquée encor !
Zorah jette sa veste !
Même elle ôte, en dansant,
Le reste,
Car l’abeille descend !
Zorah, la belle fille,
Qu’un pantalon plissé
Habille,
Sur ses pieds l’a glissé !
Et l’abeille en maraude
Ne cherche plus ailleurs,
Et rôde
Sur la reine des fleurs !
Zorah gardant les poses
D’un effroi gracieux,
Ses roses
Nous enchantent les yeux.
On comprend qu’une abeille
L’ait pu trouver un jour
Pareille
Au rosier de l’amour !
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