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Au bord du Désert: L'âme arabe (à Pierre Loti); Impressions; Souvenirs; Légendes arabes; La pétition de l'Arabe

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FANTASIA

En avant, mon cheval, aïa !
Fantasia !
Les deux tribus vont en découdre.
Drus, ondulants comme des blés,
Les cavaliers sont rassemblés.
On va faire chanter la poudre !
Aïa, aïa !
Fantasia !
L’une vers l’autre, les deux troupes
S’élancent, ayant pris du champ…
Elles volent, — se rapprochant !…
Crinières, dos, visages, croupes !
Aïa, aïa !
Fantasia !
Arrivés face à face, halte !
Brusquement, on s’est arrêté :
Chacun, — son coup de feu jeté, —
Pousse un cri, repart et s’exalte !
Aïa, aïa !
Fantasia !
Chacun se débat comme quatre.
Tromblon, pistolet, mousqueton,
Comment donc les recharge-t-on ?
On est toujours prêt à combattre !
Aïa, aïa !
Fantasia !
C’est un vrai tableau de la guerre ;
On se heurte, on se brave, on fuit,
On tombe, on hurle. Cris et bruit.
On se blesse, mais ce n’est guère !
Aïa, aïa !
Fantasia !
Cette mêlée en gaîté joue
Avec la flamme, avec le fer ;
Plus d’un fusil, qu’on lance en l’air,
— Tout en courant, — retombe en joue :
Aïa, aïa !
Fantasia !
On se mêle, on reprend du large ;
Hommes et chevaux sont ardents :
Des mains, du pied, avec les dents,
On charge, on décharge, on recharge !
Aïa, aïa !
Fantasia !
On se fusille en plein visage,
On se brûle barbe et sourcils ;
Les moins noirs sont les plus noircis !
Les moins braves font du courage !
Aïa, aia !
Fantasia !
C’est un fourmillement de bêtes.
L’une se cabre, l’autre court ;
L’autre, au galop, s’arrête court !…
Les cent autres font des courbettes.
Aïa, aïa !
Fantasia !
Avec leurs jambes de gazelles,
Sous les blancs burnous envolés,
Tous les chevaux semblent ailés !
Tous les cavaliers ont des ailes !…
En avant, mon cheval, aïa !
Fantasia !
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