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Au bord du Désert: L'âme arabe (à Pierre Loti); Impressions; Souvenirs; Légendes arabes; La pétition de l'Arabe

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LE BRULE-PARFUMS
DES SOUCKS DE TUNIS

La rue, — un tortueux labyrinthe voûté,
Tout empli d’une ombreuse et diffuse clarté, —
Entre les murs gauchis est tortueuse, étroite,
Et, tout le long des murs, s’ouvrent à gauche, à droite,
Nous offrant les produits divers de tous les arts,
Pressés l’un contre l’autre, engageants, les bazars,
Bondés, profonds, nombreux, — alvéoles de ruche.
Harnois rouges et or, peaux de bête, œufs d’autruche,
Sabres damasquinés, nacres, miroirs, tapis,
Tout brille ; et les marchands, sur leur natte accroupis,
Semblent de faux vendeurs qui proposent du rêve.
De temps en temps, porteur d’un brasier, d’où s’élève,
Avec de la fumée, un fort parfum d’encens,
Un jeune homme circule au milieu des passants ;
Entrant, sortant, de l’une à l’autre des boutiques,
Sans déranger et sans étonner les pratiques,
Il vient mêler, au rêve inouï des couleurs,
Des mille objets divers vivants comme des fleurs,
Le songe d’un parfum qui s’élève en nuage.
Voilà bien mon destin, poète, et mon image :
Charmeur, — indifférent à tous, — du sort commun,
Je brûle de mon âme et j’en fais un parfum.
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