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Au bord du Désert: L'âme arabe (à Pierre Loti); Impressions; Souvenirs; Légendes arabes; La pétition de l'Arabe

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AU BORD DU DÉSERT

ALLAH

La présence d’Allah remplit les solitudes.
Elle est dans la nuit douce et sous les soleils rudes,
Car, s’il n’était pas là, l’homme serait perdu
Seul, dans le grand désert jusqu’aux cieux étendu !
Si faible, si petit, si seul, si périssable,
Grain de sable parmi cet infini de sable,
Sous le sable infini de l’azur constellé,
Il s’est vu sans secours : il a donc appelé !
Car la foi dans nos dieux, c’est pitié pour nous-même.
La foule ne voit plus l’immensité suprême :
Les hommes assemblés se la cachent entre eux ;
Ils se croient assez forts dès qu’ils se voient nombreux.
Mais l’Arabe, isolé dans le désert immense,
Ne peut pas se suffire : il voit où Dieu commence :
Au seuil de l’infini, dans l’horreur du désert,
Dans l’oasis lointaine où rit le dattier vert,
Dans l’eau pure et soudaine apparue en mirage,
Dans l’étoile qui luit sur les goums en voyage,
Et dans l’ombre qui suit, spectre mystérieux,
Son pas, dans le désert, pour reposer ses yeux.
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