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Au bord du Désert: L'âme arabe (à Pierre Loti); Impressions; Souvenirs; Légendes arabes; La pétition de l'Arabe

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LA COUPE DU CHEIK

Le cheik porte toujours, suspendue à sa selle,
Une coupe d’argent, ciselée, et fort belle.
Or, l’anse en est mobile, et soutient un anneau
Où s’attache une corde ; et le cheik puise l’eau,
A cheval, sans descendre, en passant la rivière.
Ah ! l’eau pure ! au pays de la rude lumière !
Les rayons frais de l’eau ! rien n’est si précieux !
Et la coupe du vrai croyant dit à mes yeux :
Dieu vient dans le désert au cœur de l’homme sage
Comme l’eau s’offre aux yeux, apparue en mirage.
Cette eau qui vient tenter ta lèvre et ton regard,
Elle n’est pas là, non, mais elle est quelque part !
Homme, pauvre passant du désert de la terre,
Il faut bien que l’eau soit, puisque la marche altère !
Et la tombe est le puits où le cœur altéré
S’emplit enfin du Dieu si longtemps désiré.
Prépare donc ton âme à descendre avec joie
Dans la citerne sombre où la mort nous envoie,
Et, — que la coupe soit d’argent, ou d’or vermeil, —
Songe qu’elle remonte, emplie, au grand soleil,
Vers Dieu qui l’illumine et dont elle ruisselle !
Il sied donc qu’elle soit riche, — et qu’on la cisèle.
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