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Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1

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LA BUSE GANTÉE, No. 18.

Cette buse porte un caractère facile à saisir, et qui la distingue des autres buses africaines: elle est gantée, c’est-à-dire, que son tarse est entièrement couvert de plumes qui descendent jusque sur les doigts. Ses culottes, très-amples, pendent si bas qu’elles touchent l’ongle postérieur et le dépassent même souvent. Cette espèce a tant de rapport avec un oiseau de proie du même genre, qui n’a point été décrit encore, et qui se rencontre pourtant assez communément dans la Lorraine, que je suis tenté de croire qu’ils ne font, l’un et l’autre, qu’une seule et même espèce; car ils ont effectivement les mêmes caractères, et diffèrent simplement par les couleurs plus ou moins nuancées de blanc; différence qui n’est pas, à beaucoup près, suffisante pour les séparer; d’autant plus que les buses varient généralement beaucoup en Europe, et tellement même qu’il est très-difficile d’y en rencontrer deux dont le plumage soit entièrement semblable pour les couleurs.

La Buse gantée fréquente, en Afrique, les pays couverts d’arbres; plus farouche que les autres espèces, elle a fui les cantons habités, et vit isolée. Ses mœurs sont plus sauvages que celles du rounoir et du rougri. Plus adonnée à la chasse, elle est aussi moins timide qu’eux, et ne se laisse pas chasser lâchement, ni par les pie-grièches, ni même par les corbeaux. Elle vole fort lestement, et attrape souvent des perdrix, qu’elle guette de dessus les arbres, et les saisit lorsqu’elles passent près de son embuscade.

Cet oiseau habite les forêts d’Auteniquoi, seul canton de l’Afrique où je l’ai trouvé. Il se perche ordinairement sur le sommet des arbres, où il est très-difficile de l’appercevoir; mais s’il se trouve dans le canton qu’il fréquente quelques grands arbres morts, il ne manque pas de s’y retirer de préférence, sur-tout quand il est repu: et en s’y tenant aux aguets, il est alors facile de le tuer au moment de son arrivée.

Cette buse est à peu près de la taille et de la forme de notre buse commune d’Europe; elle ressemble même tellement, pour son plumage, à plusieurs variétés de cette même espèce, qu’on la prendroit facilement, au premier coup-d’œil, pour être aussi une de ces variétés, si elle n’en étoit distinguée par le caractère du tarse, garni de plumes dans toute sa longueur, et par son bec plus délié et ses serres plus effilées; sa queue est aussi plus longue; la base du bec et les doigts sont jaunes. Le bec est bleuâtre; les ongles sont noirs et les yeux d’un brun noisette.

Tout le plumage de la Buse gantée est varié plus ou moins de brun, sur un fond blanc roussâtre, plus pur cependant sur la poitrine et la queue. Sur le flanc de chaque côté, le brun est répandu plus largement, et forme deux grandes taches de cette couleur; sur les culottes, les taches sont semi-circulaires et rangées symmétriquement dans la longueur des plumes. La queue est blanche en dessous, et porte vers son extrémité une bande noire; en dessus, elle est blanche, jusqu’à la moitié de sa longueur, où elle prend une légère teinte roussâtre, qui devient plus foncée à mesure qu’elle approche du bout, où elle est d’un brun-noir, et finit enfin par une bande blanche, formée par une tache de cette couleur, qui termine chaque plume de la queue. Le manteau et les aîles sont d’un brun foncé, varié d’une teinte plus foible. L’aîle ployée s’étend jusqu’au bout de la queue, qui est tant soit peu étagée.


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