Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1
LE HUHUL, No. 41.
Cette charmante et nouvelle espèce de chouette appartient au nouveau continent de l’Amérique méridionale, et se trouve à Cayenne, d’où je l’ai reçue. Elle portoit au pied une petite notice ou étiquette, sur laquelle se lisoit Chouette de jour: ce qui prouve qu’elle vole et chasse en plein jour. A considérer la forme totale de cet oiseau, on remarque qu’elle paroît encore plus se rapprocher des oiseaux de proie de jour que la chouette africaine que j’ai nommée choucouhou. Sa queue arrondie est fort longue, pour appartenir à une chouette. Sa tête n’est pas très-grosse non plus, en même tems que le bec est plus apparent que dans les chouettes ordinaires, puisque les narines sont entièrement découvertes, et seulement ombragées par quelques poils dirigés en avant. Tous ces caractères réunis, très-faciles à saisir, sont autant de marques distinctives qui placent naturellement le Huhul à côté du choucouhou d’Afrique, et même entre lui et le choucou, puisqu’il chasse en plein jour, et que son bec saillit plus en avant et ressemble davantage à celui des oiseaux de proie diurnes. Dans cette espèce, les aîles pliées s’étendent un peu plus loin que le milieu de la queue, dont la dimension surpasse les deux tiers de la longueur totale de l’oiseau, qui approche de la taille de notre chouette d’Europe. Le Huhul a le bec, les doigts et les serres d’un beau jaune. Tout son plumage, sur un fond noirâtre, est richement coupé par des écailles blanches, plus larges dans les parties inférieures et tout le dessous du corps que sur le cou et sur le dos. Le sommet de la tête est seulement ponctué de blanc. Les tarses sont couverts dans toute leur longueur de petites plumes noires, parsemées de taches blanches. Ces plumes, se terminant à la naissance des doigts de chaque côté, et se prolongeant ensuite sur celui du milieu, forment à cet oiseau des espèces de mitaines, telles qu’en portoient autrefois nos dames. Les aîles sont d’un brun de café brûlé; les grandes pennes ont absolument la même couleur, et les moyennes se terminent, ainsi que toutes les petites couvertures des aîles, par une bordure blanche. La queue, d’un brun noirâtre plus foncé que les aîles, est, comme je l’ai dit, étagée: toutes les pennes qui la composent sont terminées de blanc et rayées transversalement de trois bandes blanches; mais ces bandes, ne correspondant point l’une à l’autre, donnent à cette queue l’air d’être un beau marbre noir veiné largement de lignes blanches. N’ayant pas vu cet oiseau vivant, nous ignorons absolument quelle est la couleur de ses yeux: je les ai supposés jaunes, en attendant que nous en sachions davantage. Je n’ai jamais vu que trois individus de cette espèce, qui tous trois avoient été envoyés de Cayenne; mais il est probable qu’ils habitent très-avant dans l’intérieur du pays. Il n’y a que quatre ou cinq ans qu’ils nous ont été apportés pour la première fois, et il y a déja long-tems que nous connoissons toutes les espèces des environs de cette colonie.
On voit cet oiseau dans la superbe collection de M. Raye, à Amsterdam; j’en ai un dans mon cabinet, et j’ai vu le troisième chez le citoyen Desmoulins, peintre.