Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1
L’ACOLI, No. 31.
L’acoli est un oiseau de proie qui peut tenir sa place à côté de l’oiseau saint-martin[17], avec lequel il a infiniment de rapport: même taille, mêmes proportions, et les couleurs à peu près aussi les mêmes, feroient prendre cet oiseau pour n’être qu’une variété de l’oiseau saint-martin; mais une particularité qui les distingue l’un de l’autre, c’est que l’Acoli a la base du bec d’un beau rouge, particulièrement dans le tems des amours, et qu’il a le ventre rayé.
L’Acoli, comme l’oiseau saint-martin, a le corps alongé et svelte, les jambes et les tarses longs, ainsi que la queue: caractères qui conviennent également aux éperviers. Ceux-ci n’ont point les aîles longues, comme les oiseaux du genre de l’Acoli; ils sont, au contraire, de tous les oiseaux de proie, ceux qui ont les pennes de l’aîle les plus courtes, si nous en exceptons pourtant les autours qui ont également les aîles très-petites, et qui se distinguent à leur tour des éperviers, par les tarses qui ne sont pas si longs que les leurs.
La couleur principale de l’Acoli est un beau gris-bleu pâle, répandu sur la tête, le cou et le manteau. Cet oiseau est très-culotté; c’est-à-dire, que les plumes qui recouvrent les jambes descendent fort bas, quoique le tarse ne soit point emplumé par lui-même. Toute la partie inférieure du corps est blanchâtre, et finement rayée, comme celle du faucon chanteur, avec lequel il ne faut point non plus le confondre. Ce dernier est beaucoup plus gros: d’ailleurs, sa queue étagée le distingue de l’autre. Il est encore à remarquer que dans les cantons où ces deux espèces se trouvent en même tems, jamais ils ne se mêlent ensemble, et que l’Acoli n’a qu’un cri aigre et ne chante point.
Dans la Colonie, cet oiseau fréquente les terres labourées; dans les déserts, il habite les terres sablonneuses; et c’est sur une taupinière, une motte de terre ou sur une de ces voûtes que bâtissent les fourmis, qu’il se perche pour guetter les souris, les mulots et les taupes, ainsi que tous les petits oiseaux, dont il fait également sa proie. Cet oiseau vole très-bien et avec une grande vîtesse; mais son vol est toujours bas. Il est peu farouche, et se laisse assez facilement approcher. Il suit le chasseur et vient de lui-même tourner autour de l’homme qu’il voit dans la plaine, afin de se jeter sur les alouettes qu’il fait lever sur son passage, ce qui facilite beaucoup le moyen de le tirer. Satisfait de sa chasse, l’Acoli se retire sur un buisson pour se reposer.
On voit communément le mâle et la femelle ensemble. Ils construisent leur nid dans les buissons. La ponte est de quatre œufs, d’un blanc sale; ils sont ovales, tandis que ceux du faucon chanteur sont presque ronds. C’est principalement dans le Swart-land, le Rooye-sand et les Vingt-quatre-rivières, que j’ai vu le plus communément l’Acoli: pays où je n’ai jamais trouvé le faucon chanteur. Dans l’intérieur des terres, ce n’est que vers les rivières de Swarte-kop et le Sondag où j’ai vu l’Acoli: à la vérité bien plus rarement que dans la Colonie, où il paroît que les défrichemens l’ont attiré.
Les colons du Swart-land nomment l’Acoli Witte-valk (faucon blanc); dans d’autres endroits, on le nommoit encore Leeuwerk-vanger (attrapeur d’alouettes). Il a le bec bleuâtre, et le tour du nez d’un beau rouge très-vif; les yeux sont d’un jaune orangé, qui est aussi la couleur des pieds. Les ongles sont noirs, ainsi que le bout du bec. La femelle est d’un bon tiers plus forte que le mâle, la base de son bec est d’un rouge plus terne que celui du mâle.