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Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1

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LE CHOUCOUHOU, No. 39.

Cette chouette africaine est bien propre encore à remplir le très-petit intervalle qui paroissoit séparer le choucou des chouettes; sa queue, plus longue qu’elle ne l’est ordinairement dans les oiseaux de ce genre, est à peu près aussi étagée que dans le choucou. Sa tête est également moins grosse; son bec est de même d’une petite structure et se trouve presque entièrement caché dans les plumes poileuses qui environnent sa base et couvrent absolument les narines. Son corps, moins ramassé et plus svelte que celui des chouettes, est encore un caractère qui, joint à ceux dont nous venons de faire mention, font tenir à cet oiseau le milieu entre l’espèce précédente et les autres chouettes dont nous avons encore à parler.

Le Choucouhou est à peu près de la grosseur de notre moyen-duc; mais il est cependant plus alongé, et ses pieds sont aussi plus longs. Ses aîles pliées s’étendent aux trois quarts de la longueur de la queue; les tarses et les doigts sont couverts de plumes soyeuses très-déliées; le bec et les ongles sont d’un brun-noir et les yeux d’un jaune de topase foncé. La gorge est ornée d’une espèce de collier ou plaque blanche. Le reste du plumage est agréablement varié en dessus de brun de différentes teintes, lequel, en se dégradant insensiblement du ton le plus foncé au ton le plus clair, se trouve plus ou moins varié de blanc. La poitrine et le dessous du corps portent les mêmes couleurs; mais elles sont plus régulièrement distribuées en une rayûre festonnée, dont le fond blanchit à mesure qu’il s’approche du ventre et des jambes. Les plumes soyeuses qui couvrent les tarses et les doigts jusque sur les ongles, sont d’un gris blanchâtre. La queue est en dessous rayée de brun-noir et de blanc roussi; en dessus le blanc est plus pur et le brun moins foncé. Je renvoie mon lecteur à la figure que j’ai publiée de cet oiseau. Elle lui donnera une idée plus parfaite de ses couleurs et de leurs distributions, qu’une énumération exacte des différentes nuances de son plumage, dont un long détail seroit d’autant plus ennuyeux à lire que l’oiseau seroit plus exactement décrit.

Je n’ai rencontré le Choucouhou que dans le voisinage de la rivière d’Orange et chez les Grands Namaquois, pays où je l’ai vu très-fréquemment. Quoique cette espèce de chouette ne se montre que durant la nuit, je l’ai apperçue plusieurs fois étant à la chasse dans le bois, et j’ai remarqué même qu’elle voloit très-bien en plein jour et pendant la clarté du soleil; mais pour l’appercevoir il falloit, ou qu’un coup de fusil l’eut fait lever, ou qu’on s’approchât de l’arbre sur lequel elle étoit perchée. Je doute cependant que cette chouette chasse dans d’autres momens que le soir ou au point du jour. Car lorsqu’il m’arrivoit d’en rencontrer une en plein midi, tous les petits oiseaux l’entouroient et se jetoient sur elle, en la poursuivant jusqu’à ce qu’elle se fut cachée de nouveau; et elle ne leur faisoit aucun mal. Elle paroissoit, au contraire, fuir à leur approche, et s’éloigner d’eux sans chercher même à leur faire la moindre résistance; seulement, de tems à autre, elle laissoit échapper un cri plaintif, à peu près le même que celui que fait entendre notre effraie lorsqu’elle vole le soir. Elle faisoit aussi un craquement de bec fort particulier et qu’on entendoit d’assez loin.

Je n’ai pu rien apprendre de positif ni sur la ponte, ni sur la manière dont cet oiseau construit son nid. La femelle est un peu plus forte que le mâle; mais elle en diffère d’ailleurs très-peu par son plumage, qui est seulement moins flambé de blanc. Ses yeux m’ont aussi paru d’un jaune un peu moins foncé. Lorsque nous étions campés, et que nos feux du soir étoient allumés, ces oiseaux venoient voler au-dessus de notre camp, et quelquefois leurs cris lugubres nous empêchoient de dormir; mais nous les tuions facilement à la clarté du feu ou de la lune.


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