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Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1

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L’AUTOUR HUPPÉ, No. 26.

Cet oiseau de Cayenne qui, par ses aîles courtes, sa grande queue et ses longues jambes, se rapproche beaucoup du genre de l’épervier et de l’autour, me paroît être un véritable autour d’une espèce nouvelle, à ajouter à celui que nous connoissions déja, et qui se trouve dans les différentes parties de l’Europe. Quant au prétendu petit autour de Cayenne, décrit par Buffon, et figuré dans ses planches enluminées, No. 473, ce n’est certainement point un autour. Pour avoir également une idée exacte de la forme de notre autour d’Europe, il faut bien se garder de consulter les planches enluminées de Buffon, No. 461 et No. 418, qui représentent fort mal le port de cet oiseau. L’autour blond des naturalistes n’est rien autre que notre autour dans son enfance, nommé busard dans les planches de Buffon, No. 423. Ce même autour, dans son jeune âge, est aussi décrit par Brisson, comme un gros busard: erreur dont Buffon s’est apperçu. Je ne connois absolument encore que deux espèces d’autours; savoir, notre autour européen et celui de cet article, que je donne dans les planches coloriées de cet ouvrage, No. 26. Celui-ci diffère de notre autour non-seulement par des couleurs totalement différentes, mais encore par sa taille, qui est d’un bon tiers plus forte. Il est caractérisé par une touffe de plumes inégales, qui prennent naissance sur l’occiput et retombent sur le cou par derrière; ses tarses sont aussi entièrement emplumés: caractères bien suffisans pour distinguer ces deux espèces l’une de l’autre. Le dessus de la tête de cet autour américain est couvert de plumes noires, mais elles n’ont cette couleur que dans toute la partie qui se remarque quand elles sont naturellement couchées les unes sur les autres; car le dessous en est blanc, et souvent ce blanc s’apperçoit pour peu que les plumes se dérangent. La huppe est également noire et blanche. Tout le derrière du cou est d’un roux foncé, et le devant d’un blanc sali de roussâtre; une ligne noire qui descend du coin de la bouche sur les côtés du cou, sépare le roux de la nuque et le blanc de la gorge. Toute la partie antérieure du corps, sur un fond blanc plus ou moins roussâtre, porte de larges taches noires; les jambes sont barrées transversalement de noir et de blanc; sur le tarse cette rayure est plus fine. Les aîles et le manteau, sur un fond brun sombre, sont nués d’une couleur noirâtre. Les petites couvertures du poignet de l’aîle se détachent l’une de l’autre par une bordure blanche, et la queue porte de larges bandes noires, disposées sur la couleur brune de ses pennes. Le bec est bleuâtre, les doigts jaunâtres et les serres d’un noir de corne. La base du bec m’a paru roussâtre.

J’ai été à même de comparer cinq individus de cette espèce, dont l’un est au Cabinet National de Paris; un autre chez le citoyen Holthuysen, à Amsterdam; j’ai vu le troisième dans le cabinet de feu Mauduit, qui l’a décrit pour un aigle; un autre chez le citoyen Gaillard, marchand d’histoire naturelle, et enfin le cinquième est dans ma collection: je n’ai pas remarqué de différence sensible dans aucun de ces cinq oiseaux.

Les habitudes de cet autour ne nous sont pas connues; mais si nous pouvons en juger par son bec qui est très-fort, ainsi que par ses grandes serres, il doit être un terrible destructeur de gibier, et seroit certainement bien propre à figurer dans une fauconnerie.

On trouve dans l’Encyclopédie méthodique la description de deux oiseaux de proie nouveaux, donné chacun sous le nom d’autour; je ne les ai jamais vu en nature, ainsi je ne puis en parler; mais Mauduit, qui a donné celui de cet article pour un aigle, peut également s’être trompé à l’égard de ces prétendus autours. Sonnerat a publié aussi la description d’un oiseau de proie de Madagascar, auquel il a très-mal à propos donné le nom d’autour. Dans le nombre des oiseaux carnivores que j’ai vu en Afrique, je n’en ai trouvé aucun qu’on puisse rapporter à ce genre d’oiseaux.


DES FAUCONS.


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