Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, t. 1
LE CHICQUERA, No. 30.
Voici un petit oiseau de proie dont la mandibule inférieure du bec est absolument de la même forme que celle des deux faucons des articles précédens; il ressemble beaucoup au faucon huppé par les couleurs générales du corps; mais il n’est pas huppé. Cette espèce, que je regarde aussi comme un véritable faucon, n’a point encore été décrite ni figurée dans aucun ouvrage sur les oiseaux. Je l’ai trouvée dans une collection que j’ai achetée, et que tout m’assure avoir été faite au Bengal. Chicquera est le nom indien que cet oiseau portoit dans la note qui m’a été remise avec toute la collection: j’ignore ce qu’il signifie; je sais seulement que c’est celui que les habitans de Chandernagor, où il a été tué, donnent à ce petit faucon, dont je n’ai vu que ce seul individu, qui a également servi à cette description et de modèle à mon dessinateur, qui l’a parfaitement rendu de grandeur naturelle, et tel enfin que je le fais colorier ici dans les planches enluminées, No. 30.
La mandibule supérieure du bec porte, dans le Chicquera, deux crans très-marqués; ses aîles, dans leur situation naturelle, ne passent pas les deux tiers de la longueur de la queue, et cette queue est un peu étagée et arrondie. Ces trois caractères sont plus que suffisans pour ne pas faire prendre cet oiseau pour une variété de celui dont nous avons parlé sous le nom de faucon huppé. Il a le dessus de la tête et le derrière du cou d’un roux ferrugineux très-foncé. Une foible teinte de cette même couleur se trouve répandue sur le blanc de la gorge, aux environs du bec, sur le devant du cou et sur le poignet de l’aîle. Tout le dessous du corps, sur un fond blanc, porte une légère rayûre gris-noir. Le manteau est d’un joli gris-bleu, dont la teinte forme aussi la base de la couleur de toutes les plumes des aîles et de la queue, qui sont de plus rayées transversalement. La queue est traversée, à son extrémité, d’une large bande noire, et elle se termine enfin par un blanc roussâtre. Le bec, si on en excepte sa pointe noirâtre, est du reste entièrement d’un jaune pâle. Les pieds et les yeux sont d’un beau jaune.
La note dont j’ai parlé n’indiquoit absolument rien sur la manière de vivre de cet oiseau, et ne faisoit pas mention non plus de son sexe.