← Retour

L'art de chevalerie selon Vegece

16px
100%

Cy devise quel connestable doit estre esleu pour estre maistre de la chevalerie du roy ou prince et les condicions qu’il doit avoir. vii. chappitre.

Or avons oy conment le Roy ou souverain prince pour le bien et la seureté de la chose publique ne doit pas legierement deliberer de soy mesme aller en bataille. Si est doncques a adviser a quelz personnes comme ung seul ne soufise on pourra commectre le fais de si grans offices comme maistres et conduiseurs de sa chevalerie qui pour lui et en son nom excercent le fait de ses guerres de laquelle chose sans faulte a droit regarder n’est nulle autre besoingne ou plus grant regard appartiengne comme l’election d’iceulz Car de tant que l’excercite de leurs offices passent en pois et en peril tous autre de tant y afierent plus convenables personnes Et par especial doit per grant deliberacion advis et regard estre esleu cellui auquel sera commise la principale charge sur tous lequel office les anciens appelloient duc des batailles ou souverain maistre de la chevalerie que nous disons a present en france connestable. Et apres en ensuivant les deux mareschaux selon l’usaige françois Sur lesquelx offices principaulx sont ordonnés plusieurs capitaines de certain nombre et cantité d’ommes d’armes. Et en la election par especial du souverain maistre de la chevalerie du prince doit estre advisé qu’il soit personne notable especialment en tout ce qu’il convient es choses que armes requierent C’est assavoir que par longue experience il soit si usagez que celui soit comme naturel maistre Et que le continuel excercite l’ait rendu maistre de tout ce qu’il y convient comme cellui qui par plusieurs fois se soit trouvez en diverses adventures adveneus en fais de guerres per divers pays et nacions.

Vegece.

vegece dist que longueur d’aage ne grant nombre d’ans ne donne pas art & maniere de combatre mais l’usage si ne soit apprentis des ordres et manieres qu’il convient tenir en gens d’armes traicter soit en temps de repos ou traveil de guerre les sache maintenir mener et conduire en telle maniere. Que au mieulz faire appartient. Et est assavoir que en la dite election doit estre plus Regardé a la parfection des choses dictes avec les autres bonnes meurs et condicions qui a avec lui affierent que a la grandeur du lignage ne hault sang ne la personne quoy que se tout povoit ensemble estre seroit moult expedient pource que de tant seroit plus noble de sang tant plus seroit tenu en Reverence en son dit office. laquelle chose est necessaire audit capitaine.

Valere.

Et ad ce propos racompte valere que les anciens qui firent les grans conquestes se augmentoient d’eulz mesmes pour estre plus doubtez en leurs ost et se faignoient estre parens des dieux Neantmoins ne souffist il pas ceste seule convenableté sans les autres proprietez pour ce doit estre le regard des esliseurs plus a bien pourveoir l’office non pas a sa personne Car chose mou[lt] seroit a reprendre quelque fut la haultesse de sang de faire de l’ignorant maistre voire par especial en office la ou subtilité sens et loing usage a souvent plus grant besoing que grant nombre de gens ou quelconque autrez vertus ne autrez forces.

Cathon.

Cathon dist que de toutes autres choses on peut amender les faulte Reservé celles qui sont faictes en bataille de laquelle la peine ensuit tantost la faulte. Car mauvaisement ceulz qui se scevent mal deffendre et aux fuitifz a peine Revient cuer de combatre pour ce aussi avec les choses dessudictes est necessaire qu’il soit sage de bon sens naturel comme celui auquel convient avoir la congnoissance de moult de choses et qui est comme chief de justice. Il convient lieuteant du prince estre sage pour faire droit a ung chacun de tous cas qui peuvent advenir a cause d’armes et faiz de chevalerie de tous ceulz qui soubz lui sont et mesmement de estrangiers souvent et en diverses manieres et est assavoir que selon droit de gentillesse et haulteur de noblesse et de courage appartient a capitaine qu’il use en l’exercite d’armes en tous cas que advenir lui peuvent et tout ce que gentillesse requiert se droit honneur et los veult acquerre c’est assavoir que mesmes a ses ennemis soit droicturier et veritable en fait et jugement ou il eschera.

Et avec ce qu’il honnoure les bons et ceulz qui le vallent ainsi qui vouldroit estre d’eulz honnourez. Ceste maniere tenoit le vaillant roy pirrus de macedonne dont grant los acquist lequel pource que tant de vaillance avoit trouvé aux Romains combien qu’il feussent ses ennemis mortelz si les honnoroit il moult grandement quant ilz venoient en ambaxade devers lui Et mesmement les occis en ses batailles faisoit honnorablement ensepvelir Et de la noblesse & grant franchise de cestui roy est encore escript qu’il les avoit en tresgrant pris/ que mesmes leurs prisonniers pris en ses batailles ne voulut il retenir ains les rendoit tout quittement Les meurs et conditions qui a bon connestable affierent sont telles. ne soit tenu de chaudecole fel ne yreux/ mais amesurez & attrempez/ droicturier et justice benigne en conversacion de hault maintien et pou de parolle rassis en contenance/ non moqueur ne truffeur veritable en parolle & promesse hardi seur diligent non couvoiteux/ fier aux ennemis/ piteux aux vaincus et a son dessus. Ne se courousse de legier/ ne se meuve a pou d’occasion Ne croie trop tost ne a pou d’apparence/ n’adjouste foy a parolles qui n’ont couleur de verité Ne curieux de mignotises jolivetez ne de joyaulx/ habillié soit richement en harnoys et montures et fierement se contiengne/ Ne soit paresseux lent ne endormy Ne curieux en viandes et mengiers ne vie delicative/ enquerant tousjours de l’estat et convine des adversaires subtil pourveu et cault a oyr deffendre d’eulz et sagement les envaÿr Advise sur leurs agais/ sache les sciens gouverner et tenir en ordre et cremeur/ faire droit ou il doibt/ ne soit aussi moult curieux de jouer a nulz jeux/ honneure les bons et feaulx qui le vallent et apres de soy les tiengne/ bien gardonne ceulx qui le desservent. Et large soit es cas qui le requierent. Son commun parler soit d’armes es fais de chevalerie/ et des proesses des bons/ bien se garde de vantise/ il soit raisonnable/ aime son prince et feal lui soit/ soit secourable aux vesves et aux orphenins et aux povres/ Il ne tiengne grant compte de petit meffait fait a personne ne de petis debas. Pardonne legierement a celluy qui se repent et par dessus tout/ aime dieu et l’eglise et soustiengne droit. Icelles conditions duisent a bon connestable aux mareschaux & a ceux d’offices semblables.

Chargement de la publicité...