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L'art de chevalerie selon Vegece

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Cy fait mencion se les feaulx sont plus tenus de aider au prince souverain que a leur seigneur naturel. vi. c.

Doulz maistre manifie moy & soubz ceste question Je dy puys qu’il est ainsy que le vassal est tenu de aider a son seigneur de qui il tient en fief contre tout homme. Doncques semble il que se le roy ou prince avoit guerre contre aucuns de ses barons que les subgectz des barons qui d’eulz tendroient feussent tenuz de aider a leurs seigneurs contre le roy ou prince/ car au roy n’ont ilz pas promis feaulté/ mais aux seigneurs dont leur fief meuvent sans nulle exception.

Chier amy sans faulte te respondray en bref a ceste question quoy que par assez de raisons me puisse arguer/ disant que aussy bien se peult aider selon droit le petit homme de ses choses que fait le grant/ & doncques pourquoy ne se aidera le baron de ses choses et de ses hommes qui luy ont promis feaulté et non pas au roy/ & autres plusieurs choses que pourrois a ton propos alleguer. Neantmoins te dy que toutes raisons ou contraires sont selon noz loix sont nulles Car seurement nul subgect n’est tenu de aider a celluy de qui il tient en fief contre son souverain seigneur. Ains se meffait soubz criesme capital s’il le fait sicomme de offencer leze magesté car quoy que le baron soit naturel seigneur le roy ou prince est le naturel seigneur soubz qui y sont.

Se tu me ditz dont se parjurerent ilz/ car nul serment ne peut obliger a faire mal/ laquelle chose ilz feroient de soustenir en mauvaistie leur seigneur qui seroit contre son souverain.

Chier maistre autre question plus forte & qui de celle assez deppent faire te vueil. Je suppose que deux barons au royaume de france ou d’autre part aient guerre l’un contre l’autre/ pour laquelle guerre mandent leurs hommes. Advient tantost que le roy ou prince pour ses guerres et pour la deffence de son païs ait a faire de gens si fait son mandement/ auquel sont comprins les hommes des deux barons dessusditz/ sy te mande s’ilz sont tenuz de venir au mandement du roy ou de aller a leur seigneur.

A ceste question en confermant la precedente te respons que selon droit sont tenus de venir au roy et laisser leur seigneur et y assignent les drois troys raisons. La premiere est que le roy ou souverain prince regarde la commune utilité du royaume ou pays laquelle doibt estre plus privilegiee que la singuliere utilité de une baronnie.

La seconde qu’ilz sont tenus au roy de generale juridicion qui est de plus grant auctorité et sy a haulte juridicion sur la petite baronnye.

La tierce raison est qu’il n’appartient que ledit petit officier ait puissance d’estre obey pardevant le seigneur et pert sa puissance sy tost que le souverain ou l’auctorité du seigneur vient avant/ ainsy comme la lueur ou clerté de la chandeille est petite si tost que le ray du soleil y survient.

Chier maistre encore te fais telle question. Je suppose que ung conte ou baron tiengne une terre du roy d’arragon/ & il demeure au royaume de france advient que le bon roy de france luy demande qu’il viengne a son ayde en ses guerres/ & semblablement tout en ung mesmes temps le mande le roy d’arragon Auquel doncques doibt il obeyr/ car il est impossible d’estre en deux lieux : & sembleroit qu’il peust estre excusé de non aller a l’un ne a l’autre.

Je te respons que excuser ne se peut ne de l’un ne de l’autre s’il ne veult perdre droit de fief. C’est assavoir qu’il voise a l’un lequel que il luy plaira et de qui il tient le plus et a l’autre envoye de ses gens.

Plus forte question je te demande s’il advient que les dessusditz roys aient guerre ensemble/ je ne sçay entendre auquel il doit aider qu’il ne perde l’une de ses terres.

Je te dis que la precedente responce peut encore servir a ceste question selon aucunes oppinions/ c’est assavoir aller a l’un et envoyer a l’autre/ mais ceste chose ne se pourra pas bien en droit soustenir/ car se ainsy estoit qu’il le feist dont conviendroit il que ses propres fussent contre luy mesmes puys que les deux roys seroient adversaires/ et il auroit a l’un envoyé de ses gens/ et il seroit pour l’autre/ & pour ce ne sçay meilleur remede ne conseil que ce que je t’ay dit/ & scez tu que a tel vassal appartient a faire ou nom de dieu/ de soy mettre en peine de toute sa puissance d’y mettre paix en tous temps s’il peut.

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