L'art de chevalerie selon Vegece
De
treves et de marque.
Cy devise se durant treves
entre guerroyeurs on peut par
droit prendre en aucune maniere
chose qui soit l’une partie
sur l’autre Et se l’une partie
enfraint les treves/ se l’autre
partie est tenue de les tenir.
iiii. chapitre.
Maistre il me semble que ung autre asseurement de guerre est entre ennemys/ que on nomme treves qui est une maniere de paix faicte durant aucun certain terme de temps si te vueil ung pou faire de question pource que ay aucunesfois ouy dire que en aucun pays/ & mesmement les anglois en ont aucunefois usé contre les françoys/ quant treves estoient/ & mesmement durant les treves que ce n’estoit pas mal fait se on veoit son advantaige de prendre par aucune cautelle qui peut chastel/ ville ou quelque prisonnier/ & te demande s’il est vray que faire se puisse sans tort.
Ad ce je te respons que vrayement tous ceulx qui le font enfraindent le pur droit de treves/ & affin aussy que tu le puisses en ceste partie mieux tesmoingner te diray que nos maistres en dient/ tout premierement dient que c’est ung asseurement royal qui de ancien droit ne se doibt briser sur peine capital sicomme loy droicturiere de roy ou de prince ne doibt estre brisee.
Item dient qu’elle contient troys choses principalles/ c’est assavoir qu’elle donne sceurté aux biens meubles & autres choses. Secondement aux hommes Et tiercement qu’elle tire a traicté et esperance de paix Et doncques puis puys qu’en soy treves contienent tant en general comme en especial ces choses. par quel droit s’y pourroit prendre l’une partie sur l’autre prisonniers ne quelconque aultre chose/ si te prie maistre que tu le me dies.
Sans faulte amy ceulx qui le font ou qui maintiennent que sans tort se puist faire n’ont que faire de droit si treuvent assez de manieres de baretter/ & pis y a qu’ilz veullent couvrir leur faulceté de droit et de loy laquelle est appertement contre eux la ou elle dist que toute chose usurpee et prinse sur fiance de treves/ de droit doibt estre rendue et restituee et tous les faiz payez/ & scés tu que le roy ou prince selon la loy deveroit faire de ses gens qui telle villenie luy auroient faicte comme de mentir et non entretenir sa promesse leur faire trencher les testes sy y prendroient les autres exemple/ & se est la sentence de la loy & de ce acqueroit sy bon los comme d’estre appellé tresbon justicier prince cremu en seroit/ & par ce donneroit plus grant cause a ses ennemys d’eulz plus voulentiers rendre a luy/ lesquelz se les treves rompent/ & il puist tenir aucun d’iceulz a sa puissance/ pour nulle raençon ne les doibt espergner ne deporter que pugnis ne soient comme il appartient/ & je te demande maistre se le roy de france et celluy d’angleterre avoient juré treves ensemble durant certain temps/ & le roy d’angleterre les rompist seroit le roy de france tenu de les tenir : car il pourroit sembler que si par celle maniere/ posons que aucun face mal ung autre n’est pas tenu de le faire semblablement/ ains se doibt tout homme tenir en sa loyauté.
Amy je te dy puys que l’un des deux roys lequel que ce soit et de tous autres en semblable cas auroit rompu sa promesse et parjuré se seroit/ que l’autre n’est pas tenu de luy tenir serment ne ja pource n’en sera parjure/ car selon droit puis que premier on luy a brisé convenance n’est pas tenu de la tenir plus avant/ ains est de droit escript absoubz du jurement/ & qui plus est il pecheroit mortellement se ses gens laissoit occir et gaster le païs sans deffendre a sa puissance.