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L'art de chevalerie selon Vegece

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Cy fait mencion des consideracions ou regard que le roy ou prince doit avoir ou fait d’entreprendre guerre et les manieres qu’il doit tenir ainçois qu’il delivre guerre.

Puis qu’il est ainsi que au prince loist entreprendre guerres et batailles et les maintenir pour les causes dessus dites Et comme ce soient choses grandes et pesantes comme selles qui principalement touchent la vie le sang l’onneur et la chevance d’infinis hommes/ sans lesquelles avant toute euvre ne doivent estre guerres emprinses ne pour legiers movemens ne vouluntés Et que l’on doive redoubter a emprendre novelles guerres mes[me]ment a moindre de soy avons assés exemples.

O comment eust pensé la puissance d’auffricque ne l’orguilleuse cité de cartage qui chief en estoit et les espaignotz ne le trespuissant roy anthiocus seigneur d’une grant partie d’orient qui tant de gens menoit en bataille que le nombre estoit innumerable avec ses espoentalles oliphans. Ne aussi le trespuissant roy mitridates qui seignourisoit vint et quatre contrees ne la puissance des romains qu’on les peut subjuguer. Et pour ce ne doit estre mis de legier en peril ce qui est a terminer soubz la destribucion de fortune Dont nul ne puit savoir a quel estat tournera.

Doncques est il necessaire que le prince soit sage ou que a tout le moins vueille user du conseil des saiges. Car platon dit que la est le pays bien heureux ou les saiges gouvernent. Et par l’opposite est mauldit sicomme tesmoingne la sancte escripture. Et en verité il n’est chose tant necessaire d’estre menee par sens comme est guerre ou bataille ainsi que dit sera cy apres Car il n’est faulte faicte en queconques cas moins reparable que celle qui est executee par armes et par mal gouverner bataille.

Que fera doncques le saiges prince auquel sera de necessité pour aucuns des cas dessusdis emprendre guerre ou bataille.

Tout premierement il regardera quelle puissance il a ou pourra avoir. Tant de gens comme de finance sans lesquelles deux principalles choses estre bien garny et seurs est folie d’emprendre guerre comme sur toutes riens y soient necessaires et par especial pecune Car qui assés en a et emploier le veult treuve tousiours ayde de gens assés et plus qui ne vult. Tesmoing les guerres d’italie et par espicial de flourence de venise et d’ailleurs esquelles plus communement se combat plus leur argent que ceulz du pays et pour ce a peine les peut on du tout vaincre.

Et vauldroit trop mieulz au prince s’il ne se sent bien garnis de tresor ou de subgectz bons et riches et plains de biens et de bonne voulunté a lui aider a faire aucun traicté a ses ennemis s’il se sent envahy ou soy depporter d’emprendre guerre ne de l’en commencer se du maintenir n’a bien de quoy Car soit tout certain que s’il entreprent en esperance de plus prendre sur ses subgectz que porter ne peuvent et oultre leur gré il croistra le nombre de ses ennemis si ne lui seroit pas prouffit de destrure les estranges ennemis et longtains pour en acquere des privez et prochains.

Il est assavoir que nul prince ne doit despriser nulle puissance d’ennemy Tant appere euvres lui petite Car il ne peut savoir quelle fortune l’autre aura pour soy.

A ce propos il est escript que mesmement a ung berger nommé uriacus fut fortune si propice qu’elle le tint en puissance avec grant foison de gens d’armes larons pour guerroyer romme qui tant estoit puissante l’espasse de plus de treesze ans et moult leur fist de griefz et plusieurs fois les vainqui en bataille ne oncques les romains ne le peurrent destruire ains fina sa vie par ung de ses proppres gens qui l’occist.

Et pour ce affin que deceu ne soit assemblera a conseil les quatre estats de son pays lesquelles doivent estre appellés a telle chose emprendre.

C’est assavoir les nobles anciens expers en armes qui scevent que fait de guerre vault.

Item les cleres legistes pour ce que es loix sont declarer tous les cas dont doit sourdre juste guerre ainsi que ad ce propos en avons plusieurs exemples assés patents.

Item les bourgois pour ce qu’il est de necessité qu’ilz contrebuent en la mise qu’il y convient et prendre garde a la fortifficacion des villes et cités et induisent le menu puple a aider a leur seigneur. Item aucuns des hommes des mestiers pour plus honnorer le dit puple affin que par lui soient enclins a lui aider vouluntier du leur de la quelle chose les doit tous doucement prier. O comment est ce prouffitable chose en seigneurie royaume ou cité avoir loy aux subgectz car ilz ne faillent de corps ne de biens sicomme il apparut par plusieurs fois a romme quant les tresors de la cité estoient despendutz es gens guerres dons lors les dames de leur proppre mouvement apportoient leurs joyaux et riches aournemens et de bon vouloir et france voulunté les bailloient pour secourir a la necessité de la cité Lesquelz apres leur estoient grendement restituez ainsi que raison estoit.

De ceste voye bien donna exemple le bon et saige roy charles le quint de ce nom lequel tantost apres qu’il eut esté couronné en l’aage de vhint et cinq ans Comme il regardast que les angloiz tenoient mauvaisement les convenances faictes au traicté de la paix qu’il avoit par necessité et diverse fortune acordee a eulz tant lui fust dommageable et que non obstant qu’il leur fut accordee a tenir plusieurs terres et seigneuries du royaume de france ne leur souffisoit mie ains demarchoient fouloient et grevoient par leur orgueil & oultrecuidance les autres contrees voisines qui ne leur appertenoient ledit roy ains que autre chose en feist manda paisiblement par auctorisez ambaxadeurs au duc de lenclastre filz du roy edouart d’englenterre par lequel avec ses gens estoit fait ledit oultrege que de ce voulzist depporter et faire admende des griefz et dommages fais puis ladite paix.

De la quelle chose fut tel l’effect quoy que la responce fut assez gracieuse que le dit ambaxadeurs furent occis en icelle voye.

Pour ceste cause ledit roy veu par contraincte accordee la deshonnorable paix laquelle lez angloiz mesmes tenoient mauvaisment et pour plusieurs autres raysons qui trop longue chose seroit a les recompter assembla a paris a son parlement les quatre estatz dessusdit et avec eulz tous les saige juristes estrangiers tant de boulongne la grase comme d’alleurs qu’il peut recouvrer A iceulz comme tressaige proposa ses raisons contre les angloiz demandant leur advis et se cause avoit de la guerre rencomencer car sans juste cause le regard & deliberacion d’entre eulz et la consideracion. et voulunté de ses bons subgectz nullement faire ne la vouloit auquel conseil par longue deliberacion fut conclud que bonne et juste cause avoit de la recommencer Et ainsi l’entreprint le bon et saige roy A laquelle chose dieu a tant esté favourable a son bon droit loez en soit il avec la grant prudence de lui que avecques l’ayde de dieu toutes les terres perdues ont puis esté conquises a l’espee ainsi que encores y pert.

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