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L'art de chevalerie selon Vegece

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Au premier chapitre demande le disciple au maistre se ung seigneur envoye saufconduit a ung aultre son ennemy chevalier baron ou qui qu’il soit/ et que audit saufconduit ne ait si non contenu de sauf venir/ s’il peut bien par celle cautelle l’arrester selon droit au partir. Premier cha.

Au commencement de ceste quarte partie treschier maistre vueillez saillir en ung autre different propos de guerre/ combien qu’il soit tout dependant du fait dessusdit c’est assavoir en une maniere d’asseurement qui se donne aux allans et venans entre les parties par lettres qu’on dit saufconduit. De laquelle chose premierement te vueil faire demande.

Je suppose que ung baron ait guerre a ung chevalier de laquelle guerre les amys d’une part et d’autre se mettent merveilleusement en tresgrant peine de y trouver paix par quoy ledit baron envoye saufconduit au chevalier de venir vers soy et luy demande que sur icelluy viengne sceurement. Le chevalier s’i fie et y vient/ mais quant ensemble ont parlé et que partir s’en veult le baron le fait arrester et dit que son prisonnier est Car dist il vous estes de guerre contre moy ce scet chascun/ si vous puis prendre a mon advantaige se je vous y treuve. L’autre respont qu’il ne peut par la vertu de son mesmes saufconduit/ Le baron replicque en disant. mon saufconduit que baillé vous avoye parloit de sauf venir/ mais du partir neant pource ne luy fay nul tort s’il le retient. Si te demande se le baron a bonne cause. Et sembleroit que ouy veu & consideré qu’il suffist entre ennemys tenir le contenu des lettres. Et puys que sy fol a esté le chevalier qu’il n’a sagement entendu s’il en porte la penitance/ ce n’est pas mal employé/ car il loist en fait de guerre si que toy mesmes l’a cy dessus tesmoingné en usant de cautelles pour decepvoir l’un l’autre/ si s’en garde qui pourra.

Je te respons bel amy que tu t’abuses en cest endroit/ car s’il estoit ainsy que tu dis trop d’inconveniens s’en pourroient ensuyvir. Et pource y a la loy pourveu/ qui deffent expressement que nul ne deçoive par parolles cauteleuses/ car cuideroies tu doncques que ung homme fust ouy en jugement pour dire j’ay vendu cent livres de terre pesant et semblablement d’autres telles choses te dis bien qu’elles ne seroient pas reputees en jugement fors trufferies/ & l’omme trompeur qui user en vouldroit en seroit pugni. Et pour ce a nostre propos l’omme ne se doit fier en telle lettre se elle n’est bien expresse de sauf venir/ sauf demourer et sauf en retourner et les autres circunstances/ et ne veult la loy que le malice du frauduleux deceveur prengne si estroictement la simplesse de l’omme qui y va de bonne foy. Si doibt estre entendu que le saufconduit est selon l’intention de celluy auquel on le donne/ par lequel se tient asseuré/ de sauf aller sauf demourer et sauf retourner/ ou autrement se ne seroit pas saufconduit Ains seroit une traïson couverte qui trop seroit a blasmer/ et telle en est la verité. Neantmoins peut estre que aucuns de fait sans nul droit ne sans quelcune raison en aient usé qui a leur tresgrant deshonneur et villennie debveroit tourner/ mais chascun n’a pas povoir de faire tout le mal qu’il feroit voulentiers.

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