L'art de chevalerie selon Vegece
Cy devise se ung seigneur envoye ung homme d’armes pour garnison d’aucune sienne forteresse sans ce que aucuns gaiges luy soient promis/ et il advient que en chemin soit destroussé. Auquel des deux peut demander ces interestz/ ou au seigneur qui l’envoye ou a celluy qui destroussé l’a. Item se ung homme d’armes est venu servir ung seigneur en sa guerre sans convenance de gaiges/ se le seigneur est tenu de le paier. x. c.
Autre demande te fais. Je suppose seigneur envoye ung chevalier en aucune sienne forteresse pour la garder sans ce que a luy face aucune convenance de gaiges ne de sauldees. Advient en chemin que a icelluy sont ostez par force ses biens son harnois et ses chevaulz/ auquel peut le chevalier par droit demander sa perte/ ou a celluy qui l’envoye ou a celluy qui l’a destroussé.
Je te respons qu’il les peut demander a l’un & a l’autre/ c’est assavoir a celluy qui l’envoie peut faire demande par action de violence et de fait/ mais se le premier les luy restitue. Il est tenu de luy delaisser l’action & droit de la demande que a l’autre eust peu faire par vertu de quoy le peult faire convenir Or me dy derechief ung baron a certaine [guerre]/ a l’aide duquel ung chevalier par sa courtoisie sans ce que requis en soit vient en sa compaignie et aide. Je te demande se icelluy apres le service peut demander gaiges ne saudees s’il lui plaist Car il sembleroit que non/ car pour quoy il n’y estoit pas appellé/ & sembloit que son entente fust de servir par courtoisie.
Ad ce je te respons que s’il n’est de son lignage ou que grandement tenu y soit ou que par charité venu y fust sans faulte il peut courtoisement faire demande pour son vivre et estat tenir s’il lui plaist/ car le droit dit que nul n’est tenu soy armer a ses propres despens/ sy doibt suffire au seigneur qu’il ait eu le secours de l’autre/ et de tant que plus franchement y est venu/ tant plus y est tenu. Si lui doibt satisfation de gaiges ou d’autres biens faitz.