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L'art de chevalerie selon Vegece

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Encore de ce mesme parle cy ensuivant comme vous orrez. xiiii. chapitre.

Avec les choses dessusdictes dessus toutes choses le bon capitaine se il veult mener fait de guerre selon droit et justement vers dieu et la grace du monde/ doibt sy bien ses gens paier que besoing ne leur soit de vivre de pillage sur terre d’amis. Et par celle voie ne pourra pas avoir l’ost nul deffault.

Peril est en fait de guerre et en ost quant couvoitise de pillage maine les gens d’armes plus que ne fait l’entente de garder le droit de leur perte ou l’onneur de chevalerie/ et pour los acquerre et telz gens doivent mieulx estre appellez pillars et robeurs que gens d’armes ne chevalereux. Et de ce bon exemple monstrerent les gaules quant ilz eurent vaincus les rommains a grant ost et a bataille sur la rive de Rosne et tresgrans proyes sur eulx gaignes Mais en signe que de ce ne faisoient nul compte/ et que la n’estoit pas leur intention prindrent toutes les proies fust Destriers/ riches harnois/ vaisselle/ or/ argent/ et tout jecterent en la riviere/ Laquelle chose moult espouenta les rommains comme ceulx qui oncques mais ce n’avoient veu faire.

Doncques le sage capitaine bien pourveu es choses dessusdites ne se attendra pas du tout aux fourragiers pource que souvent ne treuvent que prendre/ si sera pourveu devant son partement non pas seulement de toute garnison : mais de tous vivres que bon charroy et fardeaulx aura fait porter avant soy/ bledz/ farinez/ vins/ chairs sallees/ feves sel/ vin aigre avec ung pou d’eaue a boire quant vin fault/ & toutes aultres choses convenables/ que sagement fera dispenser.

Derechief dit le livre d’armes que se l’ost doibt demourer grant temps au lieu/ & grant force d’ennemys a grant nombre actende. Le lieu doibt estre de tresbons fossez fortiffié de xii. piez de large et de ix. de parfont et que roides et droiz soient faiz du costé des ennemys & broches de fer & autres choses encombrans y soient fichés aumoins s’on y vouloit devaler. mais dist il se l’ost n’y doibt pas longuement demourer & que grant puissance d’ennemis n’attende il n’est nul besoing de si grant fortiffiement ains souffist assez se fossez on y veult faire qu’ilz soient de viii. ou ix. piez de large et de vii. de parfont. Et doibt le bon capitaine commettre bonnes gens d’armes avec trait pour les ouvriers garder tandiz que icelles cloisons & bastilles se font.

Pour toutes telles choses faire le sage capitaine sera tresbien pourveu de tous hostilz convenables/ de pelles ferrees/ de rateaulx de pics & de tous instrumens a bastir et tendre logis tentes et pavillons et trefz necessaires & de ouvriers qui de ce se scevent entremettre.

Vegece.

Nonpourtant dit vegece que gens d’armes doibvent eulx mesmes estre tous maistres de copper bois faire chemin par hayes et buissons/ bastir logis faire cloisons de merrien et ramilles/ doller ais pour faire pons/ emplir fossez de ramilles pour faire passaiges et faire eschelles et toutes telles choses se besoing est/ Et selon ledit acteur les anciens conquereurs menoient avec eulx forgeurs qui forgoient heaulmes et tous harnois cultifz a faire ars saiettes javelines et toutes manieres de harnois/ et estoit leur souveraine cure que tout ce dont on avoit besoing on trouvast en l’ost comme en une cité/ car le retour n’estoit pas souvent en leurs maisons. Ilz y menoient aussi mineurs qui savoient miner la terre pour seurprendre despourveuement les ennemis. Avec ce vegece devise les choses qui sont bonnes a garder pour tenir l’ost en santé se longuement y doit sejourner et cinq choses y assigne. C’est assavoir Lieu. Eaue : temps : medicine/ et exercite Lieu qui ne soit d’emprez paluz ne marez fumeuz. Eaue qui ne soit malsaine orde ne corrumpue en fosse plaine de vermines. Temps que en esté ne soient aux grans chaleurs sans umbre des arbres & pavillons et que deffaulte ilz n’aient de bonne eaue pour eulx et leurs bestes. Medecine que doivent estre garnis de tous mires et de bons medecins et toutes choses qui a malades conviennent tout ainsi que s’ilz fussent en une cité. Exercite c’est que tant s’acoustument a suffrir peine et traveil et dures gestes quant vient a la necessité de maladie par la non acoustumance ne leur courre sus. Si sont ceulx convenables en bataille qui sont tous duis : et aussi acoustumez de endurer froit/ chault/ dure giste et aspre vie/ car nul riens ne leur peult advenir qu’ilz n’aient paravant essaié Ainsi et par ceste guise selon vegece le sage capitaine fera bastir ses logis esquelz par ordre establira ses capitaines avec leurs gens soubz divers estandars et banieres ainsy qu’il doibvent aller en bataille par la forme qu’il leur aura ordonné/ & il au milieu avec les siens sera avec son estandart dressé en hault.

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