L'art de chevalerie selon Vegece
Cy devise se on doibt faire mourir ung capitaine d’ost ou autre grant homme d’armes en fait de guerre & s’il doit estre au prince/ et se c’est chose de droit de faire paier a ung homme raençon pour sa delivrance. xxi. chapitre.
Maistre puis que entrés sommes au propos des prisonniers en fait de guerre. Je te demande s’il advient que le capitaine soit prins ou aucun hault homme qui a la partie qui prins l’a/ ait esté fort nuysant et pourroit encore estre s’il eschappoit se selon droit on le peut ou doit faire mourir/ car par loy de nature sembleroit que ouy/ comme il soit vray que toute chose tente a destruire son contraire.
Chier amy je te respons que quoy mesme la loy civile die que celuy qui est prins en bataille est cerf et esclave de celluy qui le prent ne doibt pas estre occis/ car le decret afferme que depuis que ung homme est en prison misericorde lui est deue/ dont se deue lui est misericorde comment pourroit il estre occis sans ce que tort luy fust fait Et encore te diray plus fort.
Ung autre decret dit puis que ung homme a vaincu ung autre/ il est tenu de luy pardonner le mesfait et par especial de luy rendre la vie/ si te dy bien que c’est contre tout droit et toute gentillesse de occir celuy qui se rend/ & te dy que les parens en pourroient poursuivir comme de tort fait/ s’il n’estoit ainsi que le prince l’ostast des mains de celluy qui l’auroit prins & que par bonne et juste cause s’il l’avoit bien desservy et que conseil eust que grant mal pourroit venir a luy et a sa terre de le laisser aller/ le fist mourir en autre usage seroit chose tresmerveilleuse et moult inhumaine et trop grant cruaulté.
Et se tu me dis que les anciens avoient loy que s’il leur plaisoit de faire mourir leurs prisonniers ou les vendre a autres/ ou leur faire faire leur labour.
Je te respons que entre cristiens desquelz la loy est du tout fondee sur misericorde et pité ne loist pas user de tel tirannye. Car selon nostre loy ce sont choses excommuniees et reprouvees.
Or te forme autre question c’est assavoir a qui le prisonnier doibt estre ou au seigneur ou a celluy qui l’a prins/ car il m’est advis que cy devant as bien dit que une loy tesmoingne que le prisonnier est a la voulenté de cellui qui le prent/ & puis que a sa voulenté est dont sembleroit il qu’il fust sien.
Bel amy il semble que tu ayes oublyé ce que par cy devant t’ay dit. Si te dis derechief que quoy que voirement soient de divers maistres plusieurs oppinions pro et contra en ce cas Neantmoins est conclud que toutes proyes prinses si que ja pieça t’ay dit doibvent estre en la voulenté du prince/ auquel il appartient les distribuer selon discretion.
Bien t’entans maistre. Or me dy puys que ainsy est que nous cristiens avons laissé les loix anciennes de mettre en servitude ou occir les prisonniers. Je te demande se justement on peut demander finance d’or d’argent ou autre meuble selon ce que on use en fait de guerre communement/ car se bien m’en souvient tu as cy devant dit que au prisonnier est deue misericorde/ & on luy fait doncques tort de luy faire paier raençon comme on ne luy face nulle misericorde.
Je te respons derechief que voirement lui est deue misericorde en deux manieres/ c’est assavoir que la vie luy doibt estre respitee Et plusfort te dy que le maistre est tenu par droit et obligé de faire ayde et deffendre a son prisonnier contre ung autre qui le vouldroit offencer.
Item avec ce luy est deue misericorde en telle maniere que s’il estoit possible que ung homme d’armes eust tout son vaillant sur soy a l’eure que il est prins tout peut estre au maistre s’il ne luy fait aucune misericorde/ mais de droit escrit il luy doibt faire tellement que en prenant raençon de luy laquelle chose est previse en droit d’armes par especial une nation contre une autre nation quant ilz se combatent sicomme une nation de françoys & l’autre nation d’angloys. Et doibt estre regardé par raison que la raençon ne soit si cruelle que l’omme en soit desert/ femme et enfans mis en povreté/ car autrement ce seroit tirannie et contre tout droit d’armes/ car il n’appartient pas que le gentil homme soit mendiant apres sa raençon Ains luy doibt demourer de quoy vivre et son estat tenir Bien fait a priser l’usance d’italie esquelles guerres quant l’omme d’armes est prins ne pert de commun usage que son cheval & harnois/ sy ne luy fault vendre sa terre ne soy desherter pour sa raençon paier. Si peus veoir en quelle maniere raençon convenable est juste selon le droit d’armes/ laquelle est permise/ mais de mettre l’omme en mauvaise prison et le contraindre par tourmens a paier plus qu’il ne peult est erreur inhumaine et fait de mauvais tirant crestien pire que juif. Et si sachez de vray que ce qu’il en a par celle voye est tresmauvaisement acquis et est tenu de le rendre ou c’est a sa damnation si s’en garde ung chascun.
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