L'art de chevalerie selon Vegece
Cy devise se ung homme d’armes estant a gaiges estoit destroussé en quelque chemin s’il pourroit demander par droit au seigneur de par qui il a esté envoyé ses dommaiges. xvi. chapitre.
Maistre a nostre propos me semble par ce que m’avez cy devant conclud/ c’est assavoir que se ung chevalier ou aucun homme d’armes envoyé d’aucun seigneur pour garnison d’aucune forteresse/ sans que convenances de gaiges ne de sauldees luy soient faictes et il advient que en chemin soit destroussé/ se audit seigneur quil l’a envoyé peut par droit s’il luy plaist faire demande de restitution. Et certes je vueil faire encore autre question. Je suppose que ung capitaine de lombardie ou d’autrepart ainsy que autresfoys on a fait venir en france eust avecques soy amené cent ou deux cens bons brigans si fut luy & sa compaignee retenu chascun a cinq francs pour le moys/ & envoiez en certain lieu/ auquel chemin fut par ses ennemys assailly ou il perdit ses places son harnoys et ses choses/ & ses compaignons leurs cuirasses leurs pavaix & toutes leurs bagues Je te demande s’ilz pourroient demander au roy leur dommaige.
Ad ce je te respons que non au cas que autre convenance n’y auroit/ et ne pevent demander que ce qui leur fut promis/ & se tu me veulz demander pour quelle raison le capitaine n’a aussy grant accion de demander au maistre qu’il l’envoye comme dit est. Je te dis pour ce que la loy porte plus grant faveur a cellui qui pas n’est lyé & est mys en besoingne que a cellui qui se lye/ & par exemple le peus veoir de ung homme qui aura demouré avecques ung marchant ou autre homme an & jour sans ce que par marchié fait se soit loué. Il peut faire trop plus grant demande des biens de l’ostel et de la marchandise/ s’il n’y a aucune autre certaine cause/ que ledit maistre s’excuse que celluy homme qui loué seroit par marchié fait/ & pource te dis que l’omme n’est pas bien advisé qui prent aucun pour residamment demourer en sa maison/ s’il ne fait avecques luy aucun marché absolut/ car la loy presuppose l’omme ainsy demourant comme compaignon du maistre ainsy que a gaigne et a perte.