L'art de chevalerie selon Vegece
Cy devise les manieres que tenoient les haulz et nobles chevalereux duitz a duire et enseignier leurs enfans en la doctrine des armes. ix. chappitre.
Doncques les anciens nobles qui par haultesse de courage desiroient que tousjours fut continuee l’excercite des armes afin que la chose publique de leurs seigneuries et citez fut mieulz augmentee et deffendue. Ne faisoient il pas nourir leurs enfans aux cours des seigneurs oyl mais non pas pour apprendre orgueil pompes ne beubans ains afin que en parfait aage peussent servir le prince ou la contree de l’office qu’il appartient aux nobles et avoient de coustume que des l’aage de. viiii. ans faisoient enseigner leurs enfans et duire en toutes les choses qui a armes et fais de guerre et de chevalerie appartient et est assavoir qu’il y avoit propres escoles et certains lieux esquelz on les enseignoit des adoncques a porter les harnois et a eulz en savoir aider. Et pour ce veult dire vegece ou il parle a ce propos ou. iiii. chapitre de son premier livre que les nobles se doivent pener de enseigner leurs enfans des leur premiere jeunesse en l’amour des armes. Car le jeune enfant est habille a retenir ce que on lui monstre. et naturellement se excercitent enfans voulentiers et liement saillant et jouant en mouvant leurs corps si leur doibvent adonc estre enseignés les tours de isnellité de fraper des bras et guenchir contre les coups qui de travers pevent venir saillir fossez lancer dars et lances eulx couvrir de l’escu et toutes telles choses Et leur monstroient comment en gectant dars ou lances meissent le senestre pié avant pource que en lançant ce que on veult ou en gectant le corps en est plus ferme et la force de gecter plus grande. Mais quant vient a pouser main a main des lances les duisoient a mettre le pié dextre avant pource que la force de bouter est a la senestre partie. Et pour mieulx les duire en toutes ces choses de assaillir et de combatre les mettoient mesmement les maistres aucunesfois en bataille arrengez afin que l’ordre de bataille sceussent par usage/ Et tous armez les faisoient aller a pié cantité de pas pour les duire a eulx tenir en ordonnance serrez et joinctz ensemble sans desrouter/ et de bastons legiers au premier afin que blesser ne se peussent les faisoient envaÿr les ungs les aultres. et afin que a celle cause ne peust estre nourrie aucune rancune ceulx qui avoient esté vainqueurs mectoient a l’autre fois compaignons avec les vaincus/ puis les ordonnoient a garder certaines places si que ce se fussent chasteaulx les ungs contre les autres.
Apres quant leur force croissoit pour tousjours continuer l’usage de lever les bras en portant/ et souffrir traveilles faisoient avec espees haches & tous bastons de guerre efforcer contre piez fichez en terre/ Et contre ces piés comme se ce fussent leurs ennemis s’essaierent les apprentis d’armes et assailloient puis a la teste puis aux costez/ puis a dextre et a senestre/ puis plus bas frappoient en assaillant legierement et ça/ et la/ comme c’ilz guenchissent/ et en ceste maniere d’assault apprenoient force et alaine d’assaillir et affait que force leur croissoit & aage leur estoit baillee plus grant charge/ et mesmement plus pesantes armeurez et bastons quant en aage estoient que ceulx de guerre afin que ceulx de guerre leur semblassent apres plus legiers/ Si les apprenoient a ferir d’estoc. Et furent les rommains les premiers qui misrent sur cellui usage/ car ilz se moquoient de ceulx qui frappoient de taille : en disant que a peine povoit on occire pour cause des os qui sont durs et retiennent le cop/ mais d’estoc est la playe mortelle s’il entre seulement au chief ou au corps deux doigtz de parfont/ et pour la raison aussi que le combatant de taille en hauçant les bras se desnue et descueuvre au dextre costé : et ce ne fait pas cellui qui fiert d’estoc. Ains en frappant se serre et tient clos et peult blecer ains que l’autre ait les bras levez. Et avec ce les duisoient a porter tous armez fardeaulx pesans pour mieulx aprendre a porter grant charge a celle fin que ce besoing leur fust qu’ilz peussent porter avec eulx mesmement leur vivre. Et pour ceste introduction confermer/ dit vegece ad ce propos que riens n’est grief qui par long usage l’a aprins/ Ne si pesant fardel que par division ne semble bien legier.
Virgille.
Et semblablement conferme virgille icellui usage/ ou il dit que les vaillans rommains portoient ce qui leur estoit necessaire avec eulx a tout la charge des armes.
Oultre ces choses y avoit chevaulx de bois sur lesquelz leur apprenoient a saillir tous armez les lances au poing. ramper gravir a cordes legierement contre les murs/ eulx mesmes faire eschelles legieres ou grans cordes noees et ramper contremont.