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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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DE LA JOUISSANCE CHASTE

L’âme qui a été au-devant du Christ sent la douceur, et de cette douceur naît une jouissance chaste qui est l’embrassement de l’amour divin serrant le fond de l’âme. Or, prenez toutes les voluptés de la terre, fondez-les en une seule volupté, et précipitez-la tout entière sur un seul homme, tout cela ne sera rien auprès de la jouissance dont je parle ; car ici c’est Dieu qui coule au fond de nous avec toute sa pureté, et notre âme n’est pas seulement remplie, mais débordée. Cette expérience est la seule lumière qui puisse montrer à l’âme l’épouvantable misère de ceux qui vivent sans amour. Cette jouissance fait fondre l’homme, il n’est plus maître de sa joie.

Cette joie produit l’ivresse d’esprit. J’appelle ivresse d’esprit cet état où la jouissance dépasse les possibilités qu’avait entrevues le désir. Quelquefois la surabondance de joie pousse à chanter, quelquefois à pleurer. Quelquefois, pour soulager le transport, l’homme demande secours au mouvement, quelquefois aux cris, quelquefois au profond silence des délices brûlantes et muettes. Quelques-uns disent : Mais les autres hommes ne sentent-ils pas Dieu ? D’autres disent : Jamais, jamais, jamais la créature n’a senti ce que je sens. Il y en a qui s’étonnent que le monde entier ne prenne pas feu. Il y en a qui se demandent quelle est cette jouissance et d’où elle part : Que m’est-il donc arrivé ? Le corps lui-même ne peut éprouver en ce monde un plaisir plus délicieux. Quelquefois il semble que l’âme va éclater. Au milieu de la stupeur un acte naît, c’est l’action de grâces… Seigneur, je ne suis pas digne…, mais j’ai besoin de cette bonté immense… Alors vient l’humilité qui est le point de départ de l’homme, et l’homme va monter à un état plus haut.

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